2014 : Catherine Guisan - Pour relancer une Europe inachevée
10/12/2021
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Catherine Guisan dans son bureau, 2020
Catherine Guisan est professeur associé invité à l'université du Minnesota, aux États-Unis. Elle a écrit deux livres sur les fondements éthiques de l'intégration européenne. En 2014, elle est intervenue lors du premier séminaire de Caux intitulé Pour relancer une Europe inachevée.
En tant que fille adolescente rebelle d'un politicien suisse, c'était une douce musique pour mon cœur de découvrir, il y a plusieurs années, que les leaders peuvent « changer". Les dirigeant-e-s peuvent avoir des idées créatives dans des moments de méditation, et recalibrer leurs émotions, leurs comportements et leurs politiques. En outre, la société civile (c'est-à-dire vous et moi) peut contribuer à favoriser cette transformation en leur tendant la main et en donnant l'exemple de la conversion. J'ai également appris le rôle que les conférences de Caux avaient joué dans la réconciliation entre la France et l'Allemagne après la Seconde Guerre mondiale. (1)
J'ai travaillé à plein temps pour le Réarmement moral (aujourd'hui Initiatives et Changement) pendant 22 ans avant de me lancer dans une carrière universitaire. Mes recherches et mon enseignement ont été façonnés par les idéaux adoptés dans ma jeunesse, en partie appris à Caux.
Avançons jusqu'en 2014. En plus de prendre la parole lors d'un symposium de deux jours à Caux intitulé Pour relancer une Europe inachevée, j'ai co-animé un atelier sur « Le changement de paradigmes dans les régions orientales de l'Europe » avec Angela Starovoytova d'Ukraine.
It was music to my heart to discover that leaders can ‘change’.
À l'automne 2013, j'ai passé quatre mois en Russie en tant que boursier Fulbright. J'ai expliqué à mes étudiants de Saint-Pétersbourg pourquoi tant d'Ukrainien-ne-s n'étaient pas d'accord avec la décision de leur président de reporter la signature d'un accord d'association avec l'Union européenne (UE), au profit de liens économiques plus étroits avec la Russie.
Les manifestations de l'Euromaïdan, fin 2013 et début 2014, ont renversé cette décision. Puis la Russie a annexé la Crimée et des mouvements sécessionnistes sanglants ont éclaté dans le Donbas, à l'est de l'Ukraine.
Catherine (au centre) portant un costume grec traditionnel lors d'une discussion avec un évêque grec orthodoxe en 1970
En tant que fille d'un père suisse romand et d'une mère grecque d'origine ottomane, je ne suis pas étrangère à ce thème de Pour relancer une Europe inachevée. Faire partie d'une famille multiethnique, multilingue et multinationale est une montagne russe intellectuelle et émotionnelle, et cela demande du travail. Mais que dire dans un contexte de guerre ?
Que dire dans un contexte de guerre ?
J'ai intitulé mon discours de Caux : « Pour relancer une Europe inachevée: vivre dans la vérité ». Sous le communisme, une telle prise de position était héroïque, et elle a envoyé le défunt président tchèque Vaclav Havel, et d'autres en prison. Il s'agissait en fait de rejeter l'« émigration intérieure » (c'est-à-dire la passivité et l'enlisement dans la société de consommation) et de s'exprimer avec intégrité. Que signifie « vivre dans la vérité » en Europe aujourd'hui ?
Présentation de sa conférence à Caux, 2014
Tout d'abord, il y a la « vérité » de nos engagements. Même dans les régimes démocratiques, il n'est jamais facile de s'exprimer. Mais comment s'assurer que ce que nous disons et faisons correspond à une vie vécue selon la vérité ? La théoricienne politique Hannah Arendt redéfinit, avec son concept de « jugement » (selon elle, chacun, quel qu'il soit, est capable de penser par lui-même et d'émettre un jugement) le processus d'autoréflexion du temps de silence enseigné à Caux. Elle suggère que nous confrontions nos opinions à celles des autres dans des débats libres, mais aussi que nous recherchions le « sens silencieux » qui, dans les questions morales et pratiques, est appelé « conscience » (2). Jean Monnet, qui a participé à la fondation de la Communauté européenne du charbon et de l'acier, était qualifié d'"homme du silence », car il tirait force et clarté de sa pratique quotidienne de la méditation. (3)
Nous devons nous pencher sur notre définition de l'Europe si nous voulons faire la différence dans l'histoire.
Il existe un deuxième type de « vérité » qui importe tout autant : la vérité factuelle. Comment définir l'« Europe » dont nous avons discuté à Caux ? Est-ce l'Union européenne ? Ou le Conseil de l'Europe, qui compte 47 États membres, dont la Russie ? Ou encore autre chose ? Nous devons nous pencher sur notre définition de l'Europe si nous voulons faire changer les choses dans l'histoire.
En conversation à Caux avec Antoine Jaulmes, Cornelio Sommaruga et Rob Lancaster, 2014 (de gauche à droite)
Pendant l'atelier, j'ai beaucoup appris en discutant avec des Ukrainiens aux identités ethniques et linguistiques diverses, et aux points de vue variés. Caux est un endroit extraordinaire pour les universitaires qui s'intéressent comme moi aux « expériences vécues ». La préoccupation commune des Ukrainiens était la corruption, bien qu'il n'ait pas été question de prendre contact avec des dirigeants. Mes interlocuteurs s'attendaient à ce que l'Ukraine rejoigne bientôt l'UE. J'ai dû leur expliquer que ce ne serait pas le cas, une situation qu'ils devraient affronter avec réalisme.
Avec des étudiants de l'université de Kaliningrad
En novembre 2021, j'ai écouté un autre Ukrainien, un professeur d'histoire. La guerre menaçait à nouveau. Il ne peut y avoir qu'une solution politique au conflit ukraino-russe, disait le professeur, et cela prendra des décennies. Le rapprochement franco-allemand constitue un précédent.
Cette déclaration est-elle valable après l'invasion russe de 2022 ? Tôt ou tard, il faudra négocier un cessez-le-feu, puis la paix. Deux peuples devront se reconnecter, comme l'ont fait les Français-e-s et les Allemand-e-s au cours de 70 ans d'engagement difficile.
Beaucoup des courageux Ukrainien-e-s que j'ai rencontrés à Caux sont engagé-e-s dans la défense de leur pays aujourd'hui. Ils et elles communiquent et demandent du soutien à travers le réseau I&C. Puissent-ils et elles un jour être en mesure de contribuer à la paix aussi courageusement qu'ils et elles défendent la liberté.
Écrit pour la première fois en novembre 2021, cet article a été révisé en août 2022.
(1) A Political Theory of Integration in European Identity, Catherine Guisan, Routledge, 2012, Chapter 2
(2) The Life of the Mind, vol 1, Hannah Arendt, Harcourt Brace, 1978, pp 215-216
(3) François Mitterrand in Jean Monnet, Éric Roussel, Fayard, 1996, p 914
Les participant-e-s de Pour relancer une Europe inachevée, 2014
Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits » qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.
Photo portrait, dans son bureau et à Kaliningrad: Catherine Guisan
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Tenu le 4 novembre 2021 dans le cadre de la Semaine de la paix de Genève 2021, il faisait suite à ceux du 21 juillet 2021 sur « Susciter des solutions politiques et communautaires pour la gouvernance de la terre en Afrique de l’Ouest et du centre : une voie vers la paix et la prospérité » (synthèse, vidéo), du 10 juillet 2020 sur « La terre et la sécurité en Afrique au Sud du Sahara » (synthèse, vidéo) et du 2 décembre 2020 sur « La gouvernance de la terre au Sahel » (synthèse, vidéo).
Le point de départ en était le suivant : la dégradation environnementale constitue une menace majeure pour la paix et la sécurité en Afrique subsaharienne, où plus de 80% de la population dépend de l'agriculture pluviale et du pastoralisme, et où la subsistance économique rurale a longtemps été inextricablement liée aux rites et cultures locales. La disponibilité de terres fertiles, d'eau et de pâturages est menacée par le changement climatique et l’exploitation des sous-sols, au moment où les modes de vie modernes et traditionnels ne cessent de se confronter. Le foncier, l'accès restreint à certaines aires protégées, les migrations, les conflits armés, l'extrémisme violent interagissent avec, pour conséquence, l’agrandissement d’espaces non gouvernés dans lesquels profitent de s’installer, dans beaucoup d’endroits, des groupes extrémistes.
Il est donc indispensable de mieux comprendre comment ces défis contribuent à la montée de la violence et de suivre et soutenir les initiatives qui contribuent à la prévenir régression. Tous les conflits, d’origine environnementale ou autre, peuvent faire l’objet de dialogues, car toutes les parties concernées dépendent en fin de compte d’un environnement naturel, social et politique apaisé, pour prospérer. La confiance et les objectifs partagés de gouvernance des ressources naturelles, qu'il s'agisse de communautés locales (toutes les composantes de la société), d'agents gouvernementaux ou de décideurs, sont donc indispensables pour faire face à un avenir incertain.
En guise d’introduction, Carol MOTTET, conseillère principale au DFAE suisse et responsable du programme « Prévention de l’extrémisme violent », posa le constat que trop souvent les autorités en charge de la sécurité et ceux qui traitent des multiples questions en lien avec la terre ne partagent pas les mêmes préoccupations, et plaida pour un soutien robuste aux chercheurs et aux acteurs qui ont une vision globale des enjeux de la violence, et qui travaillent à des solutions concrètes. Elle proposa que l’accent soit mis sur les alternatives aux logiques purement sécuritaires et sur le besoin d’une gouvernance partagée de ressources naturelles qui ne sont pas infinies.
Olivia Lazard
Dès l’ouverture du panel, la modératrice, Olivia LAZARD (France), chercheuse invitée à Carnegie Europe et directrice de Peace in Design Consulting Ltd, souligna le lien entre environnement et sécurité, entre chaînes de dégradation des terres et importance d’une gouvernance responsable et globale, entre urgence de travailler en amont sur tous les terrains et celle d’anticiper les changements climatiques. Elle rappela combien la marginalisation des populations dans les décisions qui les concernent était source de conflits, en particulier dans la restauration des terres quand les populations les plus concernées, très souvent les femmes, ne participent pas aux décisions. Pour accélérer les moteurs du changement, elle préconise de donner le pouvoir aux acteurs locaux, de tenir compte des nouvelles analyses écosystémiques (liens à faire entre régions qui se côtoient, comme le bassin du fleuve Congo et le Sahel), et de bien comprendre comment s’organise une gouvernance inclusive dans la régénération des sols.
Quels défis rencontrez-vous dans votre domaine de travail ?
Qu’est-ce qui aiderait à rendre le changement positif plus efficace, à la fois en termes de restauration de l’environnement et de prévention des conflits ?
Quelles réponses faites-vous, ou ceux que vous connaissez, pour relever ces défis ? Et à quel niveau ?
C’est Safouratou MOUSSA KANE (Niger), Secrétaire à la promotion de l'antenne du Niger du Réseau des organisations d’éleveurs et pasteurs, qui ouvrit les feux. Elle montra combien il était important de respecter l’équilibre entre élevage et agriculture sur les terres qui sont partagées et qui représentent des ressources vitales pour l’ensemble de la population. Une gouvernance ne tenant pas compte du partage des espaces et des ressources, des textes de lois non-appliqués, le manque d’information sur ces lois, mènent à des conflits qui peuvent dégénérer, comme on le voit actuellement dans de nombreuses zones du Sahel. Par ailleurs, elle permit de comprendre que la pratique de la régénération des terres dégradées permet d’unir agriculteurs et éleveurs dans une complémentarité que l’Etat ne soutient, hélas, pas toujours, souvent pour des raisons politiques. D’où l’intérêt de mobiliser les personnes concernées, dont les propriétaires de fermes, pour la gestion, en amont, de conflits potentiels. Elle donna l’exemple de la plantation des « acajous sénégalais » comme mobilisateur du vivre-ensemble. Autre préoccupation urgente : la discrimination que subissent les femmes dans l’accès aux terres et dans la pratique des héritages alors qu’elles sont les actrices principales de leur renouvellement. Il est important de laisser les femmes s’exprimer et de trouver des voies pour contourner la tradition qui, souvent, ne permet pas aux femmes de parler devant les hommes.
Le professeur Alexis KABORE, enseignant-chercheur au Département de sociologie de l’Université Pr. Joseph Ki-Zerbo (Burkina Faso), montra comment les terres forestières, qui comptent des milliers de km2 en région sub-saharienne, et dont une partie importante est protégée pour sa faune, créent une dynamique de violence par la gouvernance opaque qui les concernent. Le plus souvent chasse gardée de l‘Etat, elles sont interdites aux populations autochtones qui ne peuvent bénéficier de ses bienfaits (économiques tout autant que politiques, sociaux et spirituels) et qui sont devenues des zones exploitées par les extrémistes violents. M. Kaboré souhaite que l’ensemble des questions concernant les aires protégées soient repensées à l’aune des questions environnementales, climatiques et sécuritaires et de replacer les populations originelles au cœur de la décision et au cœur des terres auxquelles elles doivent accéder à nouveau.
Il revint enfin à Ibrahim YAHAYA IBRAHIM (Niger), analyste-consultant senior Sahel à International Crisis Group - ICG, Dakar et co-fondateur du Sahel Research Group de montrer que, si chaque conflit possède ses propres dynamiques, certaines constantes se retrouvent au Sahel : crises pastorales, sécheresses, compétition autour des ressources naturelles (mal gérées par les Etats) et, plus important encore, incapacité des autorités à proposer des réponses efficaces aux crises et à donner aux acteurs locaux, dont les femmes, la possibilité d’intervenir. Par ailleurs, les modes de règlement des conflits généralement utilisés ne correspondent plus aux besoins des personnes concernées, en particulier à ceux des femmes, des jeunes et des personnes migrantes. De plus, les différents systèmes fonciers, qui entrent en conflit de manière croissante, échappent à une régulation efficace de l’Etat : le droit positif et le droit coutumier s’affrontent à un point qui appelle une refonte urgente de la gestion du foncier et qui exige que les communautés directement concernées soient activement impliquées dans ce travail.
Travaux en groupes encadrés par quatre jeunes facilitateurs
Désiré TUYISHEMEZE, psychologue et membre des Artisans de Paix, Burundi
Marienne MAKOUDEM TENE, Coordinatrice nationale et membre du Comité international des Cercles de paix des femmes, Cameroun
Saidou KABRE, Burkina Faso
Stephane Junior DEWANG DIYO, Cameroun
La rencontre se poursuivi sous forme de travail en groupe articulé autour de quatre questions, qui donnèrent lieu à de vives discussions pour la cinquantaine de personnes issus des quatre coins du monde qui saisirent cette occasion de réfléchir à ce qu’elles-mêmes considéraient comme des priorités et ce qu’ils pouvaient amener :
Comment améliorer le rôle des femmes dans le processus de restauration et de gouvernance des terres ?
Comment optimiser la restauration des terres avec un accent sur les zones arides et semi-arides ?
Comment responsabiliser les acteurs locaux dans la gouvernance de la terre ?
Comment gérer les aires protégées pour les biens et la paix des communautés ?
L’implication collective des leaders communautaires, de la société civile, des comités de gestion existants ou à créer, des femmes et des jeunes, des « étrangers », des responsables de l’application des droits fonciers et de l’Etat central furent réclamés à grand cri.
C’est le manque d’engagement de chacun, là où il se trouve, qui est la principale cause du désarroi que vivent les populations du Sahel.
La gouvernance des terres sera juste, inclusive et ne produira pas de violence :
quand une vision commune réunira communautés locales, comités de gestion de la terre, structures régionales et nationales et bailleurs de fonds privés ou publics,
quand les décisions et les responsabilités seront prises au niveau adéquat et de manière inclusive,
quand l’information circulera de manière fluide (appel à plus de fora, de réunions d’échanges d’expériences, de webinaires)
quand les communautés directement concernées seront les principales bénéficiaires de leurs terres et
quand les femmes et les jeunes seront pleinement intégrés à ces décisions et qu’ils auront le choix de prendre des responsabilités.
De plus, il fut clairement affirmé qu’aucune paix ni prévention de la violence n’était dorénavant envisageable sans l’intégration des enjeux environnementaux et sans l’écoute des expertises locales dont les populations sont les meilleures dépositaires.
Ce qui donna aussi lieu à un double appel à l’inclusivité :
Toutes les personnes concernées par un conflit, jeunes, femmes, responsables communautaires et coutumiers, aux côtés des responsables publics, locaux ou centraux, doivent être intégrées aux dynamiques décisionnelles. C’est la seule chance de succès.
Et les personnes extérieures, « les étrangers », ont un rôle à jouer dans la prévention et la gestion des conflits, y compris dans les conflits éminemment locaux liés à la terre, car « nul n’est prophète chez soi ». Un urgent besoin de facilitation ou de méthodologie de la médiation, venant du pays ou de l’étranger, se fait sentir un peu partout.
Pour conclure, Alan CHANNER (UK), d’Initiatives & Changement Suisse, qui anime depuis une dizaine d’années le Dialogue de Caux sur l’Environnement et la Sécurité, souligna que ce webinaire était une étape dans un processus qui s’est fait ensemble avec tous ceux qui progressivement le rejoignent et qui se poursuivra. « A nous d’agir maintenant. Utilisons cette technologie numérique pour consolider nos liens et poursuivre le dialogue ».
Les organisateurs du webinaire rappelèrent aussi l’importance de la Genève Internationale comme centre de décision et le noyau d’une communauté de pratique qui travaille depuis plusieurs années sur ces enjeux d’environnement, de climat, de conflit et de paix(ECCP – Geneva Dialogue on Environment, climate, conflict, and peace).
L’inscription de cette thématique au programme de la Semaine de la Paix de Genève 2021 s’inscrit aussi dans cet effort, qui compte aussi l'élaboration d'un Livre blanc sur la consolidation de la paix environnementale et la 2ème Conférence internationale sur la consolidation environnementale de la paix, qui se tiendra à Genève en février 2022.
C’est donc l’ensemble de ces travaux, y compris les résultats du présent webinaire, qui contribueront ainsi à livrer un message fort et convaincant sur l'avenir du domaine au Forum Stockholm+50 en juin 2022.
* Toujours inclure l’aspect environnement dans la programmation pour la paix.
* Il est temps de sortir les communautés du rôle subalterne de « gestion des terres » pour leur donner le plein droit de participer à la « gouvernance partagée » de leurs terres et des enjeux conflictuels qui y sont liés.
* Le besoin de dialogue et de facilitation est fort pour aider à sortir des impasses et des violences dans lesquelles les erreurs de gouvernance des terres ont parfois conduit des régions entières ou des communautés.
* Il faut mettre en place des comités de gestion participatifs des forêts et des aires protégées et redonner aux populations d’origine leur accès, pour ne pas alimenter des frustrations qui peuvent dégénérer en dérives violentes.
* Il y a un besoin pour tous les acteurs impliqués, localement ou centralement, de bien prendre conscience de toutes les autres parties prenantes; de leurs intérêts, de leurs besoins. Chacun doit prendre conscience des besoins et intérêts de l’autre. Fondamentalement, il faut répondre à la question de « Comment restaurer le respect de chacun pour répondre à la voix de chacun » - il ne s’agit pas seulement de restaurer des terres, mais souvent la relation humaine et la gouvernance publique !
* La médiation (écouter, entendre et dialoguer) peut jouer un rôle important dans cette prise de conscience des intérêts et besoins de l’autre par chacun, bien cerner et identifier les différents acteurs ainsi que leurs intérêts et besoins.
* La promotion du dialogue communautaire ainsi que le partage des connaissances sur le régime foncier et pastoral sont à renforcer. Le partage des connaissances est plus qu’important étant donné que beaucoup de ces connaissances ne sont pas écrites.
* Valoriser les expériences de restauration des terres menées par les femmes, à travers lesquelles elles promeuvent en même temps le dialogue communautaire et le dialogue avec les jeunes en manque de perspectives, alliant ainsi effectivement les enjeux de la terre et de la paix.
* Renforcer les espaces d’échanges tels que ce webinaire, qui réunit des acteurs de terrain, des chercheurs et des responsables politiques, pour échanger régulièrement sur les résultats et les défis et mieux optimiser la gouvernance ainsi que la mise en œuvre des actions proposées.
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L'année 2013 a été marquée par les premiers Dialogues de Caux sur la terre et la sécurité (CDLS), un partenariat entre le programme Initiatives pour les terres, les vies et la paix (ILLP) d'Initiatives et Changements, la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD) et l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Ces événements, qui ont eu lieu au Centre de conférences et de séminaires de Caux, portent sur les liens entre la gestion durable des terres, la paix et le développement.
Tom Duncan (à gauche), s'exprimant lors du Dialogue de Caux sur la terre et la sécurité en 2019.
Ces dialogues sont nés de la vision commune de Mohammed Sahnoun, président d'I&C International (2006-9), et de Luc Gnacadja, secrétaire exécutif de l'UNCCD (2007-13). L'un des membres de l'équipe internationale qui les a fait progresser est Tom Duncan, entrepreneur australien et spécialiste de l'environnement, qui avait participé au Programme Caux Scholars en 2009.
Tom a grandi dans deux fermes australiennes, l'une dans un désert intérieur et l'autre dans des régions montagneuses sur la côte est. « J'ai fait l'expérience d'une grande guérison physique à Caux - dans l'air pur des montagnes et l'eau de source naturelle - ainsi que d'une profonde transformation du cœur », dit-il. « Je me suis fait des amis pour la vie et j'ai le sentiment qu'ensemble, nous pouvons changer le monde, en dépassant les clivages et en rétablissant une planète saine ».
J'ai le sentiment qu'ensemble, nous pouvons changer le monde, en dépassant les clivages et en rétablissant une planète saine.
Parmi les 200 participants au premier CDLS en 2013 figurait Rattan Lal, qui a ensuite reçu le prix mondial de l'alimentation pour ses travaux sur l'agriculture régénérative. Il a soutenu que si 2,5 milliards d'hectares de terres dégradées pouvaient être régénérés, ils pourraient piéger toutes les émissions de carbone de l'humanité chaque année - enrayant le changement climatique, inversant la marche de la désertification et assurant la sécurité alimentaire locale et mondiale.
La rencontre avec Lal a été une expérience déterminante pour Tom. Lui et sa femme, Chau, qui avait 20 ans d'expérience dans la banque, le commerce et la diplomatie commerciale, ont réfléchi à la manière de mobiliser des investissements pour le développement durable. Six ans plus tard, lors du CDLS 2019, ils ont lancé Earthbanc, dans le but de « remodeler l'ensemble de l'écosystème financier pour soutenir l'investissement régénérateur ».
Chau Duncan (à droite)
En tant qu'entreprise « fintech d'impact », Earthbanc rejoint les mondes des services financiers et de la technologie numérique. Elle audite et évalue le marché mondial de la compensation carbone et vérifie la véracité des déclarations des promoteurs de projets carbone. L'objectif est d'apporter de la transparence, en exposant les opérations de « greenwashing » qui réduisent les chances de l'humanité d'éviter l'accélération du changement climatique et l'effondrement des systèmes de soutien de la vie sur Terre. Tom a abordé ce sujet dans un chapitre qu'il a coécrit avec l'écologiste zimbabwéen Allan Savory dans Land Restoration, un livre issu du Dialogue de Caux sur la terre et la sécurité, qui comprend des chapitres de Rattan Lal et de l'expert en restauration des écosystèmes John D Liu.
Tom Duncan surveille la biodiversité
Tom a fait appel à l'Agence spatiale européenne, qui apporte son aide en matière d'imagerie satellitaire et de données de télédétection. Le suivi par satellite d'Earthbanc est d'une précision de 96 à 99,9 % pour mesurer le carbone dans les arbres et certains sols, sur des parcelles d'agriculteurs aussi petites que 200 mètres carrés - ce qui le rend 18 000 fois plus efficace que la moyenne du secteur, qui repose sur un audit et une vérification manuelle, dit-il.
Selon les dernières recherches, la fixation du carbone dans les sols, les prairies, les arbres, les mangroves et les herbes marines pourrait représenter 40 à 50 % de la réduction et de l'élimination du carbone nécessaire avant 2030 si le monde veut atteindre les objectifs fixés à Paris en 2016. Les agriculteurs et les agroforestiers qui adoptent des méthodes d'agriculture régénératrice sont donc essentiels dans la lutte contre le changement climatique.
Tom Duncan (à droite) avec Bremley Lyngdoh (au centre) et Maarja Tamm (à gauche) à Caux, 2019
La surveillance par satellite permet également d'ouvrir les paiements incitatifs pour le carbone aux personnes les plus vulnérables au changement climatique, à savoir les 500 millions de petits exploitants agricoles dans le monde. Il permet aux agriculteurs d'évaluer plus fréquemment leur impact sur le carbone et réduit considérablement les coûts qui, par le passé, rendaient ces incitations hors de leur portée.
En Amérique du Sud et en Amérique centrale, Earthbanc a évalué les gains des petits exploitants, qui cultivent en moyenne deux hectares et gagnent environ 350 dollars par an. S'ils adoptent des méthodes d'agriculture durable, les paiements compensatoires de carbone pourraient augmenter leurs revenus de 200 dollars par an, une somme qui « changerait leur vie ». Et ces méthodes permettraient d'accroître la productivité et la sécurité alimentaire, ainsi que d'augmenter les revenus et l'accès aux soins de santé et à l'éducation.
Un écosystème de mangrove prospère peut stocker deux à cinq fois plus de carbone que la plupart des forêts tropicales.
Au Bengale occidental, Earthbanc a contribué à fournir un micro-financement pour développer l'apiculture, restaurer les forêts de mangroves et les prairies d'herbes marines, et planter des arbres pour contrôler l'érosion. Un écosystème de mangrove prospère peut stocker deux à cinq fois plus de carbone que la plupart des forêts tropicales, et protège les populations côtières de l'élévation du niveau de la mer et des vagues déferlantes provoquées par les ouragans.
L'histoire de Tom a été présentée lors de l'exposition First Steps en 2016.
Tom et Chau ont été les premiers à créer le premier « Grow Bond » au monde, qui rapporte un rendement aux investisseurs en agriculture régénérative et en agroforesterie. Les obligations Grow permettent aux investisseurs de bénéficier de la restauration de la terre et aux agriculteurs d'obtenir des financements à moindre coût pour développer des moyens de subsistance durables.
Plus tôt cette année, Earthbanc a été récompensé par Mastercard pour son travail de conseil en matière de rapport carbone et de finance durable auprès du secteur financier, notamment auprès de la plus ancienne banque suédoise, Swedbank. « Ce témoignage de confiance de la part du secteur financier nous encourage, ainsi que nos partenaires, à accomplir notre importante mission », déclare Tom.
L'appel à l'action d'Earthbanc, dit Tom, s'adresse aux « personnes qui veulent aligner leur propre richesse sur la santé planétaire ». Pour réussir, ajoute Chau, les mécanismes d'Earthbanc doivent s'accompagner d'un changement des cœurs et des esprits, afin que l'investissement dans la protection de l'environnement soit perçu comme un avantage plutôt que comme un coût.
Cette histoire fait partie de notre série 75 ans d'histoires sur des personnes qui ont trouvé une nouvelle orientation et une nouvelle inspiration grâce à Caux, une pour chaque année de 1946 à 2021. Si vous souhaitez en savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme Pour un monde nouveau.
Photos (except portrait): Initiatives et Changement
Lorsque nous avons lancé la série 75 ans de récits en février 2021 au sujet des 75 ans de rencontres au centre de conférences d'Initiatives et Changement à Caux, nous n'avions aucune idée de l'aventur...
Alors que notre série de 75 histoires pour les 75 ans du centre de conférence d'Initiatives et Changement à Caux touche à sa fin, la présidente d'Initiatives et Changement Suisse, Christine Beerli, et...
En 2020, le Caux Forum a été mis en ligne en réponse à la pandémie. Ses organisateurs ont constaté que cela avait mis la rencontre à Caux à la portée de personnes du monde entier qui n'auraient pas pu...
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Caux Palace (qui deviendra plus tard le centre de conférence d'Initiatives et Changement en Suisse), a servi de refuge aux juifs et juives fuyant la Shoah. Au fi...
Lorsque Wael Boubaker, diplômé tunisien en économie, a rejoint le Programme de Caux pour la paix et le leadership (CPLP) en 2018, il s'attendait à une conférence qui ferait bien sur son CV, et à de be...
Tanaka Mhunduru, originaire du Zimbabwe, est l'un des organisateurs du Programme de Caux pour la paix et le leadership (CPLP), un programme d'un mois destiné aux jeunes du monde entier. Il y a partici...
La rencontre de l'hiver 2016 à Caux a représenté une expérience particulière pour Diana Damsa - non seulement parce qu'elle a fait l'expérience de Caux en hiver, mais aussi parce que, pour la première...
Lisbeth Lasserre est originaire de Winterthur, où ses grands-parents, Hedy et Arthur Hahnloser, avaient constitué une collection d'art privée dans leur maison, la Villa Flora. Parmi leurs amis artiste...
Catherine Guisan est professeur associé invité à l'université du Minnesota, aux États-Unis. Elle a écrit deux livres sur les fondements éthiques de l'intégration européenne. En 2014, elle est interven...
Lorsque Merel Rumping, originaire des Pays-Bas, s'est rendue à Caux pour la première fois en 2012, elle avait un objectif en tête : « explorer comment je pourrais contribuer à un monde plus juste à t...
Pendant de nombreuses années, la Suissesse Lucette Schneider a organisé l'équipe qui se réunissait tôt le matin pour nettoyer, éplucher et couper les légumes destinés aux cuisines du centre de confére...
Mohan Bhagwandas n'est que trop conscient de son empreinte carbone. Au cours des 13 années allant de 2006 à 2019, il a pris 17 fois l'avion depuis sa ville natale de Melbourne, en Australie, jusqu'en...
25 dignitaires Indien-ne-s et Pakistanais-es sont venu-e-s à Caux en 2009 dans le but de lancer des ponts entre leurs pays. L'homme qui a pris l'initiative de cette rencontre est Rajmohan Gandhi, un p...
L'année 2008 a vu le lancement d'un cours inhabituel sur l'approche de l'Islam en matière de rétablissement de la paix, conçu par l'imam Ajmal Masroor du Royaume-Uni. Le coordinateur du cours, Peter R...
Lorsque Merel Rumping, originaire des Pays-Bas, s'est rendue à Caux pour la première fois en 2012, elle avait un objectif en tête : « explorer comment je pourrais contribuer à un monde plus juste à travers mes activités professionnelles ».
Merel avait obtenu son master en relations internationales, avec une spécialisation en éthique des affaires. Elle s'intéressait donc particulièrement aux forums annuels de Caux sur la confiance et l'intégrité dans l'économie mondiale, auxquels elle a participé pendant cinq ans. Une conversation avec un homme d'affaires colombien l'a mise sur la voie d'une réponse à sa question.
À l'âge de 20 ans, elle s'était portée volontaire pendant trois mois dans un orphelinat colombien de Medellin, où elle avait travaillé avec des enfants des rues et d'anciens enfants soldats, souvent toxicomanes. Trois ans plus tard, en 2006, elle est retournée en Colombie pendant six mois pour travailler avec une agence de microfinancement, Women's World Banking. Elle y a vu le potentiel de l'entrepreneuriat social.
Ce qui a le plus frappé Merel lors de ses visites en Colombie, c'est le nombre impressionnant de personnes qui avaient perdu un ou plusieurs membres à cause des mines anti-personnelles.
Ce qui a le plus frappé Merel lors de ses visites en Colombie, c'est le nombre impressionnant de personnes qui avaient perdu un ou plusieurs membres à cause des mines anti-personnelles qui avaient été cachées à maints endroits au cours des plus de cinq décennies de guerre civile qu'avait enduré ce pays. Dans un des villages qu'elle a visités, ces mines avaient fait 300 victimes.
L'homme d'affaires colombien rencontré à Caux lui a présenté un Néerlandais qui travaillait pour un atelier orthopédique en Asie. Au cours de ses conversations avec lui, elle a commencé à imaginer comment fournir des soins prothétiques à des prix abordables aux personnes amputées et à faible revenu.
Keren (6 ans), de Colombie, fait du patin à roulettes et court avec sa prothèse : « Grâce à ma prothèse, je peux marcher dans les montagnes, ce que j'aime le plus. Et je peux faire du patin à roulettes, du vélo, des exercices, de la marche et de la danse ».
Des étudiants de l'université technique de Delft l'ont accompagnée en Colombie pour identifier les défis à relever. L'un d'eux était les distances : « Les centres orthopédiques se trouvent principalement dans les villes, ce qui oblige les gens à parcourir de longues distances sans même savoir exactement où aller », écrit-elle. « Et au niveau des produits, nous avons remarqué que de nombreuses personnes avaient effectivement une prothèse chez elles, mais qu'elles l'avaient reléguée sous leur lit parce qu'elle leur faisait trop mal ; certains prothésistes colombiens n'ont jamais reçu de formation professionnelle sur la fabrication de membres prothétiques ».
De nombreuses personnes avaient une prothèse mais l'avaient mise sous leur lit parce qu'elle leur faisait trop mal.
Elle a réalisé que ce qu'il fallait, c'était des cliniques locales et une méthode de fabrication de prothèses sur place, adaptée aux besoins de chaque amputé. Sans cela, il faut parfois jusqu'à deux ans pour qu'une personne amputée reçoive une prothèse, ce qui entraîne une perte de revenu pour elle et sa famille.
Avec l'aide de l'université de Strathclyde, l'équipe de Merel a créé en 2016 une unité de production de manchons « Majicast » : un réservoir tubulaire rempli de matériau de moulage, dans lequel le patient, debout, insère le membre amputé. Cela crée ainsi une forme qui permet de produire pour la prothèse une emboîture, sur mesure et confortable, presque immédiatement.
Le financement de Google Impact Challenge Funding a permis à l'équipe de prendre un bon départ. Ils ont fait la démonstration de 'Majicast' dans plusieurs régions de Colombie. En 2019, l'université de Strathclyde, qui détient le brevet, a continué à travailler sur le « Majicast », tandis que Merel s'est concentrée sur la création de cliniques de soins orthopédiques par le biais de sa propre entreprise sociale, appelée Carewithinreach (en français: Soins à portée de main).
Son premier centre orthopédique a ouvert dans la petite ville de Tunja en 2021, avec l'aide d'un investisseur, recherchant de fortes retombées sociales et écologiques, tout en étant financièrement viable, Buxeros Capital.
La pandémie de Covid et les troubles en Colombie ont retardé les choses. Pourtant, à la fin du mois de novembre 2021, le centre avait eu un impact positif sur la vie de 220 patients.
Merel est actuellement en pourparlers avec un autre investisseur pour les deuxième et troisième cliniques. Son objectif est de créer cinq ou six centres de soins de proximité dans le pays.
Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits» qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.
Lorsque nous avons lancé la série 75 ans de récits en février 2021 au sujet des 75 ans de rencontres au centre de conférences d'Initiatives et Changement à Caux, nous n'avions aucune idée de l'aventur...
Alors que notre série de 75 histoires pour les 75 ans du centre de conférence d'Initiatives et Changement à Caux touche à sa fin, la présidente d'Initiatives et Changement Suisse, Christine Beerli, et...
En 2020, le Caux Forum a été mis en ligne en réponse à la pandémie. Ses organisateurs ont constaté que cela avait mis la rencontre à Caux à la portée de personnes du monde entier qui n'auraient pas pu...
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Lisbeth Lasserre est originaire de Winterthur, où ses grands-parents, Hedy et Arthur Hahnloser, avaient constitué une collection d'art privée dans leur maison, la Villa Flora. Parmi leurs amis artiste...
Catherine Guisan est professeur associé invité à l'université du Minnesota, aux États-Unis. Elle a écrit deux livres sur les fondements éthiques de l'intégration européenne. En 2014, elle est interven...
L'année 2013 a été marquée par les premiers Dialogues de Caux sur la terre et la sécurité (CDLS). Ces événements, qui ont eu lieu au Centre de conférences et de séminaires de Caux, portent sur les lie...
Pendant de nombreuses années, la Suissesse Lucette Schneider a organisé l'équipe qui se réunissait tôt le matin pour nettoyer, éplucher et couper les légumes destinés aux cuisines du centre de confére...
Mohan Bhagwandas n'est que trop conscient de son empreinte carbone. Au cours des 13 années allant de 2006 à 2019, il a pris 17 fois l'avion depuis sa ville natale de Melbourne, en Australie, jusqu'en...
25 dignitaires Indien-ne-s et Pakistanais-es sont venu-e-s à Caux en 2009 dans le but de lancer des ponts entre leurs pays. L'homme qui a pris l'initiative de cette rencontre est Rajmohan Gandhi, un p...
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Le Programme des jeunes ambassadeurs et ambassadrices passe à un format en ligne
28/11/2021
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Le Programme des jeunes ambassadeurs et ambassadrices (YAP) est passé cet été pour la première fois à un format en ligne, après six années de croissance et de développement continus et une pause en 2020 pour réfléchir et s'adapter aux nouvelles réalités de la pandémie.
Ce nouveau format a mis au défi l'équipe organisatrice et sa longue et riche expérience. Comment rester fidèles à nos objectifs ? Comment faire vivre à nos participant-e-s une expérience proche de celle des rencontres en personne dans le magnifique cadre du Caux Palace ? Comment construire une communauté, une confiance et un espace sûr sur différentes plateformes en ligne ? Comment permettre aux jeunes de se connecter, de partager, d'apprendre, d'être inspiré-e-s et d’avoir confiance en leurs compétences nouvellement acquises ? La créativité, la flexibilité et un travail d'équipe étroit ont apporté toutes les réponses nécessaires.
J'ai acquis des outils utiles pour explorer / comprendre / réfléchir à mes propres attitudes et actions.
L’édition 2021 du s'est déroulée du 9 juillet au 29 août et se composait de sessions en ligne, de plateformes communautaires, d’outils de collaboration et de groupes de communication. Plus de 60 participant-e-s, issu-e-s d'une grande diversité de pays et de cultures, ont pris part à l’événement. Elles et ils voulaient toutes et tous découvrir comment jouer un rôle actif dans la transformation de la société.
Extrait d'une des sessions
Le programme a exploré la relation dynamique entre le changement personnel et le changement global, créé un espace pour l'échange d'expériences et la réflexion, et encouragé une action ciblée. Les animatrices et animateurs ont réussi à adapter leur méthodologie pour travailler en ligne. Les participant-e-s ont même trouvé le moyen de célébrer virtuellement leurs cultures et leur diversité !
C'était très motivant pour moi de voir tant de jeunes engage-e-s à travers le monde entier.
Lorsqu'on a demandé aux participant-e-s ce qu'ils et elles avaient retiré de ce programme, voici leurs réponses : compétences en matière de résolution de conflits, pensée critique, écoute active, empathie et compréhension, écoute ciblée, outils techniques pour partager et visualiser des opinions, compétences en matière de leadership, perspectives diverses sur des questions mondiales et nationales essentielles, respect de la diversité, acceptation de points de vue différents, connaissance et appréciation de cultures différentes.
Soirée culturelle
Le 26 novembre, les participant-e-s de cette édition ont eu l'occasion de rencontrer d’ancien-ne-s participant-e-s au YAP lors de deux séances de réseautage. Plusieurs personnes ont témoigné de leurs préoccupations sociales actuelles, ainsi que des projets et organisations dont ils et elles font partie.
YAP 2021 a été une merveilleuse opportunité de croissance pour toutes les personnes impliquées, y compris l'équipe, qui se sent maintenant encore plus confiante pour organiser les futures éditions du YAP, en ligne comme en présentiel.
J'ai l'impression que mon quotient émotionnel et ma compréhension du comportement individuel et collectif ont augmenté après avoir participé aux sessions.
« Un programme formidable qui vaut le détour. Du temps bien investi. Des sujets intéressants. D'excellents intervenant-e-s. Une organisation parfaite. »
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« Une expérience qui change la vie et élargit nos horizons. »
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« Une excellente occasion de développer votre intelligence émotionnelle. »
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« Une plateforme mondiale permettant aux futur-e-s professionnel-le-s de se connecter et de partager leur expertise. »
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« Réfléchi, collaboratif, stimulant et profond. La diversité de cultures et les perspectives présentées étaient précieuses. »
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« Un voyage dans l’apprentissage, porteur de fruits et sûr. Un espace d'apprentissage innovant. »
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« Une auto-introspection utile et la création de liens. »
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« Plus de programmes comme celui-ci. C'est ce dont le monde a besoin. Je souhaite le transposer à notre communauté. »
La journaliste espagnole Victoria Martín de la Torre passionnée par l'Europe, la diversité et les relations interconfessionnelles. Elle réfléchit divers aspects de l'Europe, s'appuyant sur la base de ...
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« Je suis vraiment reconnaissante envers la personne qui m'a fait découvrir le programme d’Initiatives et Changement « Devenir un-e artisan-e de paix » ! Ce programme a changé ma vie à bien des égards...
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2011: Lucette Schneider – Des choix qui font la magie de Caux
25/11/2021
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Pendant de nombreuses années, la Suissesse Lucette Schneider a organisé l'équipe qui se réunissait tôt le matin pour nettoyer, éplucher et couper les légumes destinés aux cuisines du centre de conférences de Caux. Eliane Stallybrass, qui a été responsable des opérations à Caux de 2008 à 2012, la connaissait bien :
Ann Hartnell, une Canadienne qui a passé de nombreux étés à diriger des équipes de cuisine à Caux, a décrit Lucette Schneider comme étant presque invisible, tant elle était efficace et discrète dans la cuisine des légumes.
Lucette n'était pas grande et marchait d'une manière qui montrait qu'elle avait des problèmes de dos. Mais ce dont on se souvient le plus, c'est de son sourire chaleureux.
Elle était presque invisible, tant elle était efficace et discrète. Mais ce dont on se souvient le plus, c'est de son sourire chaleureux.
Lucette (à droite) et son équipe préparent des légumes pour les cuisines de Caux.
« Service » doit avoir été son second prénom. Elle et son mari possédaient une épicerie et magasin où l'on vendait aussi du fromage. (Elle s'offusquait de la façon dont les gens, à Caux au buffet du petit-déjeuner, se coupaient des tranches de fromage sans croûte, laissant les morceaux durs pour les derniers venus. Elle m'a montré qu'il fallait couper sa tranche jusqu'à la croûte y compris, pour que tout le monde ait la même portion de fromage et de croûte).
Alors que je travaillais à l'attribution des chambres pour les hôtes arrivant, notre équipe a décidé de proposer à Lucette de loger dans une chambre sur le devant avec vue sur le lac, car elle travaillait presque toute la journée dans la salle des légumes sans soleil et sans vue. Elle était totalement opposée à cette idée : « Vous devez laisser ces chambres aux nouveaux arrivants. Je sais comment est la vue. Je peux en profiter le reste de l'année ».
L'équipe des légumes prépare des pommes pour un plat
Lorsque Lucette a pris sa retraite, elle a décidé de se charger de la préparation des légumes, en mémoire de son mari. Il avait travaillé à l'Economat pendant de nombreux étés. Lucette arrivait sur son lieu de travail tôt le matin, trouvait la liste des légumes nécessaires ce jour-là et les pesait pour que son équipe puisse se mette au travail en arrivant.
Son équipe était hétéroclite : ceux qui venaient étaient tous des participant-e-s à la conférence, mais surtout ceux qui avaient réussi à se lever tôt ! Il s'agissait principalement de dames âgées ayant une grande expérience mais aussi d'hommes n'ayant jamais tenu un éplucheur de pommes de terre. Lucette se souvient avoir montré à un Africain à l'allure distinguée comment éplucher des oignons. Il s'est avéré qu'il était chirurgien et avait travaillé en Bosnie pendant la guerre qui sévissait là-bas.
Lucette Schneider
Grigory Pomerants
Un autre volontaire était le philosophe russe Grigory Pomerants. Lucette a dû lui apprendre tout ce qui concerne l'épluchage et la manière de couper les légumes. En contrepartie, elle est allée écouter sa présentation, dont elle n'a compris que très peu de choses malgré la traduction. Elle trouvait que c'était un échange équitable!
Lucette avait le don de se faire des amis, bien qu'elle n'ait jamais réussi à apprendre l'anglais. Un jour, elle a avoué à mon mari, Andrew, qu'elle avait des problèmes avec un jeune homme qui participait à la conférence, Jorge. Elle n'aimait pas sa façon de s'habiller et était particulièrement gênée par sa coupe de cheveux à la mohicane. Il n'était pas Iroquois et elle trouvait donc que ce n'était pas correct. Lorsqu'elle était arrivée à Caux la première fois, les hommes portaient tous la cravate.
Mais elle n'était pas satisfaite d'avoir ces réactions et décida de chercher le positif chez Jorge. Elle avait remarqué qu'il avait un beau sourire. Elle demande alors à Andrew de leur fixer un rendez-vous, car ils ne parlent pas la même langue. Lucette arrive avec une barre de chocolat et Jorge lui explique pourquoi il est venu à Caux. A la fin du repas, ils se sont embrassés, Jorge ayant les larmes aux yeux.
Jeunes et moins jeunes travaillent ensemble
J'ai rencontré Lucette quand j'étais enfant. Elle connaissait mes parents et nous a emmenés, ma sœur et moi, à Caux dans sa camionnette dans les années 1950 - probablement ma première visite. Des années plus tard, nous nous sommes croisées à la cafétéria et nous nous sommes liées d'une véritable amitié.
Nous sommes restées amies jusqu'à sa mort en 2018, à l'âge de 99 ans. Elle et Robert nous ont généreusement permis - et à beaucoup d'autres aussi - de passer des vacances dans leur petit chalet du Jura, où tout le monde dormait dans la même pièce et se lavait à l'évier de la cuisine, en utilisant l'eau chauffée sur le poêle à bois.
Un jour, Robert m'a dit : « Pour moi, il n'y a pas de sacrifices dans la vie. Seulement des choix. » Leurs choix faisaient partie de cette magie qui a rendu Caux possible.
Pour moi, il n'y a pas de sacrifices dans la vie. Seulement des choix.
Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits» qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.
Photos: Initiatives et Changement
Photo du haut (provenant des archives) : Des dames allemandes nettoyant des légumes dans les cuisines de Caux.
Lorsque nous avons lancé la série 75 ans de récits en février 2021 au sujet des 75 ans de rencontres au centre de conférences d'Initiatives et Changement à Caux, nous n'avions aucune idée de l'aventur...
Alors que notre série de 75 histoires pour les 75 ans du centre de conférence d'Initiatives et Changement à Caux touche à sa fin, la présidente d'Initiatives et Changement Suisse, Christine Beerli, et...
En 2020, le Caux Forum a été mis en ligne en réponse à la pandémie. Ses organisateurs ont constaté que cela avait mis la rencontre à Caux à la portée de personnes du monde entier qui n'auraient pas pu...
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Caux Palace (qui deviendra plus tard le centre de conférence d'Initiatives et Changement en Suisse), a servi de refuge aux juifs et juives fuyant la Shoah. Au fi...
Lorsque Wael Boubaker, diplômé tunisien en économie, a rejoint le Programme de Caux pour la paix et le leadership (CPLP) en 2018, il s'attendait à une conférence qui ferait bien sur son CV, et à de be...
Tanaka Mhunduru, originaire du Zimbabwe, est l'un des organisateurs du Programme de Caux pour la paix et le leadership (CPLP), un programme d'un mois destiné aux jeunes du monde entier. Il y a partici...
La rencontre de l'hiver 2016 à Caux a représenté une expérience particulière pour Diana Damsa - non seulement parce qu'elle a fait l'expérience de Caux en hiver, mais aussi parce que, pour la première...
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L'année 2013 a été marquée par les premiers Dialogues de Caux sur la terre et la sécurité (CDLS). Ces événements, qui ont eu lieu au Centre de conférences et de séminaires de Caux, portent sur les lie...
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Mohan Bhagwandas n'est que trop conscient de son empreinte carbone. Au cours des 13 années allant de 2006 à 2019, il a pris 17 fois l'avion depuis sa ville natale de Melbourne, en Australie, jusqu'en...
25 dignitaires Indien-ne-s et Pakistanais-es sont venu-e-s à Caux en 2009 dans le but de lancer des ponts entre leurs pays. L'homme qui a pris l'initiative de cette rencontre est Rajmohan Gandhi, un p...
L'année 2008 a vu le lancement d'un cours inhabituel sur l'approche de l'Islam en matière de rétablissement de la paix, conçu par l'imam Ajmal Masroor du Royaume-Uni. Le coordinateur du cours, Peter R...
2010: Mohan Bhagwandas – Faire face à la crise d'intégrité
Par Michael Smith
23/11/2021
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Par Michael Smith
Mohan Bhagwandas n'est que trop conscient de son empreinte carbone. Au cours des 13 années allant de 2006 à 2019, il a pris 17 fois l'avion depuis sa ville natale de Melbourne, en Australie, jusqu'en Suisse pour participer aux conférences de Caux - soit une distance totale de 578 000 km, chaque vol durant environ 24 heures.
« En réalité, il s'agissait d'une crise d'intégrité qui a ébranlé notre confiance dans les systèmes bancaires et financiers », explique Mohan. « Le thème de la conférence n'aurait pas pu être plus adapté à notre époque. »
« C'était un privilège de travailler avec une équipe mondiale permettant de lancer ce programme d'I&C en 2018, visant à renforcer la confiance et l'intégrité dans une économie globalisée, et de le voir se déployer dans sept pays, en partenariat avec l'Institut Fetzer », dit-il.
Mohan a grandi à Colombo, au Sri Lanka. La pauvreté écrasante des personnes vivant dans les bidonvilles, et les conditions dans lesquelles les ouvriers d'usine devaient travailler ont fait germer sa passion pour le changement. Il a trouvé un moyen d'action pour y parvenir lorsqu'il a rencontré IofC dans les années 1970. « Cela m'a amené à présenter des excuses à mon père, ce qui a transformé notre relation », dit-il. Dans la période de ses 20 ans, il s'est consacré à oeuvrer à plein temps avec I&C.
Mon objectif était d'attirer une équipe de jeunes professionnel-le-s pour qu'ils et elles poursuivent leurs rêves d'un monde meilleur et plus équitable.
Avec l'ambassadeur de l'Inde Thomas Abraham (à gauche) et Vijayalakshmi Subrahmanyan à Caux
Il a travaillé avec I&C en Irlande du Nord, au Québec, dans le Nord-Est de l'Inde, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et en Australie. En 1989, il a entamé une carrière dans les technologies de l'information, supervisant la stratégie commerciale et la gestion du changement, pour une entreprise mondiale d'informatique basée à Melbourne. Sa famille et lui avaient émigré du Sri Lanka en 1972. En 2006, Mohan est revenu travailler avec IofC, dirigeant les conférences TIGE à Caux.
Réunion de préparation du TIGE à Caux : Talia Smith, Don de Silva, Mohan Bhagwandas, Michael Smith (de gauche à droite)
Dans leur livre académique Integral Development (2014), Alexander Schieffer et Ronnie Lessem décrivent Mohan comme « l'une de ces rares personnalités matures, où une forte boussole morale est assortie d'un dévouement persistant et calme au service par l'action. Guidé par un fort enracinement dans les valeurs et une profonde spiritualité [il est catholique romain], combinés à un sens du devoir et du pragmatisme, il apporte de la clarté aux personnes et aux contextes avec lesquels il s'engage. »
[Il est] l'une de ces rares personnalités matures où une forte boussole morale s'accompagne d'un dévouement calme et persistant au service par l'action.
« Le rythme effréné et l'agitation lui sont étrangers, tout comme le besoin de se mettre au premier rang dans la vie… Il agit plutôt en arrière-plan, nourrissant et encadrant les personnes qui travaillent avec lui..... Bhagwandas est le prototype du "leader serviteur" ».
L'équipe TIGE 2010 à Caux (Mohan est quatrième à partir de la gauche au premier rang)
L'équipe de direction des conférences TIGE comprenait des jeunes venus d'Inde, de Suède, du Mexique, du Royaume-Uni, des Pays-Bas, d'Italie et de Lettonie. « Mon objectif », déclare Mohan, « était d'attirer une équipe de jeunes professionnel-le-s pour qu'ils et elles poursuivent leurs rêves d'un monde meilleur et plus équitable. »
Parmi les principaux orateurs de TIGE figuraient Kofi Annan, ancien secrétaire général de l'ONU, Lady Susan Rice, alors directrice générale du groupe bancaire Lloyds en Écosse, et R. Gopalakrishnan, directeur de Tata Sons, en Inde.
Avec le Conseil international à Caux (Mohan est le deuxième en partant de la gauche)
En 2020, Mohan a rejoint Earthbanc, qui encourage les investissements dans la compensation des émissions de carbone et a été fondée par des personnes avec lesquelles il avait travaillé à Caux.« Nous vivons au carrefour d'une autre phase de transformation du monde, l'après-Covid », dit-il. « Le smartphone a mis les communications, les affaires, la finance, la musique et les vidéos dans la paume de notre main. La prochaine transformation concernera le soin et l'attention que l'on portera aux écosystèmes dont l'humanité dépend pour sa survie sur la planète Terre. C'est ce qui est devenu maintenant ma préoccupation première. »
Et il se réjouit que, grâce aux conférences en ligne, il peut réduir radicalement son empreinte carbone.
Nous vivons au carrefour d'une autre phase de transformation du monde, l'après-Covid.
Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits» qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.
Photos en tant que jeune homme, réunion de préparation de TIGE : Mohan Bhagwandas
Photo à la gare : Michael Smith
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Lorsque nous avons lancé la série 75 ans de récits en février 2021 au sujet des 75 ans de rencontres au centre de conférences d'Initiatives et Changement à Caux, nous n'avions aucune idée de l'aventur...
Alors que notre série de 75 histoires pour les 75 ans du centre de conférence d'Initiatives et Changement à Caux touche à sa fin, la présidente d'Initiatives et Changement Suisse, Christine Beerli, et...
En 2020, le Caux Forum a été mis en ligne en réponse à la pandémie. Ses organisateurs ont constaté que cela avait mis la rencontre à Caux à la portée de personnes du monde entier qui n'auraient pas pu...
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Caux Palace (qui deviendra plus tard le centre de conférence d'Initiatives et Changement en Suisse), a servi de refuge aux juifs et juives fuyant la Shoah. Au fi...
Lorsque Wael Boubaker, diplômé tunisien en économie, a rejoint le Programme de Caux pour la paix et le leadership (CPLP) en 2018, il s'attendait à une conférence qui ferait bien sur son CV, et à de be...
Tanaka Mhunduru, originaire du Zimbabwe, est l'un des organisateurs du Programme de Caux pour la paix et le leadership (CPLP), un programme d'un mois destiné aux jeunes du monde entier. Il y a partici...
La rencontre de l'hiver 2016 à Caux a représenté une expérience particulière pour Diana Damsa - non seulement parce qu'elle a fait l'expérience de Caux en hiver, mais aussi parce que, pour la première...
Lisbeth Lasserre est originaire de Winterthur, où ses grands-parents, Hedy et Arthur Hahnloser, avaient constitué une collection d'art privée dans leur maison, la Villa Flora. Parmi leurs amis artiste...
Catherine Guisan est professeur associé invité à l'université du Minnesota, aux États-Unis. Elle a écrit deux livres sur les fondements éthiques de l'intégration européenne. En 2014, elle est interven...
L'année 2013 a été marquée par les premiers Dialogues de Caux sur la terre et la sécurité (CDLS). Ces événements, qui ont eu lieu au Centre de conférences et de séminaires de Caux, portent sur les lie...
Lorsque Merel Rumping, originaire des Pays-Bas, s'est rendue à Caux pour la première fois en 2012, elle avait un objectif en tête : « explorer comment je pourrais contribuer à un monde plus juste à t...
Pendant de nombreuses années, la Suissesse Lucette Schneider a organisé l'équipe qui se réunissait tôt le matin pour nettoyer, éplucher et couper les légumes destinés aux cuisines du centre de confére...
25 dignitaires Indien-ne-s et Pakistanais-es sont venu-e-s à Caux en 2009 dans le but de lancer des ponts entre leurs pays. L'homme qui a pris l'initiative de cette rencontre est Rajmohan Gandhi, un p...
L'année 2008 a vu le lancement d'un cours inhabituel sur l'approche de l'Islam en matière de rétablissement de la paix, conçu par l'imam Ajmal Masroor du Royaume-Uni. Le coordinateur du cours, Peter R...
2009: Rajmohan Gandhi – Des ponts entre l'Inde et le Pakistan
Par John Bond
22/11/2021
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Par John Bond
Le rythme effréné de la rock star pakistanaise Salman Ahmad a résonné dans le théâtre de Caux. Ahmad, qui est également médecin et ambassadeur de bonne volonté des Nations unies, faisait partie des 25 dignitaires Indien-ne-s et Pakistanais-es qui sont venu-e-s à Caux en 2009 dans le but de lancer des ponts entre leurs pays.
Dialogue Inde-Pakistan à Caux, 2009
Comme l'a déclaré un ministre de l'un des gouvernements provinciaux du Pakistan, « l'objectif qui nous tous tient à coeur, la paix, la sécurité et le développement, restera insaisissable tant que nous n'aurons pas appris à nous faire confiance. Nous sommes réunis ici pour forger une coalition des consciences ».
La « coalition des consciences » est une expression inattendue de la part d'un homme politique, mais elle exprime bien l'objectif de l'homme qui a pris l'initiative du rassemblement, Rajmohan Gandhi, petit-fils du Mahatma Gandhi.
Dans l'esprit de son grand-père, Rajmohan s'est consacré à réduire les divisions en Asie du Sud. En tant que professeur d'histoire, il connaît le coût tragique des conflits entre Indien-e-s et Pakistanais-es, entre hindou-e-s et musulman-e-s. Il sait aussi que la haine peut être guérie, et son appel à tous est de faire un examen de conscience et de découvrir quel est son rôle dans la guérison. « Le choix n'est pas entre "notre" Dieu et "leur" Dieu, car Dieu est unique », écrit-il. « Le choix est entre un vent porteur de poison et le murmure du Dieu unique, qui nous fait part de ses conseils salutaires ».
Rajmohan Gandhi signant des exemplaires de son histoire du Pendjab lors d'un festival littéraire à Karachi, au Pakistan, 2014
Caux s'est avéré être un lieu approprié pour la discussion entre l'Inde et le Pakistan. « Caux est, à mon sens, un endroit unique », écrit un journaliste indien. « Quatre jours après le début de notre séjour, j'ai enfin compris ce qui le caractérisait. C'était l'absence de convoitise. Nous avons construit un monde entier autour de la glorification de l'esprit de compétition. Pendant quelques jours, nous avons laissé tout cela derrière nous et nous avons parlé en tant qu'êtres humains. Nous sommes tous revenus un peu changés et nous nous sommes sentis beaucoup plus proches les uns des autres. J'espère que nous serons en mesure de traduire cet état d'esprit en actions ».
Nous sommes tous revenus un peu changés et nous nous sommes sentis beaucoup plus proches les uns des autres. J'espère que nous serons en mesure de le traduire en actions.
Rajmohan est venu pour la première fois à Caux en 1956 avec des membres de sa famille qui étaient en visite en Europe. Son père, Devadas Gandhi, directeur de la rédaction de l'Hindustan Times, a déclaré à Caux : « Si le Réarmement moral (comme s'appelait alors Initiatives et Changement/I&C) échoue, le monde échoue ». Rajmohan l'a suivi dans la voie du journalisme, d'abord comme stagiaire au Scotsman à Edimbourg. Là, il a séjourné dans une famille associée au Réarmement moral; il fut attiré par leurs qualités et leur manière d'être et d'aborder la vie; il décida de s'engager lui aussi dans cette action.
Rajmohan Gandhi (à gauche) à Thiruvananthapuram, en Inde, avec KM Cherian, rédacteur en chef de Malayala Manorama, et le réformateur social Mannath Padmanabhan lors de la Marche sur Roues
Très vite, il prend la tête d'une Marche sur Roues, depuis la pointe sud de l'Inde jusqu'à Delhi, appelant à « une Inde propre, forte et unie » lors de grands rassemblements le long de leur parcours. De nombreux jeunes ont répondu à l'appel, et lui et ses collègues ont organisé des camps de formation à leur intention, dont l'un à Panchgani, dans les collines du Maharashtra.
En 1964, il lance l'hebdomadaire Himmat (qui signifie « courage ») qui, selon lui, est « une flamme qui dit la vérité au pouvoir et à la rue » et « un pont qui dépasse les clivages ». Il a été publié pendant 17 ans.
Rajmohan Gandhi avec le leader américain des droits civiques Leon Sullivan à Caux, 1983
En 1968, lui et ses collègues ont établi un centre de rencontres, Asia Plateau, à Panchgani. Depuis lors, des milliers d'Indien-ne-s y ont participé chaque année à des cours de formation, et de nombreuses conférences internationales s'y sont tenues. Elles étaient toutes basées sur la conviction que chacun et chacune peut contribuer à changer pour le mieux la société et le milieu dans lesquels nous vivons, si nous sommes prêts à commencer par nous-mêmes.
Rajmohan a œuvré pour cette société meilleure par de nombreux moyens. Il s'est battu pour l'intégrité en politique, et a siégé à la Chambre haute du Parlement indien. Il a constamment utilisé sa voix en tant qu'universitaire, journaliste et homme politique pour défendre les droits de l'homme et la démocratie. Hindou, il a pris fermement position contre les tentatives visant à traiter les Indien-ne-s musulman-e-s comme des citoyen-ne-s de seconde zone. Plusieurs des 14 livres d'histoire et de biographie qu'il a écrits portent sur le rôle et la condition des musulman-e-s du sous-continent.
Rajmohan Gandhi en visite en Palestine
Dans le monde entier, lui et sa femme Usha sont chaleureusement accueillis. Il est un représentant éloquent de l'approche du Mahatma Gandhi, et sa vie est imprégnée des valeurs de son grand-père - valeurs qui sont plus que jamais d'actualité.
Tout au long de ces années, Caux et Asia Plateau ont coopéré, et les échanges entre les centres ont renforcé le travail de chacun en vue de créer une société plus inclusive, plus juste et plus solidaire. Les Indien-ne-s ont apporté à Caux leur expérience pour combattre la corruption, guérir les divisions, apporter la justice dans des situations injustes.
Rajmohan et Usha Gandhi sont parmi ceux et celles qui ont le plus contribué à construire cette coopération.
Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits» qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.
Photo Asia Plateau: Edward Peters
Photo avec Daisy Crowchild: Arthur Strong
Photo Usha et Rajmohan Gandhi à Caux: John Azzopardi
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Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Caux Palace (qui deviendra plus tard le centre de conférence d'Initiatives et Changement en Suisse), a servi de refuge aux juifs et juives fuyant la Shoah. Au fi...
Lorsque Wael Boubaker, diplômé tunisien en économie, a rejoint le Programme de Caux pour la paix et le leadership (CPLP) en 2018, il s'attendait à une conférence qui ferait bien sur son CV, et à de be...
Tanaka Mhunduru, originaire du Zimbabwe, est l'un des organisateurs du Programme de Caux pour la paix et le leadership (CPLP), un programme d'un mois destiné aux jeunes du monde entier. Il y a partici...
La rencontre de l'hiver 2016 à Caux a représenté une expérience particulière pour Diana Damsa - non seulement parce qu'elle a fait l'expérience de Caux en hiver, mais aussi parce que, pour la première...
Lisbeth Lasserre est originaire de Winterthur, où ses grands-parents, Hedy et Arthur Hahnloser, avaient constitué une collection d'art privée dans leur maison, la Villa Flora. Parmi leurs amis artiste...
Catherine Guisan est professeur associé invité à l'université du Minnesota, aux États-Unis. Elle a écrit deux livres sur les fondements éthiques de l'intégration européenne. En 2014, elle est interven...
L'année 2013 a été marquée par les premiers Dialogues de Caux sur la terre et la sécurité (CDLS). Ces événements, qui ont eu lieu au Centre de conférences et de séminaires de Caux, portent sur les lie...
Lorsque Merel Rumping, originaire des Pays-Bas, s'est rendue à Caux pour la première fois en 2012, elle avait un objectif en tête : « explorer comment je pourrais contribuer à un monde plus juste à t...
Pendant de nombreuses années, la Suissesse Lucette Schneider a organisé l'équipe qui se réunissait tôt le matin pour nettoyer, éplucher et couper les légumes destinés aux cuisines du centre de confére...
Mohan Bhagwandas n'est que trop conscient de son empreinte carbone. Au cours des 13 années allant de 2006 à 2019, il a pris 17 fois l'avion depuis sa ville natale de Melbourne, en Australie, jusqu'en...
L'année 2008 a vu le lancement d'un cours inhabituel sur l'approche de l'Islam en matière de rétablissement de la paix, conçu par l'imam Ajmal Masroor du Royaume-Uni. Le coordinateur du cours, Peter R...
2008 : Apprendre à être un artisan de paix - « Une révélation pour le monde »
17/11/2021
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Ajmal Masroor
L'année 2008 a vu le lancement d'un cours inhabituel sur l'approche de l'Islam en matière de rétablissement de la paix, conçu par l'imam Ajmal Masroor du Royaume-Uni. Le coordinateur du cours, Peter Riddell, décrit comment il a vu le jour :
« Ma femme et moi avons eu une conversation honnête au milieu de la nuit », m'a raconté l'imam Ajmal Masroor de Londres en arrivant pour le petit-déjeuner dans la salle à manger du centre de conférence d'Initiatives et Changement à Caux. Il participait à une conférence de formation en 2007 intitulée Des Outis pour le changement (Tools for Change), et avait dû entendre l'expression "conversation honnête" lors de la séance d'ouverture la veille au soir.
Sa bonne humeur suggérait que l'expérience avait été positive, du moins pour lui. Plus tard, sa femme est arrivée avec leur petite fille - et tous deux avaient l'air détendus. Je me suis dit que ça ne pouvait pas trop mal se passer.
Puis Ajmal m'a dit qu'il avait une proposition à discuter : Serait-il possible pour lui de donner un cours sur l'instauration de la paix dans l'islam pour des jeunes musulman-e-s européen-e-s à Caux l'été suivant en 2008 ? Il avait déjà donné ce cours dans plusieurs pays de cette région, mais il souhaitait toucher un plus vaste public européen.
Il a expliqué que les jeunes musulman-e-s européen-e-s né-e-s d'immigrant-e-s de première génération se sentaient souvent déchiré-e-s entre les attentes culturelles de leurs parents et celles de leurs camarades à l'école ou à l'université. Étaient-ils et elles européen-e-s ou quelque chose qu'ils et elles tenaient de leurs parents? Ils et elles ne se sentaient à l'aise ou accepté-e-s dans aucune des deux cultures.
Pour lui, la réponse réside dans la compréhension du fait que le cœur de l'Islam est l'établissement de la paix. L'ordre de Dieu dans le Coran est de « répandre la paix parmi vous ». « Votre voisin est la personne dont la porte est la plus proche de la vôtre », a déclaré le prophète Mahomet. Un aspect du l'établissement de la paix est le service, et en servant la communauté, vous découvrez que vos différentes identités ne sont pas contradictoires, mais complémentaires.
Nous avons testé l'idée sur un groupe de jeunes musulman-e-s qui participaient à la conférence Des outils pour les acteurs et actrices du changement (T4C). Leur enthousiasme était évident et ceux qui planifiaient le programme de l'année suivante ont accepté que nous menions un projet pilote. L'aventure a donc commencé.
Un aspect de l'établissement de la paix est le service, et en servant la communauté, vous découvrez que vos différentes identités ne sont pas conflictuelles, mais complémentaires.
Participant-e-s à l'escalade des Rochers de Naye près de Caux, 2018.
Le nouveau programme s'appelait Devenir un-e artisan- de paix (LPM) et l'idée était que cela fasse partie d'une série de parcours d'apprentissage simultanés dans le cadre de la semaine de conférence T4C. Grâce à cela, un petit groupe de jeunes musulma-e-s se familiariserait avec le centre de conférence de Caux, l'approche d'Initiatives et Changement et le contenu du cours LPM. Ils seraient ainsi en mesure de jouer le rôle d'"hôtes" pour le cours complet en 2009.
Ainsi, fin juillet 2008, 14 jeunes musulman-e-s de France, de Suède, d'Allemagne et du Royaume-Uni sont arrivé-e-s à Caux.
Participant-e-s, 2018
Ajmal est parvenu à faire passer une quantité extraordinaire d'informations dans ce court laps de temps, notamment les principes islamiques de faire la paix, l'éthique du désaccord, les initiatives d'instauration de la paix du prophète Mahomet, la violence et l'extrémisme, la loyauté et la citoyenneté, la paix intérieure et la paix extérieure, ainsi que les caractéristiques des artisans de paix, illustrées par des expériences personnelles.
Les réactions des jeunes musulman-e-s ont été positives : «Ce cours m'a appris à être honnête, tolérant et ouvert », « mon cœur est plein d'espoir et mon esprit plein d'énergie quant à l'avenir des jeunes citoyens européens (musulmans ou non) », « une ouverture sur le monde ».
Le cours m'a appris à être honnête, tolérant et ouvert.
Participant-e-s à Caux avec le Dr Omnia Marzouk (à gauche), Peter Riddell (deuxième à partir de la droite) et Ajmal Masroor (à droite), 2019
Les organisateurs de Caux ont apprécié la courtoisie et la discipline que les participant-e-s ont apportées à la conférence - particulièrement évidentes lorsqu'ils ont pris part, avec d'autres participant-e-s à la conférence, à des tours de service dans la salle à manger ou la cuisine. Le feu vert a donc été donné pour un "double programme" en 2009 : les participant-e-s prendraient part au cours de cinq jours sur la LPM, puis à T4C.
Cette année-là, il y a eu plus de 50 participant-e-s et 15 hôtes de sept pays, dont des non-musulman-e-s pour la première fois. La BBC World Service a envoyé un reporter qui a écrit : « Cette combinaison d'enseignement islamique orthodoxe et de spiritualité multiconfessionnelle est un mélange inhabituel, mais qui, selon les organisateurs, reflète la société européenne complexe dans laquelle vivent ces jeunes musulmans ». Et le journal suisse local 24 heures s'interrogeait dans son article "Un atelier international réunit les jeunes musulmans" du 13 août 2009 :« L'ancien Caux-Palace pourrait-il être aujourd'hui le lieu où se réinvente le difficile et inévitable dialogue entre l'Europe et l'islam ? ».
Devenir un-e artisan-e de paix, 2018
Bien que la période du Ramadan l'ait empêchée de se tenir pendant cinq ans, LPM a toujours fait partie des conférences de Caux depuis lors. Pendant la fermeture du centre en 2020 et 2021, la session s'est déroulée en ligne. Plus de 180 participant-e-s d'un large éventail de pays et d'ethnies y ont pris part.
L'effet a été profond. « Ce n'est que lorsque j'ai rencontré des personnes de toute l'Europe [à Caux] qui m'ont porté dans leur cœur que j'ai fini par porter l'Europe dans mon cœur », a déclaré Javed Latif, un ingénieur en mécanique des Pays-Bas.
Cérémonie de clôture 2018 avec Ajmal Masroor et Peter Riddell (au centre)
Maryam Shah, étudiante britannique, a déclaré :« Au lieu de laisser un sentiment d'isolement ou de non-intégration conduire à la tristesse ou à la violence, on nous a appris à canaliser ces émotions vers quelque chose de bien plus constructif : travailler pour que les sociétés dans lesquelles nous vivons deviennent plus inclusives, plus compréhensives et plus tolérantes ».
Et Omayma Soltani, française musulmane, pharmacienne diplômée, de parents tunisiens a fait référence à ses multiples identités en déclarant : « Ce cours m'a aidée à comprendre que pour être plus moi-même, je devais accepter toutes ces composantes qui sont en moi, car ce sont elles qui me définissent ».
Revenant sur l'ensemble de l'expérience, l'imam Ajmal commente : « La paix intérieure, la paix avec les gens autour de soi et la paix avec Dieu sont les fondements de la construction de la paix dans l'Islam. Ce cours est mon rêve devenu réalité, nourrir la paix chez les gens ! ».
Ce cours est mon rêve devenu réalité, nourrir la paix chez les gens !
Participant-e-s de l'édition 2021 de Devenir un-e artisan-e de paix
Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits» qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.
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Tanaka Mhunduru, originaire du Zimbabwe, est l'un des organisateurs du Programme de Caux pour la paix et le leadership (CPLP), un programme d'un mois destiné aux jeunes du monde entier. Il y a partici...
La rencontre de l'hiver 2016 à Caux a représenté une expérience particulière pour Diana Damsa - non seulement parce qu'elle a fait l'expérience de Caux en hiver, mais aussi parce que, pour la première...
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Catherine Guisan est professeur associé invité à l'université du Minnesota, aux États-Unis. Elle a écrit deux livres sur les fondements éthiques de l'intégration européenne. En 2014, elle est interven...
L'année 2013 a été marquée par les premiers Dialogues de Caux sur la terre et la sécurité (CDLS). Ces événements, qui ont eu lieu au Centre de conférences et de séminaires de Caux, portent sur les lie...
Lorsque Merel Rumping, originaire des Pays-Bas, s'est rendue à Caux pour la première fois en 2012, elle avait un objectif en tête : « explorer comment je pourrais contribuer à un monde plus juste à t...
Pendant de nombreuses années, la Suissesse Lucette Schneider a organisé l'équipe qui se réunissait tôt le matin pour nettoyer, éplucher et couper les légumes destinés aux cuisines du centre de confére...
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2007: Mohamed Sahnoun – Guérir les mémoires blessées
16/11/2021
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Le diplomate et ambassadeur algérien Mohamed Sahnoun a été président d'Initiatives et Changement International de 2006 à 2009, et a fondé le Forum annuel sur la sécurité humaine à Caux. Andrew Stallybrass du Royaume-Uni/Suisse a partagé un bureau avec lui à Genève :
Mohamed Sahnoun
Peu après l'élection de Mohamed Sahnoun à la présidence d'Initiatives et Changement International, il a été interviewé à la télévision suisse au sujet d'un roman autobiographique qu'il venait de publier. Je l'ai accompagné au studio et me suis assis dans la salle de contrôle avec les techniciens. Ils étaient sous le charme de l'authenticité limpide de cette personne apparemment peu charismatique.
Pendant la guerre d'indépendance de l'Algérie contre la France, Mohamed Sahnoun, comme beaucoup d'autres jeunes nationalistes, a été arrêté par les forces de sécurité et torturé dans la tristement célèbre Villa Suzini. Il a porté les conséquences de ces terribles semaines toute sa vie - les coups et les demi-noyades l'ont rendu sourd d'une oreille.
Cette guerre vicieuse a fait des centaines de milliers de morts et de déplacés - et a laissé une période de l'histoire qui n'est toujours pas cicatrisée à ce jour.
Cinquante ans après ces événements, Sahnoun a publié son roman, « Mémoire blessée ». Il l'avait écrit bien avant pour une diffusion privée entre amis, disait-il, mais ce sont les rapports de 2004 sur la torture à Abu Ghraib, en Irak, qui l'ont incité à le partager plus largement.
Le principal protagoniste du roman, Salem (d'après Sahnoun), est sauvé et protégé par des Français, de sorte que le titre du livre pourrait également être « La mémoire guérie ». Anna, une Française qui l'aide, dit : « Nous devons toujours être prêts à accepter la souffrance comme un précurseur de la joie. L'accouchement est peut-être le meilleur exemple de ce que je veux dire ».
Ils sont restés sous le charme de l'authenticité limpide de ce personnage apparemment peu charismatique.
Mohamed Sahnoun avec Katherine Marshall de l'Université de Gerogetown au Forum de Caux pour la Sécurité Humaine, 2011
Alors qu'il était étudiant à New York, Mohamed Sahnoun a aidé à organiser la première visite d'État aux États-Unis du président de l'Algérie nouvellement indépendante, Ahmed Ben Bella. Cette visite a eu lieu pendant la crise des missiles de Cuba en 1962, qui menaçait de plonger le monde dans une guerre nucléaire. Comme Ben Bella se rendait à Cuba, le Président Kennedy lui a demandé d'être un « back channel » avec le président cubain, Fidel Castro. C'est à ce moment-là que Sahnoun a rencontré Kennedy pour la première fois.
C'est de là qu'il fut parachuté dans ce qui allait devenir une carrière diplomatique distinguée. Il a été successivement ambassadeur d'Algérie en Allemagne, en France, aux États-Unis, au Maroc et aux Nations unies. Il aspirait à ce que l'Afrique s'épanouisse, ce qui lui a donné une passion pour résoudre les différends frontaliers postcoloniaux et les autres conflits qui freinaient le développement de l'Afrique.
Avec Cornelio Sommaruga (à droite) au Forum de Caux pour la sécurité humaine, 2011
En tant qu'envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies, il a joué un rôle de médiateur dans de nombreux conflits en Afrique dans les années 1990 et au début des années 2000. À un moment donné, il était responsable de la médiation de l'ONU dans cinq pays et il ne dormait que dans les avions qui le reliaient à ces pays. Il refusait de prendre des médicaments contre le paludisme, car il trouvait que cela pouvait l'engourdir à un moment où sa vigilance pouvait être cruciale pour la réussite d'une médiation.
Son empathie avec toutes les parties le rendait remarquablement efficace. À la retraite à Genève, il s'est un jour joint à une réunion de 200 artisans de la paix dans la Maison de la Paix de la ville. Le président a immédiatement interrompu la réunion en disant : « Puis-je attirer votre attention sur la présence d'un homme qui a résolu plus de conflits que la plupart d'entre nous n'en ont même entendu parler? »
Puis-je attirer votre attention sur la présence d'un homme qui a résolu plus de conflits dont la plupart d'entre nous n'ont même jamais entendu parler.
Sahnoun était passionné par le potentiel de Caux en tant que lieu de rencontre pour ceux qui sont aux prises avec les défis de la guerre, de la pauvreté et de la destruction de l'environnement. À une époque où les puissances occidentales se concentraient sur la « guerre contre le terrorisme» , il pensait que le véritable problème n'était pas un choc des civilisations, mais un manque de sécurité dans son sens le plus large, qui englobe toutes les conditions d'une vie digne et acceptable. Il a fondé et présidé le Forum de Caux pour la sécurité humaine, qui a eu lieu chaque année de 2008 à 2012.
Kofi Annan, Mohamed Sahnoun et Cornelio Sommaruga lors de la clôture de la conférence TIGE à Caux, 2013
Le Forum a réuni des politiciens, des diplomates, des universitaires, des journalistes, des travailleurs de terrain, des hommes d'affaires et des artistes pour explorer les sources profondes de la sécurité humaine et construire une coalition mondiale des consciences sur ces questions.
« Les causes de l'insécurité opèrent à deux niveaux » - a déclaré M. Sahnoun. « D'une part, l'effondrement social, la guerre, l'humiliation de peuples entiers, la répartition inégale des richesses... Et d'autre part, ce bloc solide et tenace à l'intérieur de chacun de nous, fait d'amertume et de conflits, qui tue l'espoir et la foi, et nous empêche de nous renouveler. »
Résoudre les conflits de demain exige une diplomatie qui intègre l'art d'écouter réellement les gens et de prendre en compte leurs blessures.
« Pour trouver une stratégie de prévention des causes profondes de l'insécurité et contribuer à gérer les conflits et à sauver des millions de vies, il faudra une confiance et une collaboration sans précédent entre toutes les nations et tous les acteurs.
L'humanité ne peut éviter ce type de changement qui commence avec chacun d'entre nous, ce qui implique un défi personnel et l'apprentissage de l'écoute. Résoudre les conflits de demain exige une diplomatie qui intègre l'art d'écouter réellement les gens et de prendre en compte leurs blessures. Sans cela, il n'est pas possible de désamorcer la bombe à retardement de l'humiliation.»
Mohamed Sahnoun est décédé en 2018, de retour en Algérie. Pour moi, c'était un Mahatma - une grande âme.
Écoute attentive lors de la conférence Trust and Integrity in the Global Economy (TIGE) à Caux, 2013.
Mohamed Sahnoun laisse derrière lui le souvenir d'un homme de grande sagesse. Il y a eu très peu d'hommes comme lui.
Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits» qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.
Vidéo : Initiatives et Changement Suisse
Photos (sauf portrait et avec Katherine Marshall) : Initiatives et Changement
Lorsque nous avons lancé la série 75 ans de récits en février 2021 au sujet des 75 ans de rencontres au centre de conférences d'Initiatives et Changement à Caux, nous n'avions aucune idée de l'aventur...
Alors que notre série de 75 histoires pour les 75 ans du centre de conférence d'Initiatives et Changement à Caux touche à sa fin, la présidente d'Initiatives et Changement Suisse, Christine Beerli, et...
En 2020, le Caux Forum a été mis en ligne en réponse à la pandémie. Ses organisateurs ont constaté que cela avait mis la rencontre à Caux à la portée de personnes du monde entier qui n'auraient pas pu...
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Caux Palace (qui deviendra plus tard le centre de conférence d'Initiatives et Changement en Suisse), a servi de refuge aux juifs et juives fuyant la Shoah. Au fi...
Lorsque Wael Boubaker, diplômé tunisien en économie, a rejoint le Programme de Caux pour la paix et le leadership (CPLP) en 2018, il s'attendait à une conférence qui ferait bien sur son CV, et à de be...
Tanaka Mhunduru, originaire du Zimbabwe, est l'un des organisateurs du Programme de Caux pour la paix et le leadership (CPLP), un programme d'un mois destiné aux jeunes du monde entier. Il y a partici...
La rencontre de l'hiver 2016 à Caux a représenté une expérience particulière pour Diana Damsa - non seulement parce qu'elle a fait l'expérience de Caux en hiver, mais aussi parce que, pour la première...
Lisbeth Lasserre est originaire de Winterthur, où ses grands-parents, Hedy et Arthur Hahnloser, avaient constitué une collection d'art privée dans leur maison, la Villa Flora. Parmi leurs amis artiste...
Catherine Guisan est professeur associé invité à l'université du Minnesota, aux États-Unis. Elle a écrit deux livres sur les fondements éthiques de l'intégration européenne. En 2014, elle est interven...
L'année 2013 a été marquée par les premiers Dialogues de Caux sur la terre et la sécurité (CDLS). Ces événements, qui ont eu lieu au Centre de conférences et de séminaires de Caux, portent sur les lie...
Lorsque Merel Rumping, originaire des Pays-Bas, s'est rendue à Caux pour la première fois en 2012, elle avait un objectif en tête : « explorer comment je pourrais contribuer à un monde plus juste à t...
Pendant de nombreuses années, la Suissesse Lucette Schneider a organisé l'équipe qui se réunissait tôt le matin pour nettoyer, éplucher et couper les légumes destinés aux cuisines du centre de confére...
Mohan Bhagwandas n'est que trop conscient de son empreinte carbone. Au cours des 13 années allant de 2006 à 2019, il a pris 17 fois l'avion depuis sa ville natale de Melbourne, en Australie, jusqu'en...
25 dignitaires Indien-ne-s et Pakistanais-es sont venu-e-s à Caux en 2009 dans le but de lancer des ponts entre leurs pays. L'homme qui a pris l'initiative de cette rencontre est Rajmohan Gandhi, un p...
L'année 2008 a vu le lancement d'un cours inhabituel sur l'approche de l'Islam en matière de rétablissement de la paix, conçu par l'imam Ajmal Masroor du Royaume-Uni. Le coordinateur du cours, Peter R...