Sawsan Raslan
Sawsan Raslan est d'origine syrienne et est convaincue du pouvoir du changement. Elle fait partie de I&C depuis et est responsable pour la gestion financière de la conférence Leadership créatif.
Sawsan Raslan est d'origine syrienne et est convaincue du pouvoir du changement. Elle fait partie de I&C depuis et est responsable pour la gestion financière de la conférence Leadership créatif.
Angela Starovoytova est facilitatrice de dialogues et formatrice pour une communication effective.
Gabriele Segre est le directeur de la Vittorio Dan Segre Foundation (Suisse).
Morenike Onajobi a connu I&C Suisse en 2012 grâce au théâtre Intermission Youth. A partir de 2016, elle a fait partie de l'équipe de direction du Programme de Caux pour la paix et de leadership. En tant que formatrice, Morenike est spécialisée dans l'introspection personnelle et le développement du leadership.
Vivek Asrani travaille pour l’entreprise familiale depuis 35 ans et est actuellement le directeur de Kaymo Fastener Company en Inde. Après avoir obtenu son diplôme en science, il a poursuivi des études de droit. Il était membre du comité exécutif de l’AIESEC de 1986 à 1989 et le président fondateur de l’Association of Youth for Better India (AYBI) de 1990 à 1993. Il a découvert I&C en 1992 et en est un membre actif depuis 1995. Il fait actuellement partie du conseil d’administration d’I&C Inde.
Nazrene Mannie est la Directrice exécutive de GAN Global.
Cliquez ici pour lire l'entretien avec Nazrene dans notre série "Mon expérience d'apprentissage".
Alors que le confinement et les restrictions de voyage liés à la pandémie commencent lentement à s'atténuer et qu'un retour à la vie normale semble se rapprocher, nous nous trouvons à un moment critique. Notre façon d’agir sera déterminante pour l’environnement La propagation du nouveau coronavirus a mis en lumière certains des effets à long terme des pressions exercées par l'homme sur la nature et il nous appartient de faire le bon choix pour préserver notre planète dans la réalité post-pandémique.
Il n’existe aujourd’hui aucun doute quant à la contribution du confinement mondial à l’assainissement de l'air et à l’accélération des innovations dans les chaînes d'approvisionnement alimentaire et dans le secteur des soins de santé. Le virus a également suscité des critiques croissantes à l'égard du commerce mondial des espèces sauvages (qui, selon le Fonds mondial pour la nature, WWF, représente environ 20 milliards de dollars par an). Ce commerce nous met en effet en contact avec des animaux et des habitats auxquels nous n'étions pas exposés auparavant. Selon le Dr Ben Embarek, du département de la nutrition et de la sécurité alimentaire de l'Organisation mondiale de la santé, le nombre de maladies jusqu'alors inconnues liées à de nouveaux contacts entre les humains et les animaux est en augmentation. Il conseille de réglementer davantage le commerce des animaux sauvages afin d'éviter que des crises sanitaires similaires ne se reproduisent à l'avenir. Une telle réglementation serait également une étape essentielle pour préserver la biodiversité et protéger les animaux menacés par le commerce illégal. Au moment où nous écrivons ces lignes, des interdictions temporaires ont été décrétées en Chine : une grande victoire pour les personnes qui défendent les droits des animaux.
Ces effets positifs, en particulier la diminution des émissions de carbone et de gaz à effet de serre, peuvent servir de tremplin à de futures politiques durables, mais ce ne sera pas facile. Selon Kimberly Nicholas, chercheuse en sciences de la durabilité à l'université de Lund en Suède, les recherches en sciences sociales montrent que les interventions sont plus efficaces en période de changement. Cela suggère que le moment est venu - à un moment critique de l'histoire - d'intervenir en faveur de l'environnement. Mais la fermeture du monde, à l'exception du secteur de la santé et des entreprises essentielles, qui s’accompagne de l’immobilisation de l'économie, entraîne une grande incertitude et un profond malaise. Lorsque les nuages se dissiperont enfin, les gouvernements s'attacheront immédiatement à relancer l'économie et à remettre les industries sur les rails pour éviter de prolonger la plus grande récession mondiale depuis la crise financière de 2008. Cette situation met en péril la politique à long terme en matière de changement climatique, qui risque d'être reléguée au bas de la liste des priorités politiques.
De nombreux expert-e-s affirment que l'impact à long terme de la pandémie sur le climat dépendra de la manière dont les pays et les entreprises réagiront à la crise économique une fois les restrictions levées, car les politiques visant à éviter le changement climatique nécessitent des changements majeurs au niveau des infrastructures et de la société. L'Agence internationale de l'énergie a déclaré que les conséquences du virus affaibliront les investissements dans les énergies propres et les efforts de réduction des émissions. Elle a également ajouté que les gouvernements ne tiendront très probablement pas compte du réchauffement climatique dans leurs plans de relance pour l'économie. Jacqueline Klopp, codirectrice du Centre pour le développement urbain durable de l'Université de Columbia à New York, souligne cependant que la pandémie pourrait être un signal d'alarme pour les politicien-ne-s et les gouvernements, qui devraient prendre conscience que d'autres menaces pour l'humanité, dont le changement climatique, pourraient être tout aussi dévastatrices et qu'il est essentiel de mettre en place des mesures de protection dès maintenant.
Il ne fait aucun doute que le développement économique qui intègre la durabilité à long terme nécessite un certain nombre de changements infrastructurels, que nous soyons ou non en récession. Mais en cette période où nous pouvons constater les effets – et les avantages - des pratiques plus durables (bien que dans des circonstances que personne n'a demandées ou attendues), la pression pour agir est critique. Le professeur Paul Monks, spécialiste de la pollution atmosphérique, affirme que les améliorations que nous avons déjà constatées - surtout en ce qui concerne la qualité de l'air au niveau mondial - nous obligent à réaliser que nous avons un énorme potentiel pour ce qui est des changements que nous pouvons apporter à nos modes de vie et à nos habitudes de travail. Les réponses communautaires et la pression exercée sur les gouvernements locaux et nationaux peuvent s'avérer cruciales. Voulons-nous revenir au statu quo et continuer à augmenter les risques à long terme pour l'humanité, ou voulons-nous nous lancer dans la difficile mais temporaire tâche de modifier les infrastructures afin de mettre notre planète et les générations futures sur une voie meilleure et plus verte ?
Comment pouvons-nous créer un meilleur système qui soit juste pour les personnes et respectueux de la nature ? Quel rôle l'innovation y jouera-t-elle et comment la société civile et les décideurs et décideuses politiques peuvent-ils et elles influer sur ce changement ? Nous pensons que nous devons profiter de cette crise pour opérer un changement systématique pour les personnes et pour la planète.
Nous traiterons de ces questions et d'autres sujets lors de notre Dialogue de Caux sur l'environnement et la sécurité, qui se déroulera en ligne du 1er au 4 juillet 2020. Rejoignez notre communauté si vous voulez participer à ce changement !
Karina Cheah est stagiaire en communication à I&C Suisse, où elle participe également au Dialogue de Caux sur l'environnement et la sécurité et à l'Académie d'été sur les terres, la sécurité et le climat.
Irina Fedorenko est la Directrice opérationnelle du Dialogue de Caux pour l'environnement et la sécurité.
Danièle Castle est Directrice générale de l'éducation et des talents chez digitalswitzerland.
Cliquez ici pour lire notre entretien avec Danièle dans la série "Mon expérience d'apprentissage".
La crise COVID-19 est un défi mondial pour les personnes du monde entier et de tous horizons. Découvrez l’entretien que nous a consacré Andrew Stallybrass (Royaume-Uni/Suisse). Il nous parle de la façon dont il vit la situation actuelle et les leçons qu'il a tirées de son confinement. Andrew travaille pour Initiatives et Changement depuis de nombreuses années et vit actuellement à Caux, en Suisse, avec sa femme Eliane.
Quel impact la pandémie de COVID-19 a-t-elle sur votre vie ?
Cela peut paraître surprenant, mais la pandémie n’a que peu d’impact. Ma femme, Eliane, et moi avons plus de 70 ans et faisons donc partie des personnes dites « à risque ». Mais Caux est un bien bel endroit pour être confiné.
Décrivez en trois mots comment vous vous sentez en ce moment ?
Je suis préoccupé, inquiet, mais aussi optimiste.
Quel est votre plus grand défi actuellement ?
Poser des priorités. Que devrais-je faire maintenant ? Je suis censé être à la retraite, mais j'ai tellement de choses à faire, de livres à lire, de travail. Ma femme et moi sommes tous deux très impliqués dans la mise en place d’une nouvelle plateforme consacrée à l'histoire du Réarmement moral et d’I&C, une sorte de Wikipédia. Et ça, c’est un sacré défi !
Qu’est-ce que cette période vous a appris ?
Nous avons été pendant longtemps épargnés et sommes aujourd’hui encore privilégiés. Depuis deux ou trois générations, dans notre petit coin de paradis, nous avons vécu sans menace majeure qui ne puisse être contrôlée. Actuellement, nous sommes revenus à une situation plus classique : la plus grande partie de l'humanité a longtemps dû vivre avec la peur de la peste, de la guerre, des catastrophes naturelles… Notre richesse et nos connaissances scientifiques, aussi grandes soient-elles, ne peuvent pas toujours nous protéger de tous les dangers.
Pratiquez-vous la réflexion en silence ? Le cas échéant, comment faites-vous, et comme cette pratique vous aide-t-elle ?
Oui, je m’adonne à la réflexion en silence presque tous les matins, et ce depuis plus de 50 ans. Une lecture quotidienne d'un livre ou d'un texte qui m'inspire, m'encourage, m’interpelle. Des moments d'inspiration très rares : le sentiment que quelque chose de plus grand que moi, qui me dépasse, essaie de me donner de nouvelles pensées, idées, inspiration. Beaucoup plus souvent, un simple sens des priorités de la journée. Un ami que je souhaite contacter. Une lettre ou un e-mail à écrire.
Quels sont vos meilleurs conseils pour lutter contre l'anxiété, la solitude, l'incertitude (selon ce qui vous préoccupe le plus) ?
Penser aux autres et se remettre au travail.
Comment se rapprocher des autres et les soutenir alors que nous devons vivre reclus ?
Il suffit de se connecter. Quels outils étonnants nous avons de nos jours à notre disposition, avec Skype et Zoom, le courrier électronique et les téléphones portables !
Qu'est-ce qui vous a fait rire aujourd'hui ?
Je n'ai pas encore ri aujourd'hui. Mais il y a eu beaucoup de rires et de moments amusants. Nous avons appris que l'un de nos deux chats aime se promener avec nous (une promenade de 35 minutes dans la forêt près de chez nous). Hier, nous avons croisé une famille qui a été absolument étonnée de rencontrer un chat suivant ses maîtres...
Comment aimeriez-vous sortir de cette crise ?
Plus en paix avec moi-même et avec le monde. Plus optimiste pour l'avenir de cette précieuse et fragile planète.
De quoi êtes-vous reconnaissant ?
Je suis reconnaissant du message d’I&C : « Bâtir la confiance au-delà des divisions du monde. » Je n'étais pas un grand fan de ce slogan lorsqu’il a été lancé. Pour moi, il ne saisissait pas l'essence de ce que nous sommes censés être. Maintenant, je suis beaucoup plus convaincu ! La confiance est tellement indispensable à la démocratie et au bon fonctionnement de la société humaine. Et la confiance est menacée, partout dans le monde. Les fausses nouvelles, les rumeurs, les mensonges... On entend souvent dire : « Ils ne nous disent pas la vérité... Ils nous cachent des choses... Nous ne savons pas vraiment... » J'ai de la chance de vivre dans une démocratie, avec une presse libre, alors oui, j'ai confiance en notre gouvernement. J'ai confiance en Alain Berset, notre ministre de la Santé. J'ai confiance dans le gouvernement fédéral. J'ai confiance en ce qu'ils me disent ou nous disent. Je leur fais d'autant plus confiance quand ils disent ne pas tout savoir, que nous sommes tous confrontés à une maladie et à une situation nouvelles, inattendues. J'ai confiance que collectivement, nous apprendrons comment nous aurions pu mieux faire, et comment nous ferons mieux la prochaine fois - parce qu'il y aura probablement une prochaine fois. J'ai confiance de pouvoir, en tant qu’individu, au même titre que notre pays, notre continent, notre monde, compter sur une sagesse et un amour plus grands et rassembleurs, capables de nous amener dans une communauté plus large, où chaque personne compte, est chérie et respectée, et peut avoir un rôle dans la construction d'un avenir meilleur pour nous toutes et tous.
Entretien par Karina Cheah
Daniel Clements, le coordinateur de l’édition 2020 de Leadership créatif, n'aurait jamais rejoint Initiatives et Changement si son père ne lui avait pas conseillé, l’année dernière, de participer au Programme de Caux pour la paix et le leadership (CPLP). « Il était persuadé que le CPLP était fait pour moi, » confie Daniel Clements, actuellement assistant pédagogique au Pays de Galle, sa région d’origine.
Cette énergie si particulière qui caractérise Caux a eu un grand impact sur Daniel et sur la perception qu’il avait de lui-même. Il était étonné de voir à quel point les personnes présentes pouvaient être ouvertes et il était décidé à suivre cet exemple. Un an plus tard, Daniel Clements continue à réfléchir aux changements qu'il souhaite apporter à sa vie, mais pour lui, cette expérience l'a déjà aidé à communiquer davantage, à faire confiance aux autres et à être plus ouvert. « C'est un voyage qui est loin d’être terminé, mais qui me permet d’avancer comme jamais auparavant, » confie-t-il.
Avant de venir à Caux, Daniel avait passé sept ans comme bénévole auprès des Cadets de l’Air, mais depuis peu, la magie n’opérait plus. « Ce n'était plus l'endroit où je voulais être ou où qui me donnait un but, »explique-t-il. Encore marqué par ce constat, il se rend à Caux et découvre toutes ces choses auxquelles il peut se consacrer. Fort de cette expérience, il reconnaît qu'il est temps de changer et décidé d'explorer l'expression de soi en s'impliquant davantage dans une troupe de théâtre. « C'est l'une des meilleures décisions que j'aie jamais prises, » ajoute-t-il.
De tels changements peuvent sembler d’ordre purement personnel, mais, comme le dit Daniel, « la seule chose que vous pouvez vraiment changer, c'est vous-même. » « Plutôt que de vous orienter vers la « bonne » façon de faire quelque chose, » ajoute-t-il, « l'approche de la CPLP en matière de dialogue ouvert et d'autoréflexion vous permet d'être plus honnête avec vous-même et avec les autres. Vous changez votre façon de voir les choses et l'approche que vous en avez, ce qui a un impact plus fondamental. » En se changeant soi-même, on voit les choses sous un jour nouveau, ce qui insuffle de nouveaux changements. » Cet état d'esprit a non seulement incité Daniel à apporter ces changements dans sa vie personnelle, mais aussi à s'engager davantage auprès d'I&C Suisse en prenant cette année la tête de la conférence sur le Leadership créatif
Les participant-e-s au CPLP de l'année dernière ont lancé le Leadership créatif (CL), une conférence destinée aux ancien-ne-s de la CPLP, et dont l’objectif est de découvrir un modèle, un outil utile pour le développement de projets qui cherchent dans leurs communautés à apporter une solution à un problème avec une approche locale, nationale ou encore internationale. En raison de la pandémie de COVID-19, le CL a réfléchi au format numérique qu’il peut adopter et propose une conférence plus accessible et plus flexible incluant des groupes de dialogue, des temps de silence, des webinaires et des bibliothèques humaines. Guidés par les valeurs d'I&C ces événements s'appuieront sur le partage d’expériences qui sont autant de méthodes d'apprentissage pour maintenir autant d'interaction que possible. Daniel s’est montré enthousiaste à l'idée de travailler avec d'autres ancien-ne-s de la CPLP pour donner naissance à un cadre dans lequel ils et elles pourront plus facilement se soutenir mutuellement et créer le changement. En tant que directeur du programme, Daniel endosse un rôle clef et confie « Pour moi, cela a beaucoup de sens de travailler avec toutes ces personnes incroyables venues du monde entier. »
De Karina Cheah