2021: Initiatives et Changement Suisse - Ouvrir les portes de Caux pour un nouveau chapitre
31/12/2021
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Alors que notre série de 75 histoires pour les 75 ans du centre de conférence d'Initiatives et Changement à Caux touche à sa fin, la présidente d'Initiatives et Changement Suisse, Christine Beerli, et ses deux co-directeurs généraux, Stephanie Buri et Nick Foster, partagent leurs points de vue.
Christine Beerli : Un défi intemporel
« Construire des ponts par-dessus les divisions du monde » - ce défi intemporel est le programme d'Initiatives et Changement Suisse. Toutes les histoires personnelles émouvantes que nous avons publiées au cours de notre année anniversaire témoignent de personnes qui se sont rapprochées les unes des autres dans des situations difficiles et ont construit des ponts.
On a besoin de bâtisseurs de ponts partout !
Dans notre vie actuelle, la pandémie nous a obligés à communiquer principalement par des moyens numériques et nos nerfs sont souvent à vif. Écouter, essayer de comprendre et créer des liens sont de la plus haute importance. I&C ne manquera pas de travail dans les 75 prochaines années On a besoin de bâtisseurs de ponts partout !
Christine Beerli s'exprimant lors de la cérémonie d'ouverture du Caux Forum 2021
Nick Foster : Travailler ensemble
Ma première vraie rencontre avec Initiatives et Changement (I&C) a eu lieu à Londres en 1992, lors d'un rassemblement hebdomadaire de jeunes gens, appelé Making Britain a Home. Nous avons discuté de ce qui se passait dans nos vies, partagé des repas et des moments de silence, et découvert ce qui faisait, et parfois ne faisait pas, de la Grande-Bretagne un foyer.
Le groupe était incroyablement diversifié et nos discussions ont amené à des changements de vie et de perspectives.
J'ai commencé à comprendre à quel point mon expérience de la vie était privilégiée. Les préjugés systémiques que les autres membres du groupe subissaient chaque jour n'avaient joué qu'un rôle minime dans ma compréhension de mon pays.
J'ai poursuivi ma découverte du monde et de moi-même en participant, avec Erik et Sheila Andren, au programme Foundations for Freedom, qui venait de démarrer en Europe et en Russie après la perestroïka. J'ai davantage évolué grâce à ces expériences et aux amitiés qui en ont résulté que grâce à toute l'éducation traditionnelle que j'avais reçue. J'ai ressenti un sentiment d'appartenance que je n'avais jamais connu auparavant : même lorsque je rencontrais de nouvelles personnes dans le réseau I&C, c'était comme si je revêtais un vêtement familier et réconfortant.
Je suis convaincu que de bâtir des ponts de confiance par-dessus les divisions du mondeest le seul moyen pour qu'un avenir viable soit possible.
En 2012, j'ai commencé à travailler avec I&C Suisse. Je suis convaincu que de bâtir des ponts de confiance par-dessus les divisions du monde, en lien avec le sens que les individus donnent à leur vie, est le seul moyen pour qu'un avenir viable soit possible. La pandémie nous a montré que le monde de l'écrit, la communication numérique et les bulles qui se forment dans les médias sociaux engendrent trop facilement la méfiance et créent une santé sociale et mentale déficiente.
J'espère qu'en 2022 et au-delà, nous pourrons à nouveau ouvrir les portes de Caux, pour que des échanges profonds et des transformations personnelles aient lieu. Nous avons vraiment besoin les uns des autres - et notre planète a besoin que nous travaillions ensemble.
Stephanie Buri et Nick Foster lancent le Caux Forum 2021
Stephanie Buri : Le prochain chapitre
75 ans d'histoires, 75 ans de rencontres, 75 ans de conférences, abordant les questions fondamentales de leur temps et rassemblant des personnes de tous les coins de la terre et de tous les horizons. Soixante-quinze ans d'interactions riches, qui ont parfois amené à des changements de vie.
Au cours de cette année anniversaire, nous avons raconté les histoires de personnes dont la vie a été touchée par Caux, une pour chaque année. Il s'agit de rencontres d'une grande portée, comme celles qui ont eu lieu entre Français et Allemands après la Seconde Guerre mondiale ou entre Somaliens de communautés belligérantes en 2005 ; il y a aussi des moments à couper le souffle, comme en 1981, lorsqu'Agnès Hofmeyr a parlé depuis la scène avec un homme qui avait approuvé le meurtre de son père ; enfin, il y a des histoires glânées dans les couloirs, les bureaux et les cuisines concernant de nombreux bénévoles qui ont rendu les conférences possibles.
C'est maintenant à nous tous d'écrire le prochain chapitre de Caux et de ses rencontres.
Il y a un nouvel amour, un mariage et un mariage qui renaît. Il y a les moments où de nouvelles initiatives ont pris leur envol - Hope in the Cities, qui traite des problèmes de race, de pauvreté et d'aliénation dans les villes américaines ; Creators of Peace, qui donne aux femmes les moyens d'être des actrices du changement ; et la Table ronde de Caux, qui réunit des industriels du Japon, des États-Unis et d'Europe. Jeunes, vieux et adultes décrivent comment une expérience ou une rencontre à Caux a changé le cours de leur vie.
C'est maintenant à nous tous d'écrire le prochain chapitre de Caux et de ses rencontres, qui, ces deux dernières années, se sont surtout déroulées en ligne. Les gens ont ramené Caux chez eux, et il y a une réelle soif de se rencontrer à nouveau de manière nouvelle et durable. Je me réjouis d'écrire ce prochain chapitre avec vous.
Cette histoire est la dernière de notre série 75 ans d'histoires parlant de personnes qui ont trouvé une nouvelle orientation et une nouvelle inspiration grâce à notre centre de conférence de Caux, une pour chaque année de 1946 à 2021. Si vous souhaitez en savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme Pour un Monde Nouveau (For a New World).
Photo en haut: Cindy Bühler
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L'année 2013 a été marquée par les premiers Dialogues de Caux sur la terre et la sécurité (CDLS). Ces événements, qui ont eu lieu au Centre de conférences et de séminaires de Caux, portent sur les lie...
Lorsque Merel Rumping, originaire des Pays-Bas, s'est rendue à Caux pour la première fois en 2012, elle avait un objectif en tête : « explorer comment je pourrais contribuer à un monde plus juste à t...
Pendant de nombreuses années, la Suissesse Lucette Schneider a organisé l'équipe qui se réunissait tôt le matin pour nettoyer, éplucher et couper les légumes destinés aux cuisines du centre de confére...
Mohan Bhagwandas n'est que trop conscient de son empreinte carbone. Au cours des 13 années allant de 2006 à 2019, il a pris 17 fois l'avion depuis sa ville natale de Melbourne, en Australie, jusqu'en...
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En 2020, le Caux Forum a été mis en ligne en réponse à la pandémie. Ses organisateurs ont constaté que cela avait mis la rencontre à Caux à la portée de personnes du monde entier qui n'auraient pas pu y participer même dans des circonstances normales. L'un d'entre eux était Aad Burger, 91 ans, des Pays-Bas. Il écrit:
Entre 1946 et 2010, j'ai participé presque chaque été aux rencontres de Caux. Puis, à 82 ans, j'ai réalisé que le voyage et le programme devenaient trop lourds pour moi qui suis en fauteuil roulant. Alors, quand j'ai lu que les conférences de Caux allaient se dérouler en ligne, j'y ai vu une excellente occasion à saisir. À cause de ma surdité, je n'ai pas réussi à tout comprendre, mais c'était mieux que ce à quoi je m'attendais.
En 1946, alors que j'avais 17 ans, j'ai été invité pour aider à la préparation du Caux Palace en vue des premières conférences d'Initiatives et Changement (alors Réarmement Moral/RAM). Mon père travaillait pour les chemins de fer néerlandais, j'ai donc pu obtenir mon billet de train et les visas pour quitter les Pays-Bas et entrer en Suisse. Comme nous n'étions pas autorisés à sortir de l'argent des Pays-Bas, la fondation suisse du RAM a payé toutes mes dépenses.
Pendant mon séjour à Caux, j'ai décidé de donner ma vie à Dieu et de travailler avec le Réarmement moral pour construire un monde nouveau. Je me suis excusé auprès de mon père pour l'avoir trompé. Parfois, je demandais une avance sur mon argent de poche mensuel, à déduire le mois suivant. S'il oubliait et me versait la totalité de la somme, je ne le lui rappelais pas.
Je me suis excusé auprès de mon père pour l'avoir trompé.
Ou je le remboursais avec l'argent que j'avais gagné en cultivant du tabac sur un petit terrain appartenant à la famille. J'aurais dû y cultiver des légumes, dont nous avions besoin pendant « l'hiver de la faim » de 1944-1945. Pour cela aussi, je me suis excusé!
Aad (deuxième à droite) avec ses parents et Jap de Boer (deuxième à gauche) et dans le train à Caux, 1946
Après l'université et le service militaire, j'ai commencé à travailler à plein temps pour le Réarmement moral. En 1952, je suis allé en Afrique avec une équipe internationale, et je suis resté au Ghana et au Nigeria après le départ de mes compagnons. Deux ans plus tard, je me rendais à Onitsha, au Nigeria, avec un collègue, lorsque je suis tombé malade, et j'allais de mal en pis. Les médecins que nous avons rencontrés n'y comprenaient rien.
Aad (assis) au centre de rééducation aux Pays-Bas après avoir contracté la polio, 1954. L'homme plus âgé qui se tient derrière lui travaillait comme médecin au Nigeria et était venu du Royaume-Uni pour lui rendre visite.
Une nuit, j'ai rêvé que je pourrais être paralysée à vie. J'ai prié pour que cela n'arrive pas, mais j'ai aussi décidé que si cela devait arriver, je l'accepterais et que je continuerais à chercher la direction de Dieu pour ma vie.
J'ai prié pour que cela n'arrive pas, mais j'ai aussi décidé que si cela devait arriver, je l'accepterais.
Le lendemain, dans un petit hôpital à Enugu, on a établi un diagnostic de polio. J'ai dit au médecin que je sentais que Dieu m'avait prévenu. « Cela vous aidera à vous rétablir autant qu'il est possible », m'a-t-il dit.
Après trois mois d'immobilité dans un lit, j'avais un peu récupéré, mais mes jambes restaient partiellement paralysées. On m'a ramené par avion à Amsterdam.
Lors d'une réunion à Caux avec (de gauche à droite) des dirigeants communautaires de Newcastle upon Tyne, Royaume-Uni, Hari Shukla et Gursharan Patang, et Tom Jones, 1985.
De retour aux Pays-Bas, j'ai continué à travailler avec le Réarmement moral, en particulier avec les dockers du port de Rotterdam. En 1968, j'ai épousé Josienne De Loor. À cette époque, j'ai rejoint le parti travailliste. J'en suis devenu le président à Utrecht et j'ai été membre du conseil municipal de 1977 à 1998, avec deux interruptions.
Depuis mon premier séjour à Caux, je commence chaque jour par une réflexion silencieuse.
Depuis mon premier séjour à Caux, je commence chaque jour par une réflexion silencieuse, en cherchant l'inspiration et la direction de Dieu. Cela m'a aidé à mettre en pratique ce que j'ai appris à Caux.
Avec sa femme Josienne
Lorsque la pandémie a commencé, cela m'a rappelé l'époque où j'avais été frappé par le virus de la polio. De façon totalement inattendue, à l'âge de 26 ans, je me suis retrouvé paralysé. J'ai survécu, mais en étant de plus en plus dépendant d'un fauteuil roulant. Allais-je mourir maintenant, à 90 ans, à cause d'un autre virus inattendu ? Bien sûr, j'espérais que cela ne me toucherait pas. Mais si un membre de ma famille devait être touché, j'espérais que ce serait moi plutôt que mon fils ou ma fille, leurs partenaires ou mes quatre petites-filles.
Quel est mon conseil aux jeunes d'aujourd'hui ? Comme nous l'avons fait après la Seconde Guerre mondiale, qu'ils relèvent le défi de construire un monde nouveau et qu'ils fassent l'expérience dans leur vie de changements qui les équiperont pour cela.
Quel est mon conseil aux jeunes d'aujourd'hui ? Comme nous l'avons fait après la Seconde Guerre mondiale, qu'ils relèvent le défi de construire un monde nouveau.
Aad recevant une décoration en tant que membre de l'Ordre d'Orange-Nassau pour son service à la ville d'Utrecht
Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits» qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.
Toutes les photos sauf 1985 et 1960s: Aad Burger
Aad Burger dans les années 1960: copyright Roel Troost Utrecht
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Lisbeth Lasserre est originaire de Winterthur, où ses grands-parents, Hedy et Arthur Hahnloser, avaient constitué une collection d'art privée dans leur maison, la Villa Flora. Parmi leurs amis artiste...
Catherine Guisan est professeur associé invité à l'université du Minnesota, aux États-Unis. Elle a écrit deux livres sur les fondements éthiques de l'intégration européenne. En 2014, elle est interven...
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Lorsque Merel Rumping, originaire des Pays-Bas, s'est rendue à Caux pour la première fois en 2012, elle avait un objectif en tête : « explorer comment je pourrais contribuer à un monde plus juste à t...
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Mohan Bhagwandas n'est que trop conscient de son empreinte carbone. Au cours des 13 années allant de 2006 à 2019, il a pris 17 fois l'avion depuis sa ville natale de Melbourne, en Australie, jusqu'en...
25 dignitaires Indien-ne-s et Pakistanais-es sont venu-e-s à Caux en 2009 dans le but de lancer des ponts entre leurs pays. L'homme qui a pris l'initiative de cette rencontre est Rajmohan Gandhi, un p...
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2019: Marc Isserles – « Il faut sauver les enfants »
21/12/2021
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Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Caux Palace (qui deviendra plus tard le centre de conférence d'Initiatives et Changement en Suisse), a servi de refuge aux juifs et juives fuyant la Shoah. Au fil des ans, certains d'entre eux - ou leurs descendants - sont revenus à Caux, où ils ont souvent été accueillis par Andrew Stallybrass. Il écrit :
Lors du Forum de Caux en 2019, Marc Isserles, un avocat genevois, a présenté un one-man-show émouvant qui décrivait un chapitre poignant de l'histoire du Caux Palace.
Marc Isserles (à droite) et le groupe Lebedik lors de leur performance à Caux, 2019.
Durant l'été 1944, quatre trains par jour, sept jours sur sept, quittaient Budapest, transportant chacun environ 3 000 Juifs vers Auschwitz, entassés dans des wagons à bestiaux. L'objectif des nazis était d'exterminer toute la population juive de Hongrie, ainsi que des milliers d'autres originaires d'autres pays européens qui y avaient trouvé un fragile refuge
Les grands-parents de Shoshana Faire, qui étaient réfugiés à Caux
(voir l'histoire de Shoshana ci-dessous).
À la fin du mois de juin 1944, cependant, un train part pour la sécurité. Il transporte 1 600 passagers, une vraie arche de Noé, avec des représentants de tous les courants de la communauté juive, rabbins, orthodoxes et libéraux, sionistes et marxistes.
Un jeune avocat courageux de Transylvanie, Rudolf Reszö Israël Kastner, négocie directement avec Eichmann et fait monter sa femme et son beau-père dans le train pour convaincre les autres que celui-ci se dirige vers la vie et non vers la mort.
Le train doit se rendre en Palestine ou dans un pays neutre. Mais il va d'abord à Bergen-Belsen car Eichmann veut soutirer encore plus d'argent à ceux qui financent le voyage. Enfin, en décembre 1944, ses passagers arrivent à Caux. Les Juifs orthodoxes sont logés au Grand Hôtel, avec une cuisine casher, et les autres au Caux Palace. L'armée suisse prend soin d'eux.
Kastner retrouve sa famille à Caux, mais son histoire connaît une fin tragique. En 1947, il émigre en Israël. Là, il est accusé d'être corrompu et d'avoir trahi la cause juive et, en 1957, il est assassiné par un extrémiste.
Les grands-parents maternels de Marc Isserles sont arrivés à Caux en 1944, dans le groupe du train Kastner. Dans son one-man-show, Il faut sauver les enfants, il chante, danse et raconte des histoires, accompagné par deux musiciens Klezmer, Michel Borzykoswki et Sylvie Bossi. Le spectacle, d'une durée d'un peu plus d'une heure, est une célébration émouvante de l'« humanitude », un subtil mélange de son histoire personnelle, de l'histoire quasi-miraculeuse de sa famille, et de réflexions plus larges nos identités et notre humanité commune.
Alors que les derniers survivants et témoins directs disparaissent peu à peu, Marc Isserles a trouvé un moyen puissant de transmettre les histoires de la Shoah aux générations futures. Il a donné des représentations dans des écoles de Genève et d'autres sont prévues à Caux et dans des écoles locales.
Au fil des ans, un certain nombre de passagers du train, ou leurs enfants et petits-enfants, ont retrouvé le chemin de Caux. L'un d'eux, qui est revenu plusieurs fois, a écrit dans le livre d'or : « Ce séjour à Caux m'a permis d'être un enfant pour la première fois de ma vie ».
Réfugié-e-s juifs et juives devant ce qui semble être le train de Caux, 1945
Par deux fois, j'ai montré à des hommes âgés l'endroit où ils étaient nés : leurs mères étaient enceintes lorsqu'elles sont arrivées à Caux et ont accouché à la Villa Maria, en face du Caux Palace.
« Nous n'oublierons pas. »
Plaque commémorative à Caux
En1997, un arbre a été planté sur la terrasse du Caux-Palace lors d'une « heure du souvenir » et en 1999, une plaque a été installée sous l'arbre. Sur la plaque on peut lire: « En souvenir des réfugiés juifs qui ont séjourné ici, et de ceux qui n'ont pas été admis en Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale. Nous n'oublierons pas. ». L'une des plus jeunes personnes refoulées était une fillette de cinq ans qui a été gazée à Auschwitz.
Le maire de Montreux, Pierre Salvi, a pris la parole lors de l'inauguration de la plaque en 1999. En effet, au début de l'année 1945, Montreux a accueilli 4'000 blessés, déportés et réfugiés, dont ceux de Caux. Pierre Salvi a parlé du travail à la base des conférences de Caux visant à guérir les blessures du passé : « nous permettant d'envisager un avenir plus pacifique fait de tolérance, de pardon, d'amitié entre les peuples ».
Sur cette plaque, on ne voit pas seulement une liste. Derrière les noms, il y a des visages, des familles, des espoirs et des désespoirs. Des êtres humains.
- Marc Isserles -
Extrait de la liste des réfugié-e-s juifs et juives de Caux sur laquelle Shoshana Faire a découvert les noms de ses grands-parents.
Je me suis rendue pour la première fois à Caux en provenance d'Australie en 2010, dans l'espoir de découvrir et de comprendre le travail de restauration de la paix d'Initiatives et Changement. Ce à quoi je ne m'attendais pas, c'était d'y découvrir une partie de l'histoire de ma propre famille.
J'ai découvert que mes grands-parents avaient été hébergés à Caux pendant la guerre, en tant que réfugiés de l'horreur de l'Holocauste.
Je savais qu'ils s'étaient échappés en payant pour monter dans un train au départ de Budapest, qui, au lieu de les emmener en Espagne pour qu'ils puissent aller en Palestine, les avait conduits au camp de concentration de Bergen-Belsen pendant cinq mois, puis finalement à la liberté en Suisse.Je ne savais pas qu'ils avaient finalement été amenés à Caux.
Le fait de voir leurs noms sur la liste des réfugiés hébergés à Caux m'a permis d'explorer l'histoire du train Kastner et de comprendre plus profondément leur expérience. Le fait que cet épisode de leur vie ait été commémoré par une plaque et un arbre dans le jardin de Caux signifie beaucoup pour moi.
Le spectacle si vivant et émouvant de Marc m'a permis d'accueillir cette partie de mon identité plutôt que de la cacher comme dans une boîte intérieure avec l'étiquette «Trop douloureux». Et aussi de m'approprier et de reconnaître en moi le traumatisme et le chagrin hérités du passé.
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Shoshana Faire est passionnée par la paix et par ce qu'il faut pour la créer. Elle a animé plus de 1 250 ateliers sur un éventail de compétences qui contribuent à améliorer les relations, les équipes et les réunions. Elle participe activement à Initiatives et Changement (IofC) depuis 2010 et est actuellement coordinatrice internationale de Créateurs de Paix.
Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits» qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.
Photos de sa famille: Shoshana Faire
Photo train: Yad Vashem
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2018: Wael Boubaker – « Le changement climatique devrait être la priorité absolue
Par Mary Lean
20/12/2021
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Par Mary Lean
Wael Boubaker
Lorsque Wael Boubaker, diplômé tunisien en économie, a rejoint le Programme de Caux pour la paix et le leadership (CPLP) en 2018, il s'attendait à une conférence qui ferait bien sur son CV, et à de beaux paysages. Au lieu de cela, son séjour à Caux a bouleversé son approche de la vie et l'a lancé dans une carrière d'activiste climatique. Il a passé l'année dernière en Finlande, où il a travaillé avec EKOenergy pour promouvoir des formes d'énergie durables, et il entame actuellement un master en développement durable.
L'éveil environnemental de Wael a eu lieu lors d'une session à Caux sur la sécurité alimentaire, où il a regardé le discours à l'ONU de l'activiste climatique suédoise Greta Thunberg. Il a vu comment « le changement climatique affecte notre paix, notre existence en tant qu'êtres humains, nos droits de l'homme" et est rentré en Tunisie déterminé à faire changer les choses.
Caux n'a pas seulement donné à Wael une cause, mais aussi une nouvelle façon de vivre. Il décrit son expérience comme étant spirituelle. Dans le cadre du CPLP, il a travaillé dans l'équipe d'entretien du bâtiment. « Je me retrouvais à aider les gens. »
Et il s'est mis à écouter. « Avant, je ne faisais que parler, dit-il. Lorsque j'avais un débat sur les droits de l'homme ou la démocratie, je voulais simplement exprimer mes idées ». Lorsque des participant-e-s au CPLP, venu-e-s du monde entier, ont partagé leurs histoires, il a appris à écouter profondément.
Wael, à droite, avec ses collègues participants au CPLP 2018, Chul Ji (Corée du Sud) et Yung Dung Samten (Népal).
Il dit: « Lorsque mon ami népalais a raconté son histoire, je me suis mis à pleurer car il m'avait profondément touché. Un ami égyptien m'a raconté quelque chose qu'il n'avait jamais dit à personne. Caux nous offre un lieu où nous pouvons partager nos émotions et nos idées sans anxiété ni crainte ».
En écoutant, il a commencé à se débarrasser de ses préjugés. « En rentrant chez moi, je me suis excusé auprès d'un camarade que nous avions malmené à l'école parce qu'il était différent ».
Avec des collègues et des formateurs et formatrices du CPLP à Caux, 2018
Il a également appris à parler plus prudemment, à dire les choses de manière à ne pas blesser les autres. « Toute ma vision du monde a complètement changé : ma façon de penser, ma relation avec mes amis, ma vision de la société. Le Programme de Caux sur la paix et le leadership m'a donné les outils pour m'engager encore davantage ».
C'est à Caux qu j'ai appris que je dois moi-même être le changement que je veux voir, c'est pourquoi j'ai adopté un mode de vie plus durable.
Ce sont les petits changements qui entraînent les grands changements, estime Wael. « À Caux, on ne gaspille pas la nourriture. Tout est important. J'ai arrêté de fumer et d'utiliser des sacs en plastique, j'achète des produits d'occasion. C'est à Caux qu j'ai appris que je dois moi-même être le changement que je veux voir, c'est pourquoi j'ai adopté un mode de vie plus durable ».
Les participant-e-s du CPLP 2018 (Wael est le sixième en partant de la gauche au dernier rang).
En novembre 2021, Wael était un jeune délégué au Forum mondial de la démocratie à Strasbourg, dont le thème était « La démocratie peut-elle sauver l'environnement ?».
Maintenant, de retour chez lui, il doit décider s'il va retourner en Finlande - classée au deuxième rang mondial pour un mode de vie durable - ou rester pour sensibiliser la population en Tunisie. « La plupart des Tunisiens ne se soucient pas du changement climatique", dit-il. « Ils pensent que la situation politique et économique est plus importante. Je travaille dur pour éduquer les gens. Le changement climatique devrait être la priorité absolue de tous les gouvernements. »
Ce temps de silence est vraiment important pour moi : toutes mes grandes décisions de ces quatre dernières années en sont issues.
Pour prendre sa décision, il se tournera vers cet outil qu'il a appris à Caux : prendre du temps au calme pour réfléchir. « Je découvre beaucoup de choses dans ma personnalité, ce que j'ai fait de mal ou d'utile, ce que je dois changer dans ma vie. Chaque matin, je prends 30 minutes pour cela. Parfois, je passe des heures en silence. Ce temps de silence est vraiment important pour moi : toutes mes grandes décisions de ces quatre dernières années en sont issues. »
Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits» qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.
Photo groupe CPLP 2018 et avec 2 participants du CPLP: Initiatives et Changement
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Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Caux Palace (qui deviendra plus tard le centre de conférence d'Initiatives et Changement en Suisse), a servi de refuge aux juifs et juives fuyant la Shoah. Au fi...
Tanaka Mhunduru, originaire du Zimbabwe, est l'un des organisateurs du Programme de Caux pour la paix et le leadership (CPLP), un programme d'un mois destiné aux jeunes du monde entier. Il y a partici...
La rencontre de l'hiver 2016 à Caux a représenté une expérience particulière pour Diana Damsa - non seulement parce qu'elle a fait l'expérience de Caux en hiver, mais aussi parce que, pour la première...
Lisbeth Lasserre est originaire de Winterthur, où ses grands-parents, Hedy et Arthur Hahnloser, avaient constitué une collection d'art privée dans leur maison, la Villa Flora. Parmi leurs amis artiste...
Catherine Guisan est professeur associé invité à l'université du Minnesota, aux États-Unis. Elle a écrit deux livres sur les fondements éthiques de l'intégration européenne. En 2014, elle est interven...
L'année 2013 a été marquée par les premiers Dialogues de Caux sur la terre et la sécurité (CDLS). Ces événements, qui ont eu lieu au Centre de conférences et de séminaires de Caux, portent sur les lie...
Lorsque Merel Rumping, originaire des Pays-Bas, s'est rendue à Caux pour la première fois en 2012, elle avait un objectif en tête : « explorer comment je pourrais contribuer à un monde plus juste à t...
Pendant de nombreuses années, la Suissesse Lucette Schneider a organisé l'équipe qui se réunissait tôt le matin pour nettoyer, éplucher et couper les légumes destinés aux cuisines du centre de confére...
Mohan Bhagwandas n'est que trop conscient de son empreinte carbone. Au cours des 13 années allant de 2006 à 2019, il a pris 17 fois l'avion depuis sa ville natale de Melbourne, en Australie, jusqu'en...
25 dignitaires Indien-ne-s et Pakistanais-es sont venu-e-s à Caux en 2009 dans le but de lancer des ponts entre leurs pays. L'homme qui a pris l'initiative de cette rencontre est Rajmohan Gandhi, un p...
L'année 2008 a vu le lancement d'un cours inhabituel sur l'approche de l'Islam en matière de rétablissement de la paix, conçu par l'imam Ajmal Masroor du Royaume-Uni. Le coordinateur du cours, Peter R...
En grandissant, j'avais toujours entendu parler de cet endroit mythique et magique en Suisse appelé Caux. Mes parents faisaient partie d'Initiatives et Changement (I&C) au Zimbabwe et avaient visité Caux à plusieurs reprises. Y aller m'a toujours semblé être un rêve, quelque chose que je ne pensais pas pouvoir réaliser.
En 2017, j'ai été accepté au CPLP. J'allais enfin vivre cette expérience incroyable dont on m'avait tant parlé. Non seulement ce serait ma première visite en Suisse, mais ce serait aussi ma première sortie du continent africain. Je ne savais pas à quoi m'attendre. Je suis passé de l'excitation à l'anxiété, me demandant si j'allais ou non m'intégrer et m'entendre avec tout le monde.
J'étais encore inquiet lorsque j'ai pris le train pour monter dans la montagne, et c'était dommage car cela m'a empêché de profiter de la vue qui est vraiment belle. Cette inquiétude s'est dissipée lorsque les portes du train se sont ouvertes et que j'ai été accueillie par le sourire radieux de Phoebe Gill, la directrice du CPLP. Elle m'a dit « Bienvenue à la maison » et soudain, tout était rentré dans l'ordre. La maison - ce mot m'a fait savoir que j'étais en sécurité, que je pouvais me détendre et être moi-même dans ce pays étranger. J'ai commencé à admirer la beauté qui m'entourait, le paysage, le doux parfum de l'air pur de la montagne.
Elle m'a dit « Bienvenue à la maison » et soudain, tout était rentré dans l'ordre.
Tanaka (deuxième à partir de la droite) avec Phoebe Gill, responsable du programme CPLP (troisième à partir de la droite) et d'autres participant-e-s au programme CPLP.
Mes parents m'avaient parlé du Caux Palace, mais rien n'aurait pu me préparer au moment où j'ai posé les yeux dessus. Cet endroit était spécial. Je voyais des gens du monde entier converser et rompre le pain dans la paix et le respect, comme si toute l'animosité et l'agitation du monde avaient été bannies de ce lieu.
J'ai découvert que Caux est l'environnement parfait pour que les gens fassent l'expérience de la paix, du pardon et de la guérison. Et c'est en participant au CPLP que j'ai vécu tout cela : ce programme a changé ma vie.
Caux est l'environnement parfait pour que les gens fassent l'expérience de la paix, du pardon et de la guérison.
Le CPLP ne se contente pas d'explorer le concept de leadership et de paix, il donne également aux participant-e-s l'occasion de mettre en pratique ces valeurs par le biais du service dans le cadre du centre de conférence. Il a remis en question ma vision du leadership : j'ai dû aller au fond de moi-même pour découvrir mon objectif de vie et aussi ce que j'ai à offrir. Cette expérience m'a donné envie d'être un leader intègre, aspirant à vivre selon des valeurs absolues d'honnêteté, de pureté, d'amour et de désintéressement.
Un moment d'études à Caux
Un soir, j'ai rencontré par hasard un musulman pratiquant et un athée. Je suis chrétien et je n'avais encore jamais parlé à quelqu'un de confession islamique. Nous avons tous les trois discuté pendant des heures de nos croyances, de nos opinions, de notre éducation et de bien d'autres choses encore. Puis quelque chose d'incroyable s'est produit : après avoir terminé notre conversation, nous nous sommes serrés la main et nous nous sommes embrassés.
Je ne savais pas qu'il était possible d'avoir une conversation aussi positive sur un sujet aussi controversé. J'ai découvert qu'il était courant à Caux que les gens parlent librement les uns avec les autres, avec l'intention d'apprendre et de comprendre. C'est un lieu protégé.
Sur la terrasse de Caux avec Socrates Katito et Tinotenda Mhungu (de gauche à droite)
Ce mois passé à Caux a filé à toute allure et avant même de m'en rendre compte, j'étais de retour chez moi avec un nouveau sentiment d'appartenance. J'avais vécu une expérience tellement magique qu'elle ne semblait pas réelle. Je suppose que c'était un cas de « bon endroit au bon moment ».
Je suis passionné par la responsabilisation des jeunes. Dans mon église, j'ai pu transmettre ce que j'ai appris à Caux en travaillant avec des jeunes. Je trouve un grand soutien auprès des ancien-ne-s du CPLP. Depuis 2018, je participe à la planification et à la réalisation du CPLP, ainsi qu'à des projets tels que le programme de leadership Mandela Mile et les CPLP Talks.
Il a remis en question ma vision du leadership : j'ai dû aller au fond de moi-même pour découvrir mon objectif de vie et aussi ce que j'ai à offrir. Cette expérience m'a donné envie d'être un leader intègre.
Les participant-e-s du Programme de Caux pour la paix et le leadership 2017 (Tanaka est le quatrième en partant de la droite au premier rang).
Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits» qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.
Photos en haut (avec Rainer Gude) et études: Tanaka Mhunduru
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Lisbeth Lasserre est originaire de Winterthur, où ses grands-parents, Hedy et Arthur Hahnloser, avaient constitué une collection d'art privée dans leur maison, la Villa Flora. Parmi leurs amis artiste...
Catherine Guisan est professeur associé invité à l'université du Minnesota, aux États-Unis. Elle a écrit deux livres sur les fondements éthiques de l'intégration européenne. En 2014, elle est interven...
L'année 2013 a été marquée par les premiers Dialogues de Caux sur la terre et la sécurité (CDLS). Ces événements, qui ont eu lieu au Centre de conférences et de séminaires de Caux, portent sur les lie...
Lorsque Merel Rumping, originaire des Pays-Bas, s'est rendue à Caux pour la première fois en 2012, elle avait un objectif en tête : « explorer comment je pourrais contribuer à un monde plus juste à t...
Pendant de nombreuses années, la Suissesse Lucette Schneider a organisé l'équipe qui se réunissait tôt le matin pour nettoyer, éplucher et couper les légumes destinés aux cuisines du centre de confére...
Mohan Bhagwandas n'est que trop conscient de son empreinte carbone. Au cours des 13 années allant de 2006 à 2019, il a pris 17 fois l'avion depuis sa ville natale de Melbourne, en Australie, jusqu'en...
25 dignitaires Indien-ne-s et Pakistanais-es sont venu-e-s à Caux en 2009 dans le but de lancer des ponts entre leurs pays. L'homme qui a pris l'initiative de cette rencontre est Rajmohan Gandhi, un p...
L'année 2008 a vu le lancement d'un cours inhabituel sur l'approche de l'Islam en matière de rétablissement de la paix, conçu par l'imam Ajmal Masroor du Royaume-Uni. Le coordinateur du cours, Peter R...
2016: Diana Damsa – « J'ai eu le sentiment que je comptais »
Par Mary Lean
15/12/2021
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Par Mary Lean
Diana au Winter Gathering 2016 portant un chapeau de nouvel an.
La rencontre de l'hiver 2016 à Caux a représenté une expérience particulière pour Diana Damsa - non seulement parce qu'elle a fait l'expérience de Caux en hiver, mais aussi parce que, pour la première fois en huit ans, elle n'avait aucune responsabilité dans les coulisses. « J'ai pu prendre du recul et profiter, plutôt que de courir partout comme une folle et de devoir régler des situations », dit-elle.
Ce souvenir se distingue également pour une autre raison. Diana a rencontré Initiatives et Changement (I&C) pour la première fois en 2004, lors d'un séminaire de Fondations for Freedom (F4F) dans son pays d'origine, la Roumanie.
Deux des formateurs étaient un couple de Néerlandais, Kees et Marina Scheijgrond. « Ils ont toujours été des personnes particulièrement chères à mon cœur, car ils m'ont ouvert la porte d'un nouveau monde », dit-elle.
Les Scheijgrond sont venus à Caux en décembre 2016 avec tous leurs enfants adultes et leurs familles. « Kees était déjà malade, raconte Diana, « et il est décédé en mars 2017. Ce fut ma dernière occasion de parler avec lui, et de rencontrer sa famille. »
En avril 2004, lorsqu'elle participe à F4F (Foundation for Freedom), Diana est une jeune diplômée en droit, déçue par son expérience du monde de l'entreprise. Elle ne peut pas accepter les ragots et la corruption qu'elle y a rencontrés et se prépare à entamer une nouvelle carrière comme professeure de musique.
« Je venais d'une société qui avait connu un régime totalitaire. Il n'y avait aucun encouragement à penser par soi-même, à s'exprimer ou à poser des questions. À F4F, de grandes questions étaient abordées : Qui suis-je ? Que puis-je apporter à la société et au monde ? Nous étions encouragés à penser et à nous exprimer et quoi que nous disions, la réaction était positive. J'ai senti que je comptais et que je pouvais apporter ma contribution. J'ai senti que c'était ce dont mon pays avait besoin. »
Que puis-je apporter à la société et au monde ?
Randonnée au-dessus de Caux
Cet été-là, Diana s'est rendue à Caux pour la première fois. L'expérience est bouleversante. « Mon anglais était correct mais pas bon, et à la fin de chaque journée, j'avais mal à la tête ». Elle ne se rappelle rien de la conférence à laquelle elle a participé, mais elle a été frappée par la gentillesse, l'ouverture et la diversité des gens. « Je ne faisais pas partie de la foule, j'étais quelqu'un dont on se souciait. »
Je ne faisais pas partie de la foule, j'étais quelqu'un dont on se souciait.
Lorsqu'une femme a découvert que le voyage de retour en bus de Diana durerait 40 heures, elle lui a donné un coussin de soutien pour le cou, afin de rendre son voyage plus supportable. « Cela m'a tellement touchée. Je ne faisais pas simplement partie de la masse, j'étais quelqu'un dont on prenait soin.»
Avec Rajmohan Gandhi (au centre) et le Club des jeunes leaders de Roumanie (Diana est troisième à droite au premier rang), 2010
Désireuse d'en découvrir davantage, Diana s'est inscrite à Action for Life, un programme intensif de formation d'Initiatives et Changement, qui durait neuf mois et qui l'a emmenée en Asie et lui a appris plus, dit-elle, que 18 années d'éducation conventionnelle. Elle a passé l'année 2007 à faire du bénévolat avec IofC en Australie, en Nouvelle-Zélande et aux Fidji.
À son retour en Roumanie, elle s'est mise au travail, organisant des Creators of Peace Circles pour les femmes et le Club for Young Leaders, qui se réunissait deux fois par semaine et proposait des formations, des intervenants et des retraites. Pour stimuler l'intérêt, et élargir les horizons, elle a organisé des visites de membres du réseau international d'I&C. En 2015, elle a créé avec ses collègues une ONG, le Center for Social Transformation, pour poursuivre ce travail.
Organisation d'une exposition sur les Rom-e-s en Roumanie, 2014
En train de jouer de l'harmonica à Caux, 2016
Elle s'est également engagée dans la lutte contre les préjugés à l'égard de la minorité rom de Roumanie. « Je me suis assurée que, dans tout ce que je faisais, il y avait un représentant de la communauté rom, qui pouvait parler en son nom. Beaucoup de gens ont changé d'attitude grâce à ces interactions. Mon rôle n'est pas d'"aider" les Roms, mais d'influencer la majorité à penser et à agir différemment. »
Mon rôle est [...] d'influencer la majorité à penser et à agir différemment.
Parallèlement, elle s'est engagée à Caux - passant deux étés dans la cuisine des régimes spéciaux et cinq dans le bureau de la répartition. Depuis 2017, elle dirige les équipes qui gèrent Pour relancer une Europe inachevée et la conférence qui lui succède, Des outils pour les acteurs et actrices de changement, dont elle était la directrice générale. Lorsque la pandémie a frappé en 2020, elle et son équipe ont mis la conférence en ligne. Elle était également vice-présidente de Creators of Peace International.
Image
L'histoire de Diana a été présentée dans le cadre de l'exposition First Steps en 2016.
« Chaque fois que je vais à Caux, j'apprends quelque chose de nouveau, dit-elle, pas seulement dans le domaine des compétences, mais aussi dans celui des relations humaines et du travail d'équipe. Il y a des frictions et des conflits. Cela m'amène à me demander si j'aurais pu trouver de meilleures manières de dire les choses, montrer plus de compassion, prendre le temps d'écouter. Je me forme constamment à travers ces interactions. J'ai parfois été profondément blessée, mais j'ai appris à ne pas prendre chaque désaccord comme une attaque personnelle ».
Pour moi, Caux représente ce que le monde serait s'il était au mieux de sa forme.
« Pour moi, Caux représente ce que le monde serait s'il était au mieux de sa forme. Dans nos conférences, nous cherchons à inspirer les gens mais aussi à les interpeller. J'espère que leur expérience à Caux aura un impact sur leur vie personnelle : qu'ils regarderont en arrière, comme je le fais en pensant à ma première visite, et qu'ils considéreront cette première expérience comme un point de départ. »
Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits» qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.
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En 2020, le Caux Forum a été mis en ligne en réponse à la pandémie. Ses organisateurs ont constaté que cela avait mis la rencontre à Caux à la portée de personnes du monde entier qui n'auraient pas pu...
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Caux Palace (qui deviendra plus tard le centre de conférence d'Initiatives et Changement en Suisse), a servi de refuge aux juifs et juives fuyant la Shoah. Au fi...
Lorsque Wael Boubaker, diplômé tunisien en économie, a rejoint le Programme de Caux pour la paix et le leadership (CPLP) en 2018, il s'attendait à une conférence qui ferait bien sur son CV, et à de be...
Tanaka Mhunduru, originaire du Zimbabwe, est l'un des organisateurs du Programme de Caux pour la paix et le leadership (CPLP), un programme d'un mois destiné aux jeunes du monde entier. Il y a partici...
Lisbeth Lasserre est originaire de Winterthur, où ses grands-parents, Hedy et Arthur Hahnloser, avaient constitué une collection d'art privée dans leur maison, la Villa Flora. Parmi leurs amis artiste...
Catherine Guisan est professeur associé invité à l'université du Minnesota, aux États-Unis. Elle a écrit deux livres sur les fondements éthiques de l'intégration européenne. En 2014, elle est interven...
L'année 2013 a été marquée par les premiers Dialogues de Caux sur la terre et la sécurité (CDLS). Ces événements, qui ont eu lieu au Centre de conférences et de séminaires de Caux, portent sur les lie...
Lorsque Merel Rumping, originaire des Pays-Bas, s'est rendue à Caux pour la première fois en 2012, elle avait un objectif en tête : « explorer comment je pourrais contribuer à un monde plus juste à t...
Pendant de nombreuses années, la Suissesse Lucette Schneider a organisé l'équipe qui se réunissait tôt le matin pour nettoyer, éplucher et couper les légumes destinés aux cuisines du centre de confére...
Mohan Bhagwandas n'est que trop conscient de son empreinte carbone. Au cours des 13 années allant de 2006 à 2019, il a pris 17 fois l'avion depuis sa ville natale de Melbourne, en Australie, jusqu'en...
25 dignitaires Indien-ne-s et Pakistanais-es sont venu-e-s à Caux en 2009 dans le but de lancer des ponts entre leurs pays. L'homme qui a pris l'initiative de cette rencontre est Rajmohan Gandhi, un p...
L'année 2008 a vu le lancement d'un cours inhabituel sur l'approche de l'Islam en matière de rétablissement de la paix, conçu par l'imam Ajmal Masroor du Royaume-Uni. Le coordinateur du cours, Peter R...
La génération fondatrice du centre de conférence de Caux voulait en faire « une maison pour accueillir le monde » (a home for the world). Beaucoup ont donné des meubles, des objets et des tableaux. L'historien résident du Caux Palace, Andrew Stallybrass, écrit :
« Le premier de deux doctorats sur le Réarmement Moral/Initiatives et Changement (MRA/I&C) en Suisse vient d'être décerné à Cyril Michaud. Ses recherches, financées par le Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS), couvrent la période de 1932 à 1969. »
Lisbeth et Philippe Lasserre
Il a notamment découvert le rôle important joué par les femmes et les familles dans l'histoire du mouvement. L'un de ces réseaux était Robert Hahnloser et certains membres de la famille Jäggli. Au fil des générations, les membres de cette famille ont non seulement participé aux conférences de Caux, mais ont également joué un rôle majeur dans le financement et l'aménagement du centre.
Lisbeth Lasserre est originaire de Winterthur, où ses grands-parents, Hedy et Arthur Hahnloser, avaient constitué une collection d'art privée dans leur maison, la Villa Flora. Parmi leurs amis artistes figuraient Bonnard, Vallotton, Giacometti, Manguin, le sculpteur Maillol, le groupe de peintres connu sous le nom de Nabis et les Fauves. Ils ont transmis leur passion pour l'art à la génération suivante et à leur petite-fille.
La Villa Flora à Winterthur
Lorsqu'une centaine de familles et de particuliers suisses décident d'acheter l'ancien hôtel Caux Palace pour en faire un centre de réconciliation, Robert Hahnloser, cousin de la mère de Lisbeth, est l'un des deux signataires du contrat d'achat. « Mon oncle m'a invitée à Caux en 1948 », raconte Lisbeth. « J'étais encore une écolière. J'ai été fascinée par sa large vision selon laquelle le monde pouvait changer grâce à des personnes qui adoptaient des valeurs éthiques. J'ai découvert une nouvelle perspective !»
J'ai été fascinée par sa large vision selon laquelle le monde pouvait changer grâce à des personnes qui adoptaient des valeurs éthiques.
Elle y rencontre de jeunes Américains des Scandinaves, des Allemands et des Italiens. Le partage de choses qu'elle avait cachées à ses parents se révèle difficile mais libérateur. Elle veut travailler avec le Réarmement moral, mais son père insiste pour qu'elle obtienne d'abord une formation, alors elle étudie pour devenir une secrétaire trilingue. Elle voyage ensuite dans de nombreux pays avec différentes pièces de théâtre et spectacles du Réarmement moral.
Philippe et Lisbeth (à gauche) en Nouvelle-Calédonie avec Yann Céléné Uregeï et sa famille, 1974
En 1969, Lisbeth épouse un Français, Philippe Lasserre, qui travaille discrètement dans les coulisses lors des rencontres de Caux. En effet, Philippe est souvent à l'abri des regards dans une cabine, responsable de la traduction simultanée pour des orateurs de la plate-forme. Leur maison à Paris devient rapidement un point de ralliement pour des étudiant-e-s et des jeunes. Une jeune Allemande, qui a séjourné avec eux pendant un mois tout en apprenant le français se souvient comment Lisbeth l'a emmenée au Musée d'Orsay et lui offert une visite guidée durant laquelle elle lui a expliqué en détail les tableaux impressionnistes.
We made friends in India, Australia and even in New Caledonia where the French were not so welcome.
Philippe et Lisbeth ont également beaucoup voyagé. Elle se souvient : « Mon mari Philippe et moi avons travaillé avec IofC dans de nombreuses régions du monde. Nous nous sommes fait des amis en Inde, en Australie et même en Nouvelle-Calédonie, où les Français n'étaient pas toujours bien accueillis. »
Membres de l'équipe française en Australie, 1970 : Michel Orphelin, Andrée Devésa, Martine Algrain, Michel Bielak, Lisbeth et Philippe Lasserre, Maurice Nosley, Gérard Gigand et Guy Audrain.
Pendant de nombreuses années, tous deux ont été au cœur des équipes de rédaction des magazines en français du Réarmement moral, d'abord la Tribune de Caux puis Changer. A ce titre, ils ont joué un rôle de pionniers dans l'expression des idées du Réarmement moral et d'I&C pour le monde francophone et latin.
Lisbeth et Philippe ont passé de nombreuses heures dans le Caux Palace et dans la Villa Maria pour trouver le bon emplacement et le bon accrochage pour chaque tableau. Le plus beau salon, le 401, qui a accueilli des invités d'honneur, dont le Dalaï Lama, abrite cinq tableaux offerts par Lisbeth.
Deux des peintures de la salle 401, offertes par Lisbeth.
En 2019, Philippe meurt et en 2021, après de nombreuses années passées en France, Lisbeth revient s'installer à Winterthur, pour être proche de sa sœur et de ses nièces, et près de la Villa Flora, qui, après une rénovation complète, s'ouvrira au public en 2023 comme l'un des musées d'art de la ville.
Lisbeth a récemment écrit : « Lorsque je pense à mes plus de 89 ans sur cette terre, je suis reconnaissante pour l'inspiration que j'ai reçue grâce à Initiatives et Changement, et pour la richesse de l'art - plus que les mots ne peuvent le dire. Par-dessus tout, je suis reconnaissante pour la foi qui m'a portée ».
Toute une génération de volontaires à plein temps d'I&C en France s'est réunie en 2008 pour le 80e anniversaire de Micheline Sentis. De dos, de gauche à droite : Lisbeth Lasserre, Jean-Jacques et Marie-Lise Odier, Michel Koechlin, Marie-José et Michel Orphelin, Alain et Anne-Marie Tate. Devant : Micheline Sentis, Evelyne Seydoux, Catherine Koechlin, Michel Sentis.
Le couloir du 5ème étage du centre de conférence
où sont exposées certaines des peintures de Jeanne Sigg
Artists in Caux
L'artiste suisse Jeanne Sigg (1907-1988) fait également partie de la « génération fondatrice » du centre de conférences Initiatives et Changement de Caux. Plusieurs de ses tableaux sont accrochés dans le couloir du cinquième étage. Jeanne a encouragé d'autres artistes à faire don d'œuvres au centre de conférence et a organisé des ventes d'œuvres d'art pour récolter des fonds. Certains des tableaux de la Villa Maria sont des dons d'amis de Jeanne Sigg. Au fil des ans, un certain nombre de conférences ont réuni des artistes de différents pays, cultures et disciplines, parmi eux le fresquiste finlandais Lennart Segestråle.
Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits» qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.
Photo Villa Flora: Villa Flora, Winterthur
Photo Philippe et Lisbeth en noir et blanc: Initiatives et Changement
Photo anniversaire Micheline Sentis: Philippe Lasserre
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Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Caux Palace (qui deviendra plus tard le centre de conférence d'Initiatives et Changement en Suisse), a servi de refuge aux juifs et juives fuyant la Shoah. Au fi...
Lorsque Wael Boubaker, diplômé tunisien en économie, a rejoint le Programme de Caux pour la paix et le leadership (CPLP) en 2018, il s'attendait à une conférence qui ferait bien sur son CV, et à de be...
Tanaka Mhunduru, originaire du Zimbabwe, est l'un des organisateurs du Programme de Caux pour la paix et le leadership (CPLP), un programme d'un mois destiné aux jeunes du monde entier. Il y a partici...
La rencontre de l'hiver 2016 à Caux a représenté une expérience particulière pour Diana Damsa - non seulement parce qu'elle a fait l'expérience de Caux en hiver, mais aussi parce que, pour la première...
Catherine Guisan est professeur associé invité à l'université du Minnesota, aux États-Unis. Elle a écrit deux livres sur les fondements éthiques de l'intégration européenne. En 2014, elle est interven...
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2014 : Catherine Guisan - Pour relancer une Europe inachevée
10/12/2021
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Catherine Guisan dans son bureau, 2020
Catherine Guisan est professeur associé invité à l'université du Minnesota, aux États-Unis. Elle a écrit deux livres sur les fondements éthiques de l'intégration européenne. En 2014, elle est intervenue lors du premier séminaire de Caux intitulé Pour relancer une Europe inachevée.
En tant que fille adolescente rebelle d'un politicien suisse, c'était une douce musique pour mon cœur de découvrir, il y a plusieurs années, que les leaders peuvent « changer". Les dirigeant-e-s peuvent avoir des idées créatives dans des moments de méditation, et recalibrer leurs émotions, leurs comportements et leurs politiques. En outre, la société civile (c'est-à-dire vous et moi) peut contribuer à favoriser cette transformation en leur tendant la main et en donnant l'exemple de la conversion. J'ai également appris le rôle que les conférences de Caux avaient joué dans la réconciliation entre la France et l'Allemagne après la Seconde Guerre mondiale. (1)
J'ai travaillé à plein temps pour le Réarmement moral (aujourd'hui Initiatives et Changement) pendant 22 ans avant de me lancer dans une carrière universitaire. Mes recherches et mon enseignement ont été façonnés par les idéaux adoptés dans ma jeunesse, en partie appris à Caux.
Avançons jusqu'en 2014. En plus de prendre la parole lors d'un symposium de deux jours à Caux intitulé Pour relancer une Europe inachevée, j'ai co-animé un atelier sur « Le changement de paradigmes dans les régions orientales de l'Europe » avec Angela Starovoytova d'Ukraine.
It was music to my heart to discover that leaders can ‘change’.
À l'automne 2013, j'ai passé quatre mois en Russie en tant que boursier Fulbright. J'ai expliqué à mes étudiants de Saint-Pétersbourg pourquoi tant d'Ukrainien-ne-s n'étaient pas d'accord avec la décision de leur président de reporter la signature d'un accord d'association avec l'Union européenne (UE), au profit de liens économiques plus étroits avec la Russie.
Les manifestations de l'Euromaïdan, fin 2013 et début 2014, ont renversé cette décision. Puis la Russie a annexé la Crimée et des mouvements sécessionnistes sanglants ont éclaté dans le Donbas, à l'est de l'Ukraine.
Catherine (au centre) portant un costume grec traditionnel lors d'une discussion avec un évêque grec orthodoxe en 1970
En tant que fille d'un père suisse romand et d'une mère grecque d'origine ottomane, je ne suis pas étrangère à ce thème de Pour relancer une Europe inachevée. Faire partie d'une famille multiethnique, multilingue et multinationale est une montagne russe intellectuelle et émotionnelle, et cela demande du travail. Mais que dire dans un contexte de guerre ?
Que dire dans un contexte de guerre ?
J'ai intitulé mon discours de Caux : « Pour relancer une Europe inachevée: vivre dans la vérité ». Sous le communisme, une telle prise de position était héroïque, et elle a envoyé le défunt président tchèque Vaclav Havel, et d'autres en prison. Il s'agissait en fait de rejeter l'« émigration intérieure » (c'est-à-dire la passivité et l'enlisement dans la société de consommation) et de s'exprimer avec intégrité. Que signifie « vivre dans la vérité » en Europe aujourd'hui ?
Présentation de sa conférence à Caux, 2014
Tout d'abord, il y a la « vérité » de nos engagements. Même dans les régimes démocratiques, il n'est jamais facile de s'exprimer. Mais comment s'assurer que ce que nous disons et faisons correspond à une vie vécue selon la vérité ? La théoricienne politique Hannah Arendt redéfinit, avec son concept de « jugement » (selon elle, chacun, quel qu'il soit, est capable de penser par lui-même et d'émettre un jugement) le processus d'autoréflexion du temps de silence enseigné à Caux. Elle suggère que nous confrontions nos opinions à celles des autres dans des débats libres, mais aussi que nous recherchions le « sens silencieux » qui, dans les questions morales et pratiques, est appelé « conscience » (2). Jean Monnet, qui a participé à la fondation de la Communauté européenne du charbon et de l'acier, était qualifié d'"homme du silence », car il tirait force et clarté de sa pratique quotidienne de la méditation. (3)
Nous devons nous pencher sur notre définition de l'Europe si nous voulons faire la différence dans l'histoire.
Il existe un deuxième type de « vérité » qui importe tout autant : la vérité factuelle. Comment définir l'« Europe » dont nous avons discuté à Caux ? Est-ce l'Union européenne ? Ou le Conseil de l'Europe, qui compte 47 États membres, dont la Russie ? Ou encore autre chose ? Nous devons nous pencher sur notre définition de l'Europe si nous voulons faire changer les choses dans l'histoire.
En conversation à Caux avec Antoine Jaulmes, Cornelio Sommaruga et Rob Lancaster, 2014 (de gauche à droite)
Pendant l'atelier, j'ai beaucoup appris en discutant avec des Ukrainiens aux identités ethniques et linguistiques diverses, et aux points de vue variés. Caux est un endroit extraordinaire pour les universitaires qui s'intéressent comme moi aux « expériences vécues ». La préoccupation commune des Ukrainiens était la corruption, bien qu'il n'ait pas été question de prendre contact avec des dirigeants. Mes interlocuteurs s'attendaient à ce que l'Ukraine rejoigne bientôt l'UE. J'ai dû leur expliquer que ce ne serait pas le cas, une situation qu'ils devraient affronter avec réalisme.
Avec des étudiants de l'université de Kaliningrad
En novembre 2021, j'ai écouté un autre Ukrainien, un professeur d'histoire. La guerre menaçait à nouveau. Il ne peut y avoir qu'une solution politique au conflit ukraino-russe, disait le professeur, et cela prendra des décennies. Le rapprochement franco-allemand constitue un précédent.
Cette déclaration est-elle valable après l'invasion russe de 2022 ? Tôt ou tard, il faudra négocier un cessez-le-feu, puis la paix. Deux peuples devront se reconnecter, comme l'ont fait les Français-e-s et les Allemand-e-s au cours de 70 ans d'engagement difficile.
Beaucoup des courageux Ukrainien-e-s que j'ai rencontrés à Caux sont engagé-e-s dans la défense de leur pays aujourd'hui. Ils et elles communiquent et demandent du soutien à travers le réseau I&C. Puissent-ils et elles un jour être en mesure de contribuer à la paix aussi courageusement qu'ils et elles défendent la liberté.
Écrit pour la première fois en novembre 2021, cet article a été révisé en août 2022.
(1) A Political Theory of Integration in European Identity, Catherine Guisan, Routledge, 2012, Chapter 2
(2) The Life of the Mind, vol 1, Hannah Arendt, Harcourt Brace, 1978, pp 215-216
(3) François Mitterrand in Jean Monnet, Éric Roussel, Fayard, 1996, p 914
Les participant-e-s de Pour relancer une Europe inachevée, 2014
Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits » qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.
Photo portrait, dans son bureau et à Kaliningrad: Catherine Guisan
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Tenu le 4 novembre 2021 dans le cadre de la Semaine de la paix de Genève 2021, il faisait suite à ceux du 21 juillet 2021 sur « Susciter des solutions politiques et communautaires pour la gouvernance de la terre en Afrique de l’Ouest et du centre : une voie vers la paix et la prospérité » (synthèse, vidéo), du 10 juillet 2020 sur « La terre et la sécurité en Afrique au Sud du Sahara » (synthèse, vidéo) et du 2 décembre 2020 sur « La gouvernance de la terre au Sahel » (synthèse, vidéo).
Le point de départ en était le suivant : la dégradation environnementale constitue une menace majeure pour la paix et la sécurité en Afrique subsaharienne, où plus de 80% de la population dépend de l'agriculture pluviale et du pastoralisme, et où la subsistance économique rurale a longtemps été inextricablement liée aux rites et cultures locales. La disponibilité de terres fertiles, d'eau et de pâturages est menacée par le changement climatique et l’exploitation des sous-sols, au moment où les modes de vie modernes et traditionnels ne cessent de se confronter. Le foncier, l'accès restreint à certaines aires protégées, les migrations, les conflits armés, l'extrémisme violent interagissent avec, pour conséquence, l’agrandissement d’espaces non gouvernés dans lesquels profitent de s’installer, dans beaucoup d’endroits, des groupes extrémistes.
Il est donc indispensable de mieux comprendre comment ces défis contribuent à la montée de la violence et de suivre et soutenir les initiatives qui contribuent à la prévenir régression. Tous les conflits, d’origine environnementale ou autre, peuvent faire l’objet de dialogues, car toutes les parties concernées dépendent en fin de compte d’un environnement naturel, social et politique apaisé, pour prospérer. La confiance et les objectifs partagés de gouvernance des ressources naturelles, qu'il s'agisse de communautés locales (toutes les composantes de la société), d'agents gouvernementaux ou de décideurs, sont donc indispensables pour faire face à un avenir incertain.
En guise d’introduction, Carol MOTTET, conseillère principale au DFAE suisse et responsable du programme « Prévention de l’extrémisme violent », posa le constat que trop souvent les autorités en charge de la sécurité et ceux qui traitent des multiples questions en lien avec la terre ne partagent pas les mêmes préoccupations, et plaida pour un soutien robuste aux chercheurs et aux acteurs qui ont une vision globale des enjeux de la violence, et qui travaillent à des solutions concrètes. Elle proposa que l’accent soit mis sur les alternatives aux logiques purement sécuritaires et sur le besoin d’une gouvernance partagée de ressources naturelles qui ne sont pas infinies.
Olivia Lazard
Dès l’ouverture du panel, la modératrice, Olivia LAZARD (France), chercheuse invitée à Carnegie Europe et directrice de Peace in Design Consulting Ltd, souligna le lien entre environnement et sécurité, entre chaînes de dégradation des terres et importance d’une gouvernance responsable et globale, entre urgence de travailler en amont sur tous les terrains et celle d’anticiper les changements climatiques. Elle rappela combien la marginalisation des populations dans les décisions qui les concernent était source de conflits, en particulier dans la restauration des terres quand les populations les plus concernées, très souvent les femmes, ne participent pas aux décisions. Pour accélérer les moteurs du changement, elle préconise de donner le pouvoir aux acteurs locaux, de tenir compte des nouvelles analyses écosystémiques (liens à faire entre régions qui se côtoient, comme le bassin du fleuve Congo et le Sahel), et de bien comprendre comment s’organise une gouvernance inclusive dans la régénération des sols.
Quels défis rencontrez-vous dans votre domaine de travail ?
Qu’est-ce qui aiderait à rendre le changement positif plus efficace, à la fois en termes de restauration de l’environnement et de prévention des conflits ?
Quelles réponses faites-vous, ou ceux que vous connaissez, pour relever ces défis ? Et à quel niveau ?
C’est Safouratou MOUSSA KANE (Niger), Secrétaire à la promotion de l'antenne du Niger du Réseau des organisations d’éleveurs et pasteurs, qui ouvrit les feux. Elle montra combien il était important de respecter l’équilibre entre élevage et agriculture sur les terres qui sont partagées et qui représentent des ressources vitales pour l’ensemble de la population. Une gouvernance ne tenant pas compte du partage des espaces et des ressources, des textes de lois non-appliqués, le manque d’information sur ces lois, mènent à des conflits qui peuvent dégénérer, comme on le voit actuellement dans de nombreuses zones du Sahel. Par ailleurs, elle permit de comprendre que la pratique de la régénération des terres dégradées permet d’unir agriculteurs et éleveurs dans une complémentarité que l’Etat ne soutient, hélas, pas toujours, souvent pour des raisons politiques. D’où l’intérêt de mobiliser les personnes concernées, dont les propriétaires de fermes, pour la gestion, en amont, de conflits potentiels. Elle donna l’exemple de la plantation des « acajous sénégalais » comme mobilisateur du vivre-ensemble. Autre préoccupation urgente : la discrimination que subissent les femmes dans l’accès aux terres et dans la pratique des héritages alors qu’elles sont les actrices principales de leur renouvellement. Il est important de laisser les femmes s’exprimer et de trouver des voies pour contourner la tradition qui, souvent, ne permet pas aux femmes de parler devant les hommes.
Le professeur Alexis KABORE, enseignant-chercheur au Département de sociologie de l’Université Pr. Joseph Ki-Zerbo (Burkina Faso), montra comment les terres forestières, qui comptent des milliers de km2 en région sub-saharienne, et dont une partie importante est protégée pour sa faune, créent une dynamique de violence par la gouvernance opaque qui les concernent. Le plus souvent chasse gardée de l‘Etat, elles sont interdites aux populations autochtones qui ne peuvent bénéficier de ses bienfaits (économiques tout autant que politiques, sociaux et spirituels) et qui sont devenues des zones exploitées par les extrémistes violents. M. Kaboré souhaite que l’ensemble des questions concernant les aires protégées soient repensées à l’aune des questions environnementales, climatiques et sécuritaires et de replacer les populations originelles au cœur de la décision et au cœur des terres auxquelles elles doivent accéder à nouveau.
Il revint enfin à Ibrahim YAHAYA IBRAHIM (Niger), analyste-consultant senior Sahel à International Crisis Group - ICG, Dakar et co-fondateur du Sahel Research Group de montrer que, si chaque conflit possède ses propres dynamiques, certaines constantes se retrouvent au Sahel : crises pastorales, sécheresses, compétition autour des ressources naturelles (mal gérées par les Etats) et, plus important encore, incapacité des autorités à proposer des réponses efficaces aux crises et à donner aux acteurs locaux, dont les femmes, la possibilité d’intervenir. Par ailleurs, les modes de règlement des conflits généralement utilisés ne correspondent plus aux besoins des personnes concernées, en particulier à ceux des femmes, des jeunes et des personnes migrantes. De plus, les différents systèmes fonciers, qui entrent en conflit de manière croissante, échappent à une régulation efficace de l’Etat : le droit positif et le droit coutumier s’affrontent à un point qui appelle une refonte urgente de la gestion du foncier et qui exige que les communautés directement concernées soient activement impliquées dans ce travail.
Travaux en groupes encadrés par quatre jeunes facilitateurs
Désiré TUYISHEMEZE, psychologue et membre des Artisans de Paix, Burundi
Marienne MAKOUDEM TENE, Coordinatrice nationale et membre du Comité international des Cercles de paix des femmes, Cameroun
Saidou KABRE, Burkina Faso
Stephane Junior DEWANG DIYO, Cameroun
La rencontre se poursuivi sous forme de travail en groupe articulé autour de quatre questions, qui donnèrent lieu à de vives discussions pour la cinquantaine de personnes issus des quatre coins du monde qui saisirent cette occasion de réfléchir à ce qu’elles-mêmes considéraient comme des priorités et ce qu’ils pouvaient amener :
Comment améliorer le rôle des femmes dans le processus de restauration et de gouvernance des terres ?
Comment optimiser la restauration des terres avec un accent sur les zones arides et semi-arides ?
Comment responsabiliser les acteurs locaux dans la gouvernance de la terre ?
Comment gérer les aires protégées pour les biens et la paix des communautés ?
L’implication collective des leaders communautaires, de la société civile, des comités de gestion existants ou à créer, des femmes et des jeunes, des « étrangers », des responsables de l’application des droits fonciers et de l’Etat central furent réclamés à grand cri.
C’est le manque d’engagement de chacun, là où il se trouve, qui est la principale cause du désarroi que vivent les populations du Sahel.
La gouvernance des terres sera juste, inclusive et ne produira pas de violence :
quand une vision commune réunira communautés locales, comités de gestion de la terre, structures régionales et nationales et bailleurs de fonds privés ou publics,
quand les décisions et les responsabilités seront prises au niveau adéquat et de manière inclusive,
quand l’information circulera de manière fluide (appel à plus de fora, de réunions d’échanges d’expériences, de webinaires)
quand les communautés directement concernées seront les principales bénéficiaires de leurs terres et
quand les femmes et les jeunes seront pleinement intégrés à ces décisions et qu’ils auront le choix de prendre des responsabilités.
De plus, il fut clairement affirmé qu’aucune paix ni prévention de la violence n’était dorénavant envisageable sans l’intégration des enjeux environnementaux et sans l’écoute des expertises locales dont les populations sont les meilleures dépositaires.
Ce qui donna aussi lieu à un double appel à l’inclusivité :
Toutes les personnes concernées par un conflit, jeunes, femmes, responsables communautaires et coutumiers, aux côtés des responsables publics, locaux ou centraux, doivent être intégrées aux dynamiques décisionnelles. C’est la seule chance de succès.
Et les personnes extérieures, « les étrangers », ont un rôle à jouer dans la prévention et la gestion des conflits, y compris dans les conflits éminemment locaux liés à la terre, car « nul n’est prophète chez soi ». Un urgent besoin de facilitation ou de méthodologie de la médiation, venant du pays ou de l’étranger, se fait sentir un peu partout.
Pour conclure, Alan CHANNER (UK), d’Initiatives & Changement Suisse, qui anime depuis une dizaine d’années le Dialogue de Caux sur l’Environnement et la Sécurité, souligna que ce webinaire était une étape dans un processus qui s’est fait ensemble avec tous ceux qui progressivement le rejoignent et qui se poursuivra. « A nous d’agir maintenant. Utilisons cette technologie numérique pour consolider nos liens et poursuivre le dialogue ».
Les organisateurs du webinaire rappelèrent aussi l’importance de la Genève Internationale comme centre de décision et le noyau d’une communauté de pratique qui travaille depuis plusieurs années sur ces enjeux d’environnement, de climat, de conflit et de paix(ECCP – Geneva Dialogue on Environment, climate, conflict, and peace).
L’inscription de cette thématique au programme de la Semaine de la Paix de Genève 2021 s’inscrit aussi dans cet effort, qui compte aussi l'élaboration d'un Livre blanc sur la consolidation de la paix environnementale et la 2ème Conférence internationale sur la consolidation environnementale de la paix, qui se tiendra à Genève en février 2022.
C’est donc l’ensemble de ces travaux, y compris les résultats du présent webinaire, qui contribueront ainsi à livrer un message fort et convaincant sur l'avenir du domaine au Forum Stockholm+50 en juin 2022.
* Toujours inclure l’aspect environnement dans la programmation pour la paix.
* Il est temps de sortir les communautés du rôle subalterne de « gestion des terres » pour leur donner le plein droit de participer à la « gouvernance partagée » de leurs terres et des enjeux conflictuels qui y sont liés.
* Le besoin de dialogue et de facilitation est fort pour aider à sortir des impasses et des violences dans lesquelles les erreurs de gouvernance des terres ont parfois conduit des régions entières ou des communautés.
* Il faut mettre en place des comités de gestion participatifs des forêts et des aires protégées et redonner aux populations d’origine leur accès, pour ne pas alimenter des frustrations qui peuvent dégénérer en dérives violentes.
* Il y a un besoin pour tous les acteurs impliqués, localement ou centralement, de bien prendre conscience de toutes les autres parties prenantes; de leurs intérêts, de leurs besoins. Chacun doit prendre conscience des besoins et intérêts de l’autre. Fondamentalement, il faut répondre à la question de « Comment restaurer le respect de chacun pour répondre à la voix de chacun » - il ne s’agit pas seulement de restaurer des terres, mais souvent la relation humaine et la gouvernance publique !
* La médiation (écouter, entendre et dialoguer) peut jouer un rôle important dans cette prise de conscience des intérêts et besoins de l’autre par chacun, bien cerner et identifier les différents acteurs ainsi que leurs intérêts et besoins.
* La promotion du dialogue communautaire ainsi que le partage des connaissances sur le régime foncier et pastoral sont à renforcer. Le partage des connaissances est plus qu’important étant donné que beaucoup de ces connaissances ne sont pas écrites.
* Valoriser les expériences de restauration des terres menées par les femmes, à travers lesquelles elles promeuvent en même temps le dialogue communautaire et le dialogue avec les jeunes en manque de perspectives, alliant ainsi effectivement les enjeux de la terre et de la paix.
* Renforcer les espaces d’échanges tels que ce webinaire, qui réunit des acteurs de terrain, des chercheurs et des responsables politiques, pour échanger régulièrement sur les résultats et les défis et mieux optimiser la gouvernance ainsi que la mise en œuvre des actions proposées.
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