Burim
Burim est l’un de ces enfants demandeurs d’asile filmé par Manuela Frésil. Il a 4 ans lorsqu’il arrive en France avec ses parents et son frère de 8 ans. Sa famille appartient à la minorité albanaise en Macédoine et n'a pas obtenu l'asile.
Burim est l’un de ces enfants demandeurs d’asile filmé par Manuela Frésil. Il a 4 ans lorsqu’il arrive en France avec ses parents et son frère de 8 ans. Sa famille appartient à la minorité albanaise en Macédoine et n'a pas obtenu l'asile.
En 2015, Manuela Frésil part à la rencontre de familles vivant dans les rues d’Annecy. Peu à peu, la confiance s’instaure, et Manuela Frésil réalise le film « Le bon grain de l’ivraie », un documentaire qui nous plonge avec une grande humilité dans le quotidien et les difficultés de ces familles. Ce documentaire nous invite à suivre pendant une année ces enfants migrants ou demandeurs d’asile, au gré de leur déménagement, d’auberge de jeunesses en centre d’hébergement.
« Je suis conscient-e de l’impact du numérique sur mon quotidien. D’accord ou pas d’accord avec cette phrase ? » demande au public Rainer Gude, responsable partenariats auprès d’Initiatives et Changement (I&C) Suisse. Les participant-e-s réfléchissent, puis se déplacent en majorité vers le milieu des escaliers d’Uni-Mail, plutôt vers la droite, pour manifester leur accord. C’est ainsi que démarre la session interactive d’I&C Suisse dans le cadre de la journée suisse du digital le 3 septembre 2019.
L’édition genevoise des festivités, co-organisée par l’Université de Genève, l’Etat de Genève, la HES-SO de Genève et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), avait pour thème « l’humain au cœur de la transformation numérique ». Partenaire de la manifestation, I&C a eu l’honneur de démarrer les festivités avec une session interactive où les participant-e-s ont pu suivre le quotidien de Fabrice, un personnage ultraconnecté dans sa vie personnelle, professionnelle et sociale, tel que conté par Christophe Barman, co-fondateur de Loyco SA. L’objectif était de créer un dialogue entre citoyen-ne-s et expert-e-s sur le rôle et l’impact du numérique au niveau de l’individu et de la société.
Les échanges portent tout d’abord sur le rôle des technologies au niveau individuel, le « smart me ». A l’instar de Fabrice avec sa montre connectée, sa dépendance aux réseaux sociaux et aux applications de téléphone, les personnes s’en remettent de plus en plus à l’intelligence artificielle (IA) pour prendre des décisions dans leur quotidien. L’expert présent, Jean-Henry Morin, professeur associé à l’Université de Genève, au Centre Universitaire d’informatique, souligne à ce sujet l’importance de la littératie numérique et de ce fait de l’éducation par le service public « pour apprendre à vivre avec le numérique ».
Fabrice est aussi accompagné et aidé à la maison par son assistante personnelle automatisée, Alexa. Le « smart home », avec ce type d’objets connectés, est une solution à la recherche de plus de confort, de rentabilité énergétique et de sécurité, explique Daniela Sauter de Resideo. Selon elle, le smart home « aide à avoir plus de temps pour être plus heureux ». Dans le public, on se soucie davantage de la protection des données et des récents scandales liés à ce type d’appareils. « L’évolution est en route » et la protection des données est une priorité, rassure Mme Sauter.
Dans la Genève fictive de Fabrice, la gestion de la circulation, de l’éclairage, des déchets et de la sécurité est optimisée grâce au numérique. La Genève de demain pourrait y ressembler. « La smart city », explique Patricia Solioz Mathys, directrice exécutive Smart City, SIG, « c’est comment utiliser les nouvelles technologies au service de la ville, du canton, d’un pays de demain ». Il est important que « chacun-e soutienne le système démocratique » pour maîtriser les enjeux de protection des données.
Enfin, les participant-e-s apprennent que le poste de Fabrice sera prochainement remplacé par un agent conversationnel automatisé. Selon Christophe Barman, 30 à 40% des emplois risquent de disparaitre pendant les cinq prochaines années chez Loyco SA. L’équipe a décidé d’anticiper les changements liés à l’automatisation de certains emplois en encourageant les collaborateurs et collaboratrices à réfléchir sur l’évolution de leurs métiers et à se former.
Avant de poursuivre sur la thématique du travail et du numérique dans la prochaine session, les participant-e-s sont à nouveau amené-e-s à se positionner sur les escaliers d’Uni-Mail au sujet des mêmes phrases qu’en début de session. On constate une certaine évolution au niveau de la conscience prise sur l’impact des nouvelles technologies sur la société.
A travers cet évènement, I&C a pu démontrer son expérience dans la création d’un espace de réflexion et de discussion entre les participant-e-s sur les nouvelles technologies, avec un apport thématique d’expert-e-s. « J’ai appris que c’était une méthode intéressante de facilitation et je vais m’en inspirer », partage une participante à la fin de l’évènement. « C’était intéressant de constater que les smart technologies peuvent être importantes pour une régulation d’énergie », réagit Mathieu Ghanipour, étudiant.
Christophe Girod est le directeur général de l’Hospice général depuis 2013. De 2005 à 2012, il a travaillé au Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme à Genève et comme représentant du Secrétaire général de l’ONU au sein de la Commission s’occupant du sort des disparus à Chypre. De 1986 à 2004, il a effectué plusieurs missions sur le terrain pour le CICR et a occupé différents postes au siège.
Brice Ngarambe est un réfugié burundais, arrivé en 2015 et aujourd’hui coordinateur de projets à l’Hospice général.
Intégration pour les réfugiés, par les réfugiés : Brice Ngarambé et Christophe Girod parleront du parcours d’un réfugié depuis son arrivée à Genève et des programmes d’intégration mis en place par l’Hospice général.
Disposer d’un espace sûr est la condition sine qua non pour favoriser le dialogue et bâtir une relation de confiance. Pourtant, j'ai participé à de nombreux événements qui se disaient sûrs, mais où je ne me sentais pas très à l'aise. Qu'est-ce donc qu'un espace sûr et que faut-il faire pour en créer un et s’assurer qu’il reste sûr ?
D’après l’Oxford Dictionary un espace sûr est « un lieu ou un environnement dans lequel une personne ou une catégorie de personnes peut être certaine qu'elle ne sera exposée ni à la discrimination, ni à la critique, ni au harcèlement, ni à toute autre blessure d’ordre émotionnel ou physique ». Pour créer un espace sûr, voici 10 conseils qui sont directement inspirés de mon expérience en matière de renforcement de la confiance au sein d'Initiatives et Changement Suisse :
1. Choisissez le lieu de la rencontre avec le plus grand soin. Ce lieu doit garantir la sécurité physique de tous et toutes les participant-e-s, être situé sur un territoire neutre et être approprié par rapport aux valeurs culturelles de chacun. Idéalement, cet espace doit également être dans un environnement naturel inspirant afin d‘aider les participant-e-s à se détendre et à se connecter avec eux/elles-mêmes et avec les autres. Le Centre de conférences et de séminaires de Caux, avec sa vue imprenable sur le Lac Léman et sur les Alpes suisses, est un exemple d’un tel espace.
2. Ayez conscience d’accueillir et de recevoir des individu-e-s. Prenez soin des participant-e-s pour qu'ils et elles se sentent chez eux/elles et puissent se concentrer sur le dialogue en cours. Pour notre événement annuel, le Caux Forum, c’est une équipe toute entière qui est chargée d’accueillir les participant-e-s à la gare et de mettre tout en œuvre pour répondre à leurs besoins, notamment ceux relevant d’un régime alimentaire particulier.
3. Assurez-vous que le groupe des participant-e-s soit inclusif et diversifié en termes de sexe, d'âge, de race, de religion, d'opinions politiques et de tout ce qui compte aux yeux des personnes présentes dans la salle, et cela afin qu’un grand nombre d’opinions puissent être partagées et acceptées. Il est utile de savoir à l'avance d'où viennent les participant-e-s et quelles sont leurs attentes ou leurs espérances. Il est également utile de s’appuyer sur des représentants locaux, des équipes et des partenaires de confiance. Initiatives et Changement Suisse a ainsi accès à un réseau mondial très ancré localement, grâce à Initiatives et Changement International.
4. Lorsque vous préparez l'événement ou le dialogue, n’oubliez pas d’en planifier soigneusement l'ouverture. Celle-ci doit être dénuée de tout préjugé et utiliser un langage et des concepts simples, accessibles et inclusifs qui parlent à l’humanité des participant-e-s et les incluent activement dès le début de la session. L’ouverture donne le ton et pose les bases pour permettre aux participant-e-s de construire des relations résilientes qui sauront résister aux tempêtes. De manière générale, Initiatives et Changement fait appel à des équipes de facilitatrices et de facilitateurs qui reflètent une certaine diversité et qui ont déjà participé ensemble à un processus de renforcement de la confiance. Cela leur permet de répondre aux différentes personnes présentes dans la salle, et de leur rappeler qu’il est possible de créer une relation de confiance entre des individus qui ont des personnalités et des origines différentes.
5. Posez des règles de base ou des lignes directrices qui seront ensuite de la responsabilité du groupe. Voici quatre catégories de règles à définir : le mode d'interaction et de communication entre les participant-e-s, la manière dont l'information est partagée à l’extérieur du groupe (en particulier pour ce qui concerne la confidentialité), les aspects pratiques qui rendront la réunion productive et les règles de prise de décision.
6. Prévoyez suffisamment de temps pour le dialogue ou l’événement. Il faut du temps pour que se développent des relations humaines et que la confiance s’installe. A une époque où les contraintes liées au programme et aux budgets tendent à rendre les réunions, les événements et les formations de plus en plus courts, des programmes de quatre semaines comme le Programme de Caux pour la paix et le leadership et le Programme Caux Scholars permettent aux participant-e-s de nouer des liens profonds qui durent des années, si ce n‘est toute une vie.
7. Amenez les conversations sur le terrain personnel afin d’éviter les généralisations, de favoriser l'empathie et de sensibiliser à l'interconnectivité humaine. En vous concentrant sur le relationnel vous pourrez bâtir une relation de confiance, laquelle pourra ensuite vous aider à avancer au niveau des enjeux. Initiatives et Changement utilise les outils de la réflexion silencieuse et du partage d'histoires pour créer un climat de compréhension et de confiance.
8. Créez un espace pour reconnaître le passé et endosser la responsabilité de l'avenir afin que les participant-e-s ne s'enlisent pas dans les vieux paradigmes et puissent aller de l'avant. Il est important de non seulement laisser de l'espace aux participant-e-s pour qu’ils ou elles puissent dire ce qu’ils ou elles ont à dire, mais aussi de paraphraser ou de « traduire » lorsqu’ils ou elles s'expriment d'une manière qui pourrait heurter les autres.
9. Accompagnez chaque participant-e individuellement avant, pendant et après l'événement. Cela signifie prendre le temps de marcher à côté d’une autre personne ; créer un espace où cette personne peut réfléchir à ses expériences et aux leçons qu’elle en a tirées et partager ses sentiments ; la soutenir dans des moments difficiles et célébrer avec elle ses succès.
10. Enfin et surtout, soyez conscient de votre propre posture et approche de la facilitation. Outre les compétences, les méthodes, l’ambition ou la motivation personnelles, ce qui compte est la capacité à être pleinement présent-e et à tenir l'espace avec amour, au service des participant-e-s. Il s'agit d'être plutôt que de faire, et cela exige un haut degré de conscience de soi et de désintéressement personnel, deux qualités qui ne peuvent se développer qu'avec le temps. Outre les quatre valeurs cardinales (l’honnêteté, l’intention pure, le désintéressement et l’amour) qui peuvent servir de guides à la facilitation, l'un des outils clés préconisés par Initiatives et Changement pour accomplir ce type de mission est la réflexion silencieuse.
Si vous voulez en savoir plus sur la facilitation de dialogues, reportez-vous à nos prochaines formations dans ce domaine qui se tiendront du 28 au 31 octobre 2019 à Genève.
Nous vous proposons également nos services et notre expertise en facilitation pour votre propre dialogue ou événement !
C’est après avoir participé en 2014 au Dialogue de Caux sur la terre et la sécurité (CDLS) que le climatologue allemand Hartmut Behrend a eu le courage de sortir de la bulle d’activisme international bien intentionné dans laquelle il vivait pour aller travailler sur le terrain au Mali.
À l’origine, Hartmut Behrend était venu au Caux Forum pour parler des liens entre l'adaptation au changement climatique et la résolution des conflits. Jusque-là, il avait toujours travaillé au niveau global en tant que membre d'une communauté internationale de scientifiques et d'activistes. Aujourd’hui, il dirige deux projets majeurs au Mali pour le compte de la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ). Ces deux projets ont pour objectif de mettre la question de l’adaptation au changement climatique sur l’agenda régional et local, et cela dans le cadre de l'engagement du Mali à respecter l'Accord de Paris de 2016 sur le changement climatique.
En effet, le Mali est un pays stratégique pour constater l'impact du changement climatique sur la sécurité. La principale préoccupation du pays en matière de sécurité réside dans le conflit entre éleveurs et agriculteurs sédentaires, lequel est étroitement lié à la problématique des ressources impactées par les changements climatiques et la dégradation des terres.
Lorsqu’il est arrivé au Mali, Hartmut Behrend a commencé par calculer la vulnérabilité de la masse terrestre de ce pays, tout en tenant compte de la densité de population et du mode de vie. Son intention était d’identifier les communautés les plus exposées au changement climatique, et il est effectivement apparu que les populations les plus vulnérables étaient celles qui vivaient en marge, entre l'agriculture sédentaire et l'élevage. Les conclusions de cette étude ont conforté l’hypothèse que Hartmut Behrend avait présentée à Caux, et selon laquelle la vulnérabilité causée par le changement climatique constituait une menace immédiate pour la sécurité.
Cette cartographie a permis à Hartmut Behrend et à son équipe de présenter au gouvernement et aux donateurs une stratégie proposant d'orienter les fonds disponibles pour la lutte contre le changement climatique vers les zones où les risques sont les plus importants.
Aujourd’hui, Hartmut Behrend cherche à promouvoir l'agroforesterie et l'agriculture durable dans les zones rurales du Mali, car, comme Patrick Worms du Centre mondial d'agroforesterie et lui-même l’avaient montré à Caux, il s’agit de deux réponses efficaces au changement climatique. Il sensibilise également la communauté internationale à l’impact des actions qu’il mène dans le pays. Il partage ainsi les solutions qu’il a développées en collaboration étroite avec les communautés locales, comme par exemple la construction de murs de pierre le long des courbes de niveau, ce qui prévient le ruissellement des eaux de pluie et l'érosion des sols ; ou encore la distribution de petits générateurs d'électricité dans les villages, pour éviter que les arbres ne soient coupés pour servir de bois de chauffage.
Le CDLS a été indispensable à la formation de l’approche qu’utilise Hartmut au Mali. En fait il est tellement occupé par la mise en œuvre de ce qu’il a appris à Caux, qu’il dit qu’il n’a même pas eu le temps d’y retourner. A court terme les objectifs d’Hartmut Behrend sont d'orienter le financement climatique vers les régions rurales, et d’accélérer la mise en œuvre de l'Accord de Paris par le Mali. Cette ambition se nourrit des travaux du CDLS, qui rappelle en permanence l'importance de la décentralisation et la nécessité de résoudre les conflits locaux afin de trouver des solutions régionales et, à terme, de développer une approche durable à la résolution des conflits à l’échelle nationale.
La mission d’Alan Laubsch est de restaurer ces « super-héros climatiques » que sont les forêts de mangroves. Le succès de sa mission passera – il en est convaincu – par la démocratisation de l'investissement dans notre capital naturel. Cela fait plus de vingt ans qu’il travaille dans la gestion des risques au sein de grandes institutions financières. Récemment, il a même créé le département « Marchés de capitaux naturels » au sein de Lykke AG, et il est l'un des co-fondateurs et principal stratège du venture studio GenBlue.
En 2017, Alan Laubsch participe au Dialogue de Caux sur la terre et la sécurité (CDLS). Il fait alors la connaissance d’Arne Fjortoft et de Bremley Lyngdoh, deux membres de la Worldview International Foundation (WIF) qui étaient en train de mettre en œuvre le premier projet de restauration de mangrove dans la région du delta au Myanmar. C’est en 2017 également qu’Alan Laubsch et son équipe rencontrent au Myanmar des participant-e-s du CDLS. Ensemble, ils créent le Global Mangrove Trust pour aider Arne Fjortoft à étendre son projet pilote de restauration de mangroves.

À la suite de cette rencontre, Arne Fjortoft et Bremley Lyngdoh utiliseront TREE (Heyerdahl Climate Pioneers), un token qu'Alan Laubsch a aidé à concevoir et qui est le premier token de blockchain à être soutenu par Blue Carbon et exclusivement dédié à la mangrove. Jusqu'à présent, TREE a récolté 1,5 million de dollars et a permis la plantation d'un million de mangroves dans le parc climatique de Thor Heyerdahl, géré par la WIF.
Alan Laubsch s’est promis de revenir chaque été à Caux. Le dialogue structuré du CDLS l'a aidé à comprendre les liens existants entre restauration des terres et des écosystèmes, résolution des conflits, renforcement des communautés, finance durable et économie de restauration. Le CDLS a rendu possible le développement de partenariats avec d’autres organisations travaillant sur les mêmes thématiques. Alan Laubsch a ainsi pu collaborer avec la Natural Capital Alliance, une initiative lancée par des membres du CDLS et qui fait examiner par des pairs les projets de blockchain dans le but de bâtir une place de marché mondiale fiable.
Participant de nouveau au CDLS en 2018 et en 2019, Alan Laubsch était à chaque fois heureux de voir que le sujet de la blockchain prenait plus d’importance par rapport à l’année précédente, et qu’un nombre croissant d’experts et d'entrepreneurs, hommes et femmes, s'impliquaient. Inspiré par l'énergie de Caux, il s'est engagé à se consacrer à la restauration à grande échelle des mangroves, et à reproduire le projet mis en œuvre par le WIF au Myanmar.
Pour Alan Laubsch, Caux est « un véritable moteur d’heureux hasards », qui rassemble des mondes opposés et construit un réseau mondial basé sur la confiance.
La 6ème édition des Pourparlers de Genève pour la paix s’est tenue le 21 septembre dernier, sur le thème « Paix sans Frontières ». Lors des éditions précédentes, Initiatives et Changement s’était investi en proposant des intervenant-e-s, mais cette année, I&C a été invité à co-modérer l’événement. Initiatives et Changement s’est forgé au sein de la communauté internationale de Genève la réputation de proposer de nouveaux formats dans l’organisation d’événements qui mettent l’accent sur les histoires personnelles, offrent un espace d’échange entre participant(e)s et, aussi surprenant que cela puisse paraître, laissent une place importante au silence.
I&C a participé à l’organisation d’une série d'interviews organisées sur Facebook Live juste avant les Pourparlers pour la paix. Près de 600 personnes ont par la suite assisté à l'événement proprement dit, lequel a eu lieu dans la salle XVIII du Palais des Nations. Sarah Noble, directrice et co-créatrice des Pourparlers pour la paix, et moi-même avons animé ensemble la séance.
Habituellement, les Pourparlers pour la paix proposent des discours de huit minutes, au cours desquels des femmes et hommes artisans de la paix partagent leur histoire personnelle et transmettent des messages. Cette année, cependant, nous avons apporté deux innovations au format de l’événement. En préambule de la session, nous avons demandé à chacune et chacun de se tourner vers ses voisin(e)s et de se présenter aux « autres hommes et femmes artisans de la paix » présent(e)s dans la salle, car, après tout, nous sommes toutes et tous appelé(e)s à œuvrer en faveur de la paix. Au départ, il y a bien eu une petite hésitation à agir de manière aussi informelle dans un espace tellement officiel, mais il a suffi de quelques légers encouragements pour que les personnes présentes jouent le jeu. Ce fut alors formidable de voir des ambassadrices et ambassadeurs, et des directrices et directeurs des Nations Unies se pencher par-dessus leur bureau pour serrer la main à des lycéen-ne-s. Les murs vénérables du Palais des Nations en ont vibré, eux qui assistent depuis longtemps aux interactions les plus solennelles. Une première frontière séparant les individus entre eux venait d’être franchie.
Après cela, ce fut au tour des femmes et hommes artisans de la paix de raconter leur histoire – des histoires émouvantes qui venaient aussi bien de la réalité que du cœur. Deux intervenants, un homme et une femme, m'ont marqué tout particulièrement.
La Colombienne Diana Garcia a exhorté l’assistance à accepter l'incertitude comme une voie vers la paix. Elle-même, au cours de la guerre civile qui a ravagé son pays, a vu les dangers d’une trop grande certitude et d’une trop grande rigidité.
Jasminko Halilovic a, quant à lui, évoqué le War Childhood Museum. Ce musée de l’enfance de guerre est une initiative innovante et le seul établissement à aborder l’expérience de la guerre exclusivement par le prisme des enfants. C'était éclairant de voir la guerre et la paix à travers leurs yeux. Chaque nouvelle histoire a fait monter l'énergie d’un cran, et ce, jusqu’à ce que la musique prenne le relais.
La seconde innovation de l’édition 2018 a été de proposer quelques minutes de silence à la fin de la session afin de laisser à chacun et à chacune le temps d’absorber ce qui venait d’être dit. Nous ne savions pas exactement comment ces minutes de silence fonctionneraient (ou plutôt résonneraient) dans une salle de conférence des Nations Unies contenant près de 600 personnes. Ce fut particulièrement émouvant de voir comment l’assistance s’est emparée de ce moment : un profond silence est tombé sur cette salle bâtie pour les discours. Nombreux et nombreuses sont celles et ceux qui ont approuvé notre initiative, nous disant après à quel point ces minutes de silence les avaient aidé(e)s à digérer les messages particulièrement forts auxquels ils et elles avaient été exposé(e)s pendant la journée. Je suis fier d’avoir pu apporter ma pierre aux Pourparlers et je suis heureux d’avoir vu comment I&C pouvait contribuer, avec d'autres, à promouvoir la paix par-delà des frontières.
Vous pouvez regarder l’événement dans son intégralité ici.
Rapport: Rainer Gude
Photo: Antoine Tardy pour Interpeace
Le 7 novembre 2018, 75 personnes ont participé dans la bibliothèque de l’ONU à Genève au dernier événement de la série « Rencontres enrichissantes » organisées par I&C Suisse. « Femmes et homme bâtisseurs de paix - Écoutons les voix des communautés locales » a été organisé en partenariat avec la Bibliothèque de l’ONU dans le cadre de la cinquième Semaine pour la paix de Genève.
Pour la troisième année consécutive, I&C Suisse participait en effet à la Semaine pour la paix de Genève. Cet événement rassemble tous les ans des organisations universitaires, institutionnelles et non gouvernementales qui œuvrent en faveur de la paix au niveau local, national ou international. Le thème retenu pour l’édition 2018 était « Construire la paix dans un monde agité ». Pendant cinq jours, plus de 65 événements ont été organisés par 120 partenaires. I&C Suisse a choisi, avec ses partenaires, une approche axée sur les récits de cinq personnes actives auprès de communautés locales.
Les trois partenaires d’I&C Suisse - l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), le réseau Network for Religious and Traditional Peacemakers, et la Fondation Kofi Annan - ont chacun invité un-e intervenant-e.
Mimoun Berrissoun est un membre actif d'Extremely Together, une initiative lancée par la Fondation Kofi Annan qui réunit des jeunes leaders engagés contre l'extrémisme violent. Mimoun Berrissoun a parlé de 180° Wende, l'association qu'il a fondée à Cologne pour venir en aide aux jeunes victimes de l'extrémisme.
Jennifer Pro, qui est responsable de la coordination des situations d'urgence au sein de l'OIM, a évoqué son travail de gestion des opérations humanitaires en Somalie, au Sud-Soudan et en Syrie.
Martine Miller est la directrice internationale de l’organisation Inclusive Peace et la responsable régionale pour l’Asie et la Libye du Réseau des bâtisseurs de paix religieux et traditionnels. Depuis plus de 20 ans, elle apporte un soutien direct aux communautés et aux organisations afin de soutenir les efforts de paix.
Les organisateurs et organisatrices de l’événement ont trouvé qu’il était important d'avoir un point de vue local et c’est la raison pour laquelle ils et elles ont invité Fabrice Roman, le directeur du Centre de la Roseraie. En proposant des cours de français, des visites et en les aidant dans les démarches administratives, il veut aider les migrant-e-s à devenir actrices et acteurs de leur propre vie. Selon lui, il est indispensable de bâtir des ponts entre les organisations de terrain de Genève et l’ONU.
La cinquième intervenante était Amina Dikedi-Ajakaiye, la présidente de Femmes Artisans de Paix (CoP), un programme d'I&C qui promeut l'émancipation des femmes dans plus de 50 pays. Elle a souligné l'importance d'être à l'écoute de soi-même au niveau le plus profond afin de pouvoir défendre la paix au sein de sa propre communauté.
Nous attendons avec impatience de poursuivre notre série de « Rencontres enrichissantes » en 2019. Cette année, nous créerons un espace qui nous permettra de poursuivre la conversation de manière différente et plus interactive encore que le modèle traditionnel de la conférence au cours de laquelle des expert-e-s s'adressent à un public.
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