Enquête: Comment pouvons-nous vous servir au mieux ?
12/10/2020
Nous nous engageons à vous inspirer, à vous former et à vous mettre en réseau afin de vous soutenir dans votre parcours du changement personnel au changement global. Mais nous avons besoin de votre aide pour voir comment nous pouvons le faire au mieux !
Cette année, nous avons dû apprendre à organiser et à faciliter des événements en ligne afin d'amener Caux chez chacun d'entre vous. Ce n'était pas facile, mais nous étions heureux de pouvoir entrer en contact avec tant d'entre vous qui n'auraient pas pu venir à Caux en personne ! Comme beaucoup de changements se produisent actuellement, nous profitons de cette occasion pour réfléchir à ce que nous offrons et comment.
Afin de pouvoir vous servir au mieux, nous aimerions en savoir plus sur vos besoins et vos souhaits. Nous vous serions reconnaissant-e-s de remplir cette enquête d'ici au 20 octobre. L'enquête est courte et ne vous prendra que quelques minutes à remplir ! Vous pouvez choisir la langue souhaitée au sommet du formulaire.
Merci d'avance et à très vite car vous serez bientôt informé-e-s de nos prochains événements !

Le Liban mérite mieux
Programme de Caux pour la paix et le leadership (CPLP)
01/10/2020
Le 4 août 2020, l’explosion qui s’est malheureusement produite à Beyrouth, la capitale libanaise, a choqué le monde entier. L’explosion a ravagé la ville, faisant de nombreuses victimes et des dégâts matériels importants. Du monde entier, le peuple libanais a reçu des messages d'amour.
Un grand nombre d’ancien-ne-s du Programme de Caux pour la paix et le leadership (CPLP) vit au Liban. Sarah Taleb est l'une de ces participantes au CPLP et elle se trouvait à Beyrouth au moment de l'explosion. Directrice de production, chef de projet et rédactrice de demandes de subvention, Sarah Taleb est spécialisée dans la gestion culturelle au sens large. Nous avons longuement discuté avec elle de la vie à Beyrouth juste après l'explosion.
Les passages ci-dessous sont extraits de la discussion en ligne entre Sarah Taleb (ST) et un intervieweur représentatif (IR) du CPLP.
IR : Aussi difficile que cela puisse être, accepteriez-vous de nous raconter comment s’est passé le jour après l'explosion ?
ST : Je me souviens que, cette nuit-là, mon ami et moi sommes allés dormir ailleurs, car notre maison avait été endommagée par l’explosion et nous ne voulions pas y rester. Je suis restée sous le choc pendant des jours ; nous étions tous sous le choc, d’ailleurs. Il fallait que je sois là pour mon ami, même si j'étais encore dans le déni. Je n’arrêtais pas de dire : « Ça n’est pas possible ». J'avais l'impression que c'était le début de la fin. Je me sentais triste et je me suis accrochée à cette tristesse, refusant de me laisser consoler. Le problème avec cette explosion – et c’est ce qui la rend différente de toutes les autres explosions –, ce n'est pas seulement son ampleur, mais ce qu'elle a emporté avec elle. Toute une ville a été ravagée ; c’est comme si notre mémoire collective avait soudain été effacée. Les maisons des gens se sont retrouvées à l'état brut. Mais il n’y a pas que les vitres qui ont été brisée ; il y a aussi des vies. Tout le monde connaît quelqu'un qui est mort ou a été blessé. Quelques jours seulement après l'explosion, nous avons commencé à nettoyer les maisons des décombres, de la saleté et du verre brisé qui les avaient envahies. Aujourd'hui encore, chaque fois qu'une porte claque ou que nous entendons un bruit fort, nous sursautons tous de peur et, à chaque fois, on repense au 4 août, lorsque les horloges de Beyrouth sont littéralement mortes, vers 18 heures.
IR : Quelle a été votre première réaction et celle des habitant-e-s de Beyrouth ?
ST : Tout le monde était en colère. Moi aussi, j'étais en colère. Les manifestations se sont nourries de cette colère et de cette frustration face à la corruption de notre gouvernement qui laisse une telle quantité de nitrate d'ammonium sans surveillance et nous faire perdre des vies, nos maisons, notre ville. Lors des manifestations, l'armée a passé son temps à nous envoyer des gaz lacrymogènes. Chaque jour, des centaines de personnes ont été blessées parce qu’elles manifestaient. Pendant trois jours, moi aussi, j'ai été en colère contre le Liban. Lorsque je conduisais, j'insultais les soldats que je croisais ; j’insultais le gardien du parking parce qu'il ne me laissait pas me garer à ma place habituelle ; j’ai même insulté deux hommes parce qu’ils m’avaient regardé de travers. J'en suis arrivée au point où j’ai pris conscience que je devais m'éloigner de ces sentiments de colère. Je devais faire quelque chose pour la maîtriser. Mes amis et ma famille ont eu un peu peur que je finisse en prison ! Je me souviens que, pendant des jours, je suis restée scotchée à ma PlayStation. Je jouais à un jeu vidéo, dans lequel il fallait tirer sur des soldats. Je suppose que cela m'a aidée aussi.
IR : J'ai vu sur votre profil Facebook que vous aviez récemment repeint des maisons. Est-ce que vous pouvez m’en dire plus ?
ST : J'ai senti que j'avais besoin d'agir sur le terrain. Nous devions le faire pour pouvoir aller de l'avant. Ce n’était pas une question d'inspiration, mais bien de BESOIN. Nous avons tous vu qu’il y avait là un énorme besoin et nous avons senti que nous devions y répondre d'une manière ou d'une autre. Tous les Libanais, toutes les Libanaises, se sont retroussé les manches pour contribuer à la reconstruction de leurs quartiers, aider leurs voisins blessés ou, tout simplement, faire des dons. Quant à moi, j’ai repeint des maisons. Cela m'a donné l’opportunité de m'asseoir avec des familles touchées par l’explosion, de partager un repas ou une bière ensemble et surtout de parler. De plus, cela nous a permis de créer un environnement plus ludique et de construire de nouveaux souvenirs. Après tout, une maison, c’est fondé sur des souvenirs plus que sur des briques, de la peinture et des ustensiles de cuisine.
IR : C'est très vrai. Trois semaines après l'explosion, quels sont vos sentiments vis-à-vis de Beyrouth et du Liban ?
ST : La douleur ne disparaîtra jamais. Le simple fait de vivre au Liban est devenu pénible. Le Liban mérite mieux que ça. Mais rencontrer des familles, aider les autres et savoir que vous comptez pour ces personnes, qu’elles vous aiment sincèrement et réciproquement – tout cela atténue la douleur. C'est la raison pour laquelle je peux encore rester ici pour les quelques mois à venir. J'ai aussi choisi de repeindre ces maisons parce que c'est une chose que j'aime faire. Je trouve que c'est une activité qui crée du lien et même des habitudes familiales. En soi, c'est un acte symbolique. J'ai trouvé ma place et je dois admettre que si je n'avais pas autant travaillé à mon développement personnel, je n'aurais jamais été suffisamment forte pour voir la douleur et la souffrance des gens et pouvoir les aider et sympathiser avec eux.
Si vous souhaitez participer à la conversation de suivi en ligne qui aura lieu le samedi 10 octobre 2020 à 14h00 CEST avec les ancien-ne-s du Programme de Caux pour la paix et le leadership, vous pouvez vous inscrire en cliquant sur ce lien. Vous trouverez les conditions générales ici.
Après votre inscriptions, vous recevrez un email avec toutes les informations nécessaires afin de pouvoir participer aux CPLP Talks. Vous trouverez les conditions générales ici.
Découvrez plus sur les CPLP Talks ici.
Par-delà les décombres : les blessures invisibles de Beyrouth
Programme de Caux pour la paix et le leadership (CPLP)
28/09/2020
Le Programme de Caux pour la paix et le leadership (CPLP) a été créé par Initiatives et Changement Suisse. Parmi ses anciens, il compte des personnes originaires de plus de 40 pays, qui, toutes, ont souhaité apporter un changement dans leur communauté comme en elles-mêmes.
Afin d’élargir l’impact du CPLP, nous avons décidé de lancer une nouvelle série d'articles et d'événements. L’objectif est de susciter la réflexion et de permettre aux anciens du programme de partager leur histoire, leurs expériences, leurs défis ainsi que la manière dont ils ont transposé dans leur vie quotidienne les enseignements du CPLP. Le pouvoir des histoires continue à se faire sentir au sein du réseau des anciens, car nous nous inspirons sans cesse des expériences des uns et des autres. Chaque mois, nous mettons à votre disposition sur ce site un nouvel article de réflexion.
Non seulement vous pouvez lire ces articles aussi inspirants que stimulants, mais vous pouvez également vous inscrire à la conversation de suivi que nous organisons après leur mise en ligne afin de discuter plus en détail des expériences de nos formidables anciens.
Cette série a pour objectif de partager les réflexions et les actions courageuses prises par des jeunes du monde entier, à commencer par nos amis de Beyrouth qui ont fait preuve d'un courage et d'une force formidables lors des événements dévastateurs du 4 août 2020. Cette série se déroule en deux parties.
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Lorsqu'une maison devient une scène de crime, vous voulez vous envoler, mais, en même temps, cela vous donne encore plus envie de vous y accrocher.
Antoine Chelala est un jeune diplômé de l'Université américaine de Beyrouth. Diplômé en commerce et en psychologie sociale, il a participé au Programme de Caux pour la paix et le leadership en 2017 et 2019. En 2020, il a également assisté à la conférence inaugurale sur le leadership créatif, qui se tenait lors du tout premier Caux Forum Online. Convaincu de l'importance du changement personnel pour initier le changement au niveau local et international, Antoine travaille aujourd’hui avec Initiatives et Changement Liban. Comme beaucoup d'autres personnes, il était à Beyrouth le 4 août 2020, lorsqu’une énorme explosion a ravagé la ville. Voici son histoire.
« J'ai toujours eu une relation d’amour-haine vis-à-vis du Liban. Les récents événements et la catastrophe qui a frappé la capitale ont encore renforcé les sentiments contradictoires que j'éprouve à l'égard de mon pays.
Le Liban est ma maison et j'aime ma maison. Il n'y a pas d'endroit comme le Liban, même s'il apporte aussi son lot de douleur et de tristesse. Lorsqu'une maison est tuée, détruite ou cambriolée, il est difficile de s’y sentir en sécurité. Lorsqu'une maison devient une scène de crime, vous voulez vous envoler, mais, en même temps, cela vous donne encore plus envie de vous y accrocher. Lorsque la justice semble un idéal inaccessible, vous pouvez être sûr que votre maison se sera jamais en paix. L'explosion qui s’est produite à Beyrouth le 4 août 2020 à 18h07 est un événement affreux, un événement qui restera à jamais un moment d’horreur dans le cœur de tous les Libanais. Ce jour-là, le temps s'est arrêté. Quelques secondes ont suffi pour tout changer. Ce jour-là, chacun d’entre nous saignions d'une manière ou d'une autre.
Une semaine après l'explosion qui a ravagé le port de Beyrouth – et elle m’a semblé la plus longue semaine de mon existence –, je n’avais toujours pas pu prendre un stylo. Je savais que je ne trouverais jamais les mots justes pour exprimer ce que nos yeux ont vu ni ce que nos cœurs ont éprouvé. Aujourd’hui, je continue à voir les images défiler dans ma tête. Je continue à entendre les sons. Je continue à revivre ce moment et j'ai sans cesse peur que cela ne se reproduise un jour.
Comment pleurer une ville ? Comment pleurer un lieu ? Des souvenirs ? Comment pleurer des personnes que je n'ai jamais rencontrées ? Des victimes que je ne connaîtrai jamais ? Comment pleurer des monuments ? Une histoire et des bâtiments ? Comment pleurer Beyrouth ?
J'ai réalisé que beaucoup de personnes écrivaient à Beyrouth. Je me suis dit que peut-être, juste peut-être, en m'adressant à elle comme à une personne, il me serait plus facile de pleurer une ville morte. Beyrouth, oses-tu encore rêver après ce qui t'est arrivé ? Est-ce que tu nous crois quand on te dit que tu vas ressusciter ? Est-ce que ta douleur peut être apaisée par ce mince espoir auquel nous nous accrochons coûte que coûte ? Te sens-tu fière quand on te surnomme le Phénix ? Peu importe ce que j'écris sur toi, l'encre qui coule de ma plume ne pourra jamais représenter ni le sang ni les larmes qui ont coulé. Je dois juste accepter le fait que je ne trouverai jamais les mots justes.
D'une certaine façon, je veux m'accrocher à ma tristesse. Je veux poursuivre le deuil parce qu’il est de mon devoir de faire vivre la mémoire de la Beyrouth qui vivait. Je ne veux pas lâcher prise trop tôt. Je ne veux pas que Beyrouth tombe dans l'oubli. Toute cette douleur ne doit pas disparaître ; je veux être ému par elle chaque jour. Toute cette souffrance doit être reconnue et acceptée.
Beaucoup de gens autour de moi, et moi y compris, se sentent coupables de ne pas avoir assez souffert. Ce sentiment de culpabilité fait obstacle au bonheur, à la paix intérieure et à la clarté mentale. Des activités aussi anodines que lire un livre, se promener ou regarder un film sont soudain devenues un luxe que seuls certains d'entre nous peuvent encore se permettre. Je n'ai pas l'impression de mériter ces choses alors que Beyrouth est toujours en ruines. Trop de cœurs ont été brisés et, contrairement aux bris de verre, aucun balai ne peut effacer ces cicatrices éternelles. Je me sens aussi coupable parce que je sais qu'un jour, les choses reviendront à la normale pour moi, puisque nous n'avons perdu aucun membre de notre famille proche, que nous sommes tous bien portants et que notre maison est toujours debout. Des centaines de milliers de personnes, en revanche, ne pourront pas « revenir à la normale » ; leur vie a été changée à jamais.
Si vous souhaitez participer à la conversation de suivi qui aura lieu en ligne avec les anciens du Programme de Caux pour la paix et le leadership le 10 octobre 2020 à 14h00 CEST, vous pouvez vous inscrire en cliquant sur ce lien. Vous trouverez les conditions générales ici.
Après votre inscription, vous receverez un email avec toutes les informations nécessaires afin de pouvoir participer à la conversion en ligne.
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Mohammed Abu-Nimer: Le dialogue ou comment créer une paix durable
Des outils pour les acteurs et actrices du changement 2020
23/09/2020
Mohammed Abu-Nimer enseigne la paix internationale et la résolution des conflits à la School of International Service de l'American University de Washington. Il est également conseiller principal auprès du Centre international pour le dialogue (KAICIID). Mohammed Abu-Nimer est un expert en matière de résolution des conflits et il organise des dialogues depuis une trentaine d’années. Depuis 1993, il est l'un des principaux universitaires à contribuer au programme Caux Scholars et, en juillet 2020, il est intervenu lors de la conférence intitulée « Des outils pour les acteurs et actrices du changement ». Il a accepté de nous en dire plus sur l’importance du dialogue dans la construction d'une paix durable.
La construction de la paix fait partie de l’ADN du professeur Abu-Nimer. Pendant de nombreuses années, son grand-père a en effet été médiateur au sein de sa communauté et c’est à 19 ans, alors qu’il commençait tout juste l’université, que Mohammed Abu-Nimer a participé à son premier dialogue. À cette époque, il pensait que le dialogue était une forme de militantisme. C’est ensuite qu’il a réalisé que si le militantisme et le dialogue visent tous deux le changement, le dialogue le fait non par la confrontation, le blâme ou l’humiliation, mais en nouant des relations, en améliorant notre compréhension de nous-mêmes et des autres et en trouvant ensemble des manières d’initier le changement. Depuis lors, il a eu recours au dialogue pour résoudre des conflits interconfessionnels, interethniques et interraciaux dans le monde entier.
Qu’est-ce que le dialogue ?
Pour Mohammed Abu-Nimer, le dialogue, c’est la recherche de points communs avec les autres. Ces points communs nous permettent de considérer ces derniers comme des êtres humains à part entière et de bâtir une relation avec eux. Cependant, insiste-t-il, ce n'est pas l'étape la plus importante. L'étape la plus importante est aussi la plus difficile : elle consiste à explorer ce qui nous distingue les uns des autres. « Grâce à nos points communs, explique-t-il, nous pouvons construire un réseau de relations qui permet aux gens de résoudre leurs problèmes et leurs différences de manière pacifique. Mais le but n’est pas uniquement de nouer des relations avec l'autre ; le but, c’est aussi de répondre à la question suivante : "Que pouvons-nous faire ensemble pour résoudre nos problèmes ?" ». Le dialogue permet de mettre en place des stratégies concrètes qui apporteront in fine la paix dans la communauté.
Sans justice, pas de paix
Sans justice, il ne peut y avoir de paix, poursuit M. Abu-Nimer. « Par exemple, aux États-Unis, ni les Afro-Américain-e-s ni les personnes non blanches ne parviendront jamais à se réconcilier totalement avec le système politique en place et la communauté qui le soutient, tant qu’il n’y aura pas de changements structurels majeurs ». Seul le dialogue pourra impulser un tel changement en faisant prendre conscience aux différentes parties prenantes « qu'il existe de nombreuses manières de se faire justice, que cela passe par la voie du militantisme, du boycott ou de toutes les autres techniques de paix et de résistance non violente ».
Bien que le dialogue ne soit pas la seule manière de pacifier une société, il contribue toutefois à ancrer la paix dans la durée. Souvent, les changements structurels n’y suffisent pas. Ainsi, en Afrique du Sud, la fin de l'Apartheid a bouleversé le système tout entier, mais elle n'a pas pour autant mis fin à la ségrégation raciale, à la violence culturelle et aux préjugés. « La structure institutionnelle a beau être juste et équitable. Si elle ne s'accompagne pas d'un dialogue, d'une culture et de pratiques pacifiques, alors il n'y a aucune garantie que la paix sera durable. Si une difficulté survient (par exemple, une catastrophe naturelle ou une crise économique), alors il est probable que les gens retomberont dans une logique de conflit violent ». Le dialogue favorise, au contraire, une paix profonde parce qu'il ancre aussi la paix au niveau individuel. « C’est l'outil le plus puissant pour prévenir les conflits violents. Il y aura toujours des conflits, mais le dialogue pourra empêcher la violence de prévaloir ».
Promouvoir une culture du dialogue
Le Centre international pour le dialogue (KAICIID), où M. Abu-Nimer officie comme conseiller principal, vise à construire une culture de la paix. Son objectif est que le dialogue fasse partie du programme scolaire, qu’il soit enseigné aux enfants comme une compétence essentielle au même titre que traverser la route en regardant des deux côtés. Si nous voulons créer une société moins cruelle, moins raciste, moins xénophobe, nous devons tous « maîtriser certains des outils de base qui rendent possible le dialogue ». Dans une société fondée sur celui-ci, chacun-e pourrait s’exprimer sans être jugé-e ni affubler d’une quelconque étiquette. « Si nous n'institutionnalisons pas le dialogue, une grande partie de nos efforts pour bâtir la paix seront vains ».
Comme le dit M. Abu-Nimer, le dialogue nous permet de rencontrer non seulement les autres, mais également nous-mêmes. « Grâce au dialogue, nous pouvons approfondir notre compréhension de nous-mêmes, de ce que nous voulons et de ce qui est important pour nous. Cela nous change et nous fait grandir en tant qu'êtres humains. La pratique du dialogue m'a par exemple aidé à être plus patient, à tenir compte du point de vue de chacun-e et à éviter autant que possible d’être dans le jugement. Il me permet également de mieux comprendre les griefs des autres et de mieux me comprendre moi-même ». En pratiquant le dialogue, nous devenons donc plus conscients du fait que notre conscience du monde est limitée et que nous dépendons des autres pour atteindre nos objectifs.
Par où commencer ?
Il donne deux derniers conseils à tous ceux qui se retrouvent impliqués dans un conflit, quel qu'il soit. D’abord, « demandez-vous quelle part vous avez dans ce conflit et ayez conscience du rôle que vous jouez ». Ensuite, « n’oubliez pas qu'un conflit est aussi une opportunité de changement. Il s'agit d'une tentative de gérer les relations de dépendance et d'interdépendance ». Identifiez ce que l'autre partie veut et « comment vous pouvez l'aider à obtenir ce qu'elle veut », sans vous oublier ni perdre de vue ce que vous voulez obtenir. Tout cela vous aidera à trouver un moyen de résoudre pacifiquement le conflit en question et, par la même occasion, de grandir.
Découvrez la conférence Des outils pour les acteurs et actrices du changement 2020
Devenir un-e artisan-e de paix 2020
Par Sabica Pardesi
12/08/2020
Sabica Pardesi a 24 ans et a participé cette année à la version en ligne du programme « Devenir un-e artisan-e de paix ». Elle a étudié les beaux-arts et poursuit actuellement un Master en marché numérique (digital business). Ses recherches portent sur les start-ups numériques à forte croissance en Afrique du Sud et sur le marketing numérique. Elle est passionnée par l'impact social pouvant résulter d’initiatives créatives et entrepreneuriales.
« Je suis vraiment reconnaissante envers la personne qui m'a fait découvrir le programme d’Initiatives et Changement « Devenir un-e artisan-e de paix » ! Ce programme a changé ma vie à bien des égards. Il m'a ouvert les yeux sur des choses que nous savons tous en théorie, mais que nous ne mettons pas vraiment en pratique de manière active et consciente. Voici donc quelques-unes de mes réflexions sur le programme et pourquoi je l'ai tant apprécié.
Dès le début, je me suis sentie en sécurité et entourée de participants avides d’en apprendre plus. Je m'attendais à assister à une conférence, mais le cours était plutôt sous forme de dialogue avec des histoires personnelles. Ensemble nous avons exploré le « pourquoi » de la construction de la paix. C'était une expérience unique où des personnes de différents milieux, cultures et chemins de vie se sont réunies pour comprendre ce que signifie la paix.
Ceux et celles qui ont grandi dans un foyer musulman connaissent les bases des enseignements islamiques, les piliers de l’Islam et les qualités sublimes du Prophète. Pourtant, nous pratiquons seulement ce qui nous convient, ce qui nous semble approprié au contexte et ce qui répond à nos attentes. En l’espace de quelques jours, nous avons étudié en profondeur l'Islam comme moyen de préserver la vie. Nous sommes parti-e-s des principes fondamentaux des enseignements islamiques et coraniques, des luttes, de la vie du Prophète et des concepts de loyauté et de citoyenneté mondiale, pour finalement arriver aux qualités essentielles d'un-e artisan-e de la paix, le tout ponctué d'histoires et d'exemples.
L'Islam est synonyme de paix. Ce n'est pas une couverture que l’on peut utiliser pour se couvrir quand on a froid, mais quelque chose qui doit être travaillé, internalisé, accepté et respecté. Alors, la chaleur viendra de l'intérieur. Nous n'aurons plus besoin de nous sentir accepté-e-s, entendu-e-s, suivi-e-s. Nous verrons que tout est suffisant. Nous ne pouvons pas être des artisan-e-s de paix sans d'abord accéder à cette paix intérieure. Une manière de la découvrir est d’accepter qu’il y a une force supérieure. Dans l'Islam, lorsque nous reconnaissons que Dieu est unique, nous reconnaissons qu’Il sait et voit tout. Réaliser que je ne suis jamais seule a été comme recevoir un gros câlin. La présence de Dieu est éternelle et permet de développer la prise de conscience. En effet, c'est quelque chose qui se pratique et se développe au fil du temps. Pour devenir plus conscient-e-s, nous devons porter attention à chacune de nos intentions, actions et paroles.
Avant ce cours, j'étais juste une personne qui cherchait à changer le monde et à répandre la paix comme une autre. Nous les jeunes, nous portons en nous la colère et la douleur transmises par nos parents, par nos nations et nos préjugés culturels. Nous sommes prompts à pointer du doigt les injustices et à faire de grandes déclarations. Cela n’est pas mal en soi, mais souvent nous ne prenons pas en compte les effets à long terme. Cela m'a vraiment fait réfléchir à la façon dont le bien que nous faisons est à court terme ; nous traitons les symptômes et non la cause. Cela découle d'un manque de connaissances et de l’envie de victoires faciles. Nous vivons dans un monde où nous cherchons continuellement à sortir du lot, à devenir meilleur-e-s que les autres. Mais une société pacifique ne peut exister que si nous acceptons nos différences et si nous nous accueillons les uns les autres.
Après ce cours, je veux toujours changer le monde, mais je sais maintenant que la paix ne doit pas être seulement répandue, elle doit être cultivée et entretenue. Pour cela, je dois développer ma conscience de moi-même et les qualités des artisan-e-s de paix, mais aussi approfondir mes connaissances et être patiente. Issue d'une génération qui cherche avant tout la gratification immédiate, nous sommes confronté-e-s à un défi de taille. Mais peut-être que les prochaines générations pourront en récolter les fruits. »
Fête nationale suisse dans les jardins du Caux Palace
1 août 2020
05/08/2020
Habituellement, la fête nationale suisse du 1er août est l'occasion pour les participants du Caux Forum de découvrir certaines traditions suisses, dont la fondue au fromage. Cette année, le Caux Palace devait être vide et la plupart des fêtes dans la région étaient annulées. Cependant, la grande terrasse du Caux Palace était un endroit parfait pour organiser une fête où les locaux et touristes pourraient célébrer la fête nationale à une distance sûre les uns des autres. Initiatives et Changement Suisse s'est donc associé à la Society for the Development of Caux et à L’Artisan Glacier pour proposer un programme festif.
Plus de 300 personnes sont venues tout au long de cette chaude journée d’été pour profiter de la vue et des divertissements. Tradition suisse oblige, la journée s'est ouverte par un concert de cor des Alpes dans les jardins. De délicieux plats préparés par notre équipe dévouée étaient disponibles toute la journée, tout comme le château gonflable pour les plus jeunes visiteurs. L'après-midi, des visites découvertes du Caux Palace étaient proposées en trois langues. La plupart étaient complètes, montrant que les gens de la région sont désireux de découvrir ce magnifique bâtiment de la Belle Epoque et sa riche histoire. En fin d'après-midi, le Lounge Band a animé la fête qui s'est poursuivie jusqu’en fin de soirée.
Nous tenons à remercier tous ceux qui nous ont rendu visite à l'occasion de cette fête nationale suisse et nous nous réjouissons d’avoir d’autres occasions de faire la fête dans les jardins du Caux Palace.